Sartre et le cubisme
Publié le 15/05/2020
Extrait du document
«
On a coutume, depuis le cubisme, de déclarer que le tableau ne doit pasreprésenter ou imiter le réel, mais qu'il doit constituer par lui-même un objet.Cette doctrine, en tant que programme esthétique, est parfaitement défendableet nous lui devons de nombreux chefs-d'œuvre.Encore faut-il bien l'entendre.
Si l'on veut dire que le tableau, tout dépourvu designification qu'il soit, se présente en lui-même comme un objet réel, on commetune grave erreur.
Certes il ne renvoie plus à la Nature.
L'objet réel ne fonctionneplus comme analogon d'un bouquet de fleurs ou d'une clairière.
Mais quand je le« contemple » je ne suis pas, pour autant, dans l'attitude réalisante.
Ce tableaufonctionne encore comme analogon.
Simplement ce qui se manifeste à traverslui c'est un ensemble irréel de choses neuves, d'objets que je n'ai jamais vus nine verrai jamais mais qui n'en sont pas moins des objets irréels, des objets quin'existent point dans le tableau, ni nulle part dans le monde, mais qui semanifestent à travers la toile et qui se sont emparés d'elle par une espèce depossession.
Et c'est l'ensemble de ces objets irréels que je qualifierai de beau.
Jean-Paul SARTRE, L'Imaginaire (1940), Gallimard, coll.
« Idées », 1975, p.
365-366.
Corrigé envoyé par: Laure Lauriston Classe: TS3 Année: 2004-2005 Corrigé demandé en échange: Quelle conception de l'homme l'hypothèse de l'inconscient remet-elle en cause ?
Comprendre la démarche
Sartre réfléchit ici à la nature et au sens d'un certain type d'objet : lequel ?
Cherchez dans une encyclopédie ou une histoire de l'art des informations sur le cubisme et quelques reproductionsde tableaux de ce courant.
Quel adjectif qualifie exactement ces oeuvres: « réalistes », « figuratives », « abstraites» ? En quoi ces oeuvres fournissent-elles à Sartre une bonne occasion de poser le problème qui est le sien ici ?
Analysez la quatrième phrase du texte (l.
5-7) : comment faut-il comprendre ici le mot «signification» et pourquoiest-ce, d'après Sartre, une «grave erreur» de considérer le tableau cubiste comme un «objet réel» ?
Exposez le paradoxe de irréels» (l.
13).
Pour Sartre, on ne peut plus prendre le tableau cubiste comme l'équivalent, l'analogon, de son motif.
Pourtant, en lecontemplant, le spectateur le fait encore fonctionner comme analogon : mais de quoi, cette fois ?
identifier les enjeux philosophiques
On considère certaines œuvres d'art, en peinture ou en littérature, comme réalistes.
On dit aussi que l'artiste réaliseses œuvres.
La notion de réalité a-t-elle la même signification dans ces deux cas ?
Si, comme le propose Sartre, on rompt avec les conceptions classiques, que devient le rôle de l'artiste ? Dans cetteperspective, comment comprenez-vous la référence à «une espèce de possession» (l.
15)?
Qu'est-ce que ('«attitude réalisante» (l.
9-10) du spectateur ?
Expliquez ce qu'est cet ensemble de «choses neuves» que personne ne voit véritablement.
Pourquoi le jugerons-nous « beau » (1.16) ?
Confrontez la conception de la sensibilité esthétique défendue par Sartre avec celle d'autres philosophes.
Introduction :
Le texte de l' Imaginaire de Sartre peut se comprendre comme une vaste analyse de l'image ou plus exactement de l'imagination.
L'imagination est présentée comme une fonction irréalisante de la conscience.
Dès lorsle cœur de notre texte est justement de montrer que la contemplation de l'esthétique, donc dans le domaineesthétique, ne doit pas conduire à voir la conscience comme réalisante, c'est-à-dire produisant réellement l'objet.
»
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