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SARTRE: Le coefficient d'adversité des choses

Publié le 15/05/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : SARTRE: Le coefficient d'adversité des choses Ce document contient 1345 mots soit 3 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Philosophie.

« Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant en procédant à son étude ordonnée: Le coefficient d'adversité des choses, en particulier, ne saurait être un argument contre notre liberté, car c'est par nous,c'est-à-dire par la position préalable d'une fin que surgit ce coefficient d'adversité.

Tel rocher qui manifeste une résistanceprofonde si je veux le déplacer, sera, au contraire, une aide précieuse si je veux l'escalader pour contempler le paysage.

Enlui-même — s'il est même possible d'envisager ce qu'il peut être en lui-même — il est neutre, c'est-à-dire qu'il attendd'être éclairé par une fin pour se manifester comme adversaire ou comme auxiliaire.

(..) Sans les pics et les piolets, lessentiers déjà tracés, la technique de l'ascension, le rocher ne serait ni facile ni malaisé à gravir; la question ne se poseraitpas, il ne soutiendrait aucun rapport d'aucune sorte avec la technique de l'alpinisme.

Ainsi, bien que les choses brutes (...)puissent dès l'origine limiter notre liberté d'action, c'est notre liberté elle-même qui doit préalablement constituer le cadre,la technique et les fins par rapport auxquels elles se manifesteront comme des limites.

Si le rocher, même, se révèlecomme «trop difficile à gravir», et si nous devons renoncer à l'ascension, notons qu'il ne s'est révélé tel que pour avoir étéoriginellement saisi comme « gravissable» ; c'est donc notre liberté qui constitue les limites qu'elle rencontrera par lasuite.

J-P.

SARTRE Un argument fréquemment utilisé pour mettre en doute les pouvoirs de la liberté consiste à souligner qu'elle ne sauraitpasser par-delà les obstacles que les choses concrètes offrent à notre action.

Pour Sartre, cet argument apparaîtirrecevable, dans la mesure où cette adversité du monde n'appartient pas aux choses elles-mêmes, mais se trouve définie par le projet humain.En elle-même, la chose n'a pas de sens.

Il n'y a de sens que grâce à une conscience qui le produit et le monde brut, privé de conscience, ne signifierien.

Ainsi le rocher peut-il manifester des significations opposées, mais elles ne lui «appartiennent» pas: elles sont déterminées par le projet decelui qui lui fait face.

Il résiste à mon intention si je prétends le déplacer, mais il se transforme en «aide précieuse» dès que je l'escalade pourcontempler le paysage.

Indépendamment de ces deux projets (ou d'autres possibles), «il est neutre», degré zéro de la signification, en attente dusens que je lui fournirai.Mais ce sens (obstacle ou aide) est relatif à la fin que je prétends obtenir, c'est-à-dire à l'action que j'envisage par rapport au monde.

C 'est doncbien parce que je veux faire quelque chose que les choses entrent dans le champ de significations que produit mon projet dès que je le formule. Le projet actualise la liberté : l'intention qu'il établit relativement aux choses implique• l'anticipation du résultat;• la mise en oeuvre de moyens visant la fin à atteindre.Ainsi, la volonté de gravir un rocher rassemble des « moyens » (pics et piolets, sentiers déjà tracés, technique de l'ascension) qui constituent lecadre ou l'horizon dans lequel le rocher se révèle comme possible à gravir ou non.

Et c'est bien le recensement de ces moyens qui confère à lamasse rocheuse son allure particulière relativement à la pratique que j'envisage.Si ces moyens sont absents, le rocher «ne soutient aucun rapport d'aucune sorte avec la technique de l'alpinisme», il ne se révèle ni facile niimpossible à gravir : « la question ne se pose pas ».

P ar exemple, l'ignorance de la technique de l'ascension m'interdit d'élaborer le projet de legravir: il reste alors disponible dans sa présence brute, pour d'autres significations.

Je peux ainsi le considérer d'une autre façon, c'est-à-dire luidonner un autre sens — par un regard privilégiant son aspect, sa masse, le jeu des ombres à sa surface, me voici proche d'une rêverie esthétisante:le rocher devient «beau» ou me rappelle tel fragment d'une toile de C .D.

Friedrich.

En tout cas, il ne peut plus apparaître comme un obstacle à maliberté. Il n'existe en effet d'obstacle éventuel que relativement à ce que ma liberté entend faire de ou avec le monde.

C 'est ainsi mon intention — émanantelle-même de l'être que j'entends devenir — qui produit simultanément les moyens de sa réalisation et les difficultés qui peuvent survenir en coursde réalisation.

En l'absence des fins qui lui donnent son sens d'obstacle, l'objet ne peut manifester de sens.On en vient ainsi à considérer que c'est bien «notre liberté qui constitue les limites qu'elle rencontrera par la suite », puisque c'est elle quidétermine la situation et le sens qu'y auront les choses.Cela, au lieu de limiter la liberté, lui confère une puissance encore plus grande: elle est simultanément responsable de ce que je fais et de ce qui,éventuellement, s'oppose à mon faire.

Ainsi ce texte est-il parfaitement compatible, même s'il paraît d'abord quelque peu paradoxal, avec lescélèbres affirmations de Sartre sur le caractère absolu de la liberté humaine.

L'homme naît libre (sans essence), mais libre au point qu'il lui revientde faire surgir, par son inscription dans le réel, tous les sens que ce dernier pourra emprunter.S'appuyer sur les difficultés que rencontre l'action pour contester l'ampleur de la liberté humaine est donc un contresens: notre liberté est aucontraire présente à tel point que c'est elle seule qui met en place les difficultés en question.S'il est vrai que c'est en raison de mon projet que l'obstacle trouve sa valeur, il n'empêche qu'il peut se révéler insurmontable.

La liberté ici évoquéepar Sartre ne s'accomplit pas nécessairement dans une réussite pratique: elle est, à l'arrière-plan de toute action, le fondement intellectuel à partirduquel le monde accède au sens grâce aux situations que j'y définis. SARTRE (Jean-Paul). Né et mort à P aris, en 1905 et 1980. Il fait ses études au lycée Henry IV .

Elève de l'Ecole Normale supérieure de 1924 à 1928, il fut reçu premier à l'agrégation de philosophie, en 1929.

De1931 à 1944, il fut professeur de lycée.

Il demanda et obtint un congé en 1945.

- La pensée de Sartre est influencée par Hegel, Husserl et Heidegger.

Sespremières recherches philosophiques ont porté sur l'imaginaire et l'imagination, qui consiste à se rendre présent un objet tenu pour absent.

« L'acted'imagination est un acte magique : c'est une incantation destinée à faire apparaître la chose qu'on désire.» — La liberté se traduit par le retrait, c'est-à-direla capacité de voir, dans ce qui est, ce qui n'est pas.

La conscience, qui est liberté et intentionnalité, est néantisation.

« La néantisation est l'acte par lequella conscience se libère de l'en-soi en le pensant...

Le pour-soi surgit comme néantisation de l'en-soi.

» Sartre définit ainsi l'en- soi : « Il faut opposer cetteformule : l'être en soi est ce qu'il est, à celle qui désigne l'être de la conscience (le pour-soi) : celle-ci en effet a à être ce qu'elle est...

L'être en-soi n'a pasde dedans qui s'opposerait à un dehors...

L'en-soi n'a pas de secret : il est massif.» L'en-soi désigne souvent, pour Sartre, la réalité matérielle.

Sa définitiondu pour-soi : « Le pour-soi, c'est l'en-soi se perdant comme en-soi, pour se fonder comme conscience.

» — Le pour-soi est une manière pour l'en-soi d'êtresur le mode du non-être.

L'existence de la conscience porte témoignage de l'existence des choses.

La conscience est fascinée par ce qu'elle connaît :« sonêtre est de n'être pas ce à quoi elle est présente.

» — « Le pour-soi est pour autrui.

» Sartre analyse l'autre et en rend compte par le trouble et la résistancequ'il provoque en nous.

Il définit : « A utrui, c'est l'autre, c'est-à-dire le moi qui n'est pas moi.

» La découverte de l'autre est un conflit, où les deux partiesse posent toujours, l'une comme sujet, l'autre comme objet.

Il n'y a jamais deux sujets face à face.

« L'enfer, c'est les autres.

» — Son analyse du projetconduit Sartre à poser comme termes synonymes : être et faire.

P our lui, l'existence précède l'essence.

— Telle est, succinctement et terminologiquementexposée, une doctrine qui est encore en plein accomplissement.. »

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