Catégorie : Philosophie
- COMTE ET LA VIE
-
ALAIN
Texte : « Nos idées, par exemple de mathématiques, d'astronomie, de physique, sont vraies en deux sens. Elles sont vraies par le succès ; elles donnent puissancedans ce monde des apparences. Elles nous y font maîtres, soit dans l'art d'annoncer, soit dans l'art de modifier selon nos besoins ces redoutables ombresau milieu desquelles nous sommes jetés. Mais, si l'on a bien compris par quels chemins se fait le détour mathématique, il s'en faut de beaucoup que serapport à l'objet soit la règle suff...
-
Méditations métaphysiques, méditation VI, Garnier T. II, p. 492 - 493
Texte : Or il n'y a rien que cette nature m'enseigne plus expressément, ni plus sensiblement, sinon que j'ai un corps qui estmal disposé quand je sens de la douleur, qui a besoin de manger ou de boire, quand j'ai les sentiments de la faim oude la soif, etc. Et partant je ne dois aucunement douter qu'il n'y ait en cela quelque vérité. // La nature m'enseigne aussi par ces sentiments de douleur, de faim, de soif, etc., que je ne suis pas seulement logé dans mon corps, ainsiqu'un pilote en son nav...
-
ARENDT: Antiquité, travail et artisanat
INTRODUCTION : Thème : la statut de l'esclave chez les Grecs Thèse : contrairement à ce que les historiens modernes imaginent, le statut de l'esclave n'était nullement méprisé ou dévalorisé : il était au contraire prisé car indispensable aux hommes libres. Problème : comment se justifiait l'esclavage dans l'Antiquité ? Dans quelle mesure était-il ou non légitime ? Intérêt philosophique : le texte permet d'évacuer un certains nombre de préjugés vis-à-vis de l'esclavage dans l'antiquité, c...
-
[Condition naturelle et bonheur] ROUSSEAU
[Condition naturelle et bonheur] «C'est l'imagination qui étend pour nous la mesure des possibles, soit en bien, soiten mal, et qui, par conséquent, excite et nourrit les désirs par l'espoir de lessatisfaire. Mais l'objet qui paraissait d'abord sous la main fuit plus vite qu'on nepeut le poursuivre ; quand on croit l'atteindre, il se transforme et se montre loindevant nous. Ne voyant plus le pays déjà parcouru, nous le comptons pour rien ;celui qui reste à parcourir s'agrandit, s'étend s...
-
Alain: L'homme réel est né d'une femme
L'homme réel est né d'une femme. [...] Tout homme fut enveloppé d'abord dans le tissu humain, etaussitôt après dans les bras humains ; il n'a point d'expérience qui précède cette expérience de l'humain ;tel est son premier monde, non pas monde de choses, mais monde humain, monde de signes, d'où sa frêleexistence dépend. Ne demandez donc point comment un homme forme ses premières idées. Il les reçoitavec les signes ; et le premier éveil de sa pensée est certainement, sans aucun doute, pour com...
-
Sartre et le cubisme
On a coutume, depuis le cubisme, de déclarer que le tableau ne doit pasreprésenter ou imiter le réel, mais qu'il doit constituer par lui-même un objet.Cette doctrine, en tant que programme esthétique, est parfaitement défendableet nous lui devons de nombreux chefs-d'œuvre.Encore faut-il bien l'entendre. Si l'on veut dire que le tableau, tout dépourvu designification qu'il soit, se présente en lui-même comme un objet réel, on commetune grave erreur. Certes il ne renvoie plus à la Nature. L'o...
-
SARTRE et l'art
Il y a le vert, il y a le rouge, c'est tout ; ce sont des choses, elles existent par elles-mêmes. Il est vrai qu'on peut leur conférer par convention la valeur de signes. Ainsiparle-t-on du langage des fleurs. Mais si, après accord, les roses blanches signifientpour moi « fidélité », c'est que j'ai cessé de les voir comme roses : mon regard lestraverse pour viser au-delà d'elles cette vertu abstraite ; je les oublie, je ne prends pasgarde à leur foisonnement mousseux, à leur d...
-
-
SARTRE: Le coefficient d'adversité des choses
Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant en procédant à son étude ordonnée: Le coefficient d'adversité des choses, en particulier, ne saurait être un argument contre notre liberté, car c'est par nous,c'est-à-dire par la position préalable d'une fin que surgit ce coefficient d'adversité. Tel rocher qui manifeste une résistanceprofonde si je veux le déplacer, sera, au contraire, une aide précieuse si je veux l'escalader pour contempler le paysage. Enlui-même — s'il est même possible d'en...
-
PLATON, La République, VIII, 562b sq. 1 (commentaire)
Thème 3970 – Quel bien veux-tu dire ? – La liberté, répondis-je. En effet, dans une citédémocratique tu entendras dire que c'est le plus beau de tous les biens,ce pourquoi un homme né libre ne saura habiter ailleurs que dans cettecité [...]. Or [...] n'est-ce pas le désir insatiable de ce bien, etl'indifférence pour tout le reste, qui change ce gouvernement et le metdans l'obligation de recourir à la tyrannie ? [...] Lorsqu'une citédémocratique, altérée de liberté, trouve dans ses...
-
KANT ET GALILEE
"Lorsque Galilée fit rouler ses boules sur le plan incliné par un degré d'inclinaisonqu'il avait lui-même choisi, ou que Torricelli fit porter à l'air d'un poids qu'il savaitd'avance égal à une colonne d'eau de lui connue, [...] ils comprirent que la raisonn'aperçoit que ce qu'elle produit elle-même d'après son propre plan, qu'elle doitprendre les devants avec les principes qui commandent ses jugements selon deslois fixes et forcer la nature à répondre à ses questions, mais ne pas se laissermene...
-
KANT ET NEWTON
« Newton pouvait non seulement pour lui, mais pour tout autre, décrire clairement, etdéterminer pour ses successeurs, les démarches qu'il eut à faire depuis les premierséléments de la géométrie jusqu'à ses grandes et profondes découvertes ; mais aucunHomère, aucun Wieland ne pourrait montrer comment ses idées riches en poésie etpourtant lourdes de pensées surgissent et s'assemblent dans son cerveau, car lui-mêmene le sait pas et il ne peut donc l'enseigner à un autre. En matière...
-
KANT et les prescriptions de la raison
« L'homme doit de bonne heure être habitué à se soumettre auxprescriptions de la raison. Si en sa jeunesse on laisse l'homme n'en fairequ'à sa volonté et que rien ne lui est opposé, il conserve durant sa vieentière une certaine sauvagerie. Et il ne sert en rien à certains d'être enleur jeunesse protégés par une excessive tendresse maternelle, car plustard ils n'en rencontreront que plus de résistances et ils subiront deséchecs dès qu'ils s'engageront dans les affaires du monde. C'es...
-
KANT: Digne d'être heureux
Le Maître : Ce qui tend au bonheur, c'est le penchant ; ce qui restreint ce penchant à la condition d'être préalablement digne de cebonheur, c'est ta raison, et que tu puisses limiter et dominer ton penchant par ta raison, c'est là la liberté de ta volonté.Afin de savoir comment tu dois t'y prendre pour participer au bonheur et aussi pour ne pas t'en rendre indigne, c'est dans ta raisonseulement que tu trouveras la règle et l'initiation ; ce qui signifie qu'il ne t'est pas nécessaire de dégage...
-
Platon: La loi est faite pour les faibles et pour le grand nombre (Calliclès).
"La loi est faite pour les faibles et pour le grand nombre. C'est donc par rapport àeux-mêmes et en vue de leur intérêt personnel qu'ils font la loi et qu'ils décidentde l'éloge et du blâme. Pour effrayer les plus forts, les plus capables del'emporter sur eux, et pour les empêcher de l'emporter en effet, ils racontent quetoute supériorité est laide et injuste, et que l'injustice consiste essentiellement àvouloir s'élever au-dessus des autres : quant à eux, il leur suffit, j'imagine, d'êt...
-
Bergson: Quand l'enfant s'amuse a reconstituer une image en assemblant les pièces d'un jeu de patience
Quand l'enfant s'amuse à reconstituer une image en assemblant les pièces d'un jeu de patience, il y réussit deplus en plus vite à mesure qu'il s'exerce... c'est un processus vital, quelque chose comme la maturation d'une idée. [Introduction] Le temps est souvent perçu comme destructeur : c'est déjà ainsi que Platon le caractérisait. Dans cet extrait,Bergson souligne au contraire à quel point le temps est essentiel pour que se produise une invention. C'est quandil n'y a rien de nouveau que le tem...
-
-
Bergson: Les philosophes qui ont specule sur la signification de la vie et sur la destinee de l'homme
Les philosophes qui ont spéculé sur la signification de la vie et sur ladestinée de l'homme n'ont pas assez remarqué que la nature a pris lapeine de nous renseigner là-dessus elle-même. Elle nous avertit par unsigne précis que notre destination est atteinte. Ce signe est la joie. Jedis la joie, je ne dis pas le plaisir. Le plaisir n'est qu'un artifice imaginépar la nature pour obtenir de l'être vivant la conservation de la vie ; iln'indique pas la direction où la vie est lancée. Mais...
-
Aristote: Apprendre à se connaître est très difficile
"Apprendre à se connaître est très difficile [...] et un très grand plaisir en même temps (quel plaisir de se connaître !); mais nous ne pouvons pas nous contempler nous-mêmes à partir de nous-mêmes : ce qui le prouve, ce sont lesreproches que nous adressons à d'autres, sans nous rendre compte que nous commettons les mêmes erreurs,aveuglés que nous sommes, pour beaucoup d'entre nous, par l'indulgence et la passion qui nous empêchent de jugercorrectement. Par conséquent, à la façon dont n...
-
Alain et l'intelligence
« Il y a longtemps que je suis las d'entendre dire que l'un est intelligent etl'autre non. Je suis effrayé, comme de la pire sottise, de cette légèreté àjuger les esprits. Quel est l'homme, aussi médiocre qu'on le juge, qui ne serendra maître de la géométrie, s'il va par ordre et ne se rebute point? De lagéométrie aux plus hautes recherches et aux plus ardues, le passage est lemême que de l'imagination errante à la géométrie : les difficultés sont lesmêmes ; insurmontables pour l'impatient, null...
-
Alain: La liberté d'opinion ne peut être illimitée.
La liberté des opinions ne peut être sans limites. Je vois qu'on la revendique comme un droit tantôt pour une propagande,tantôt pour une autre. Or, on comprend pourtant bien qu'il n'y a pas de droit sans limites; cela n'est pas possible, à moins quel'on ne se place dans l'état de liberté et de guerre, où l'on peut bien dire que l'on se donne tous les droits, mais où, aussi, l'onne possède que ceux que l'on peut maintenir par sa propre force. Mais dès que l'on fait société avec d'autres, les dr...