JUSTE - JUSTICE
JUSTE, adj. et n.m. (lat. justus « légitime », « conforme au droit », mais aussi « équitable », « doux », « bon »). ♦ 1° Adjectif, a) Ce qui est conforme à la loi, ou au droit (juste salaire, juste prix). b) Ce qui est conforme à une norme non écrite que l'on connaît par l’intelligence et la conscience ; conforme à la vérité, à l’équité (parole juste, mesure juste). Ce que même l’expérience sensible nous permet d'apprécier (voix juste), c) Qualité d’une personne qui s’efforce de respecter les lois et les normes, ou, à un niveau plus profond, vertu de la personne qui cherche dans ses actes à pratiquer la justice. ♦ 2° Substantif, a) Le juste est un sage qui, en toutes circonstances, vit selon sa raison et sa conscience, dont la personnalité tout entière est imprégnée de la vertu de justice au sens large où la justice est la vertu par excellence, b) Dans la tradition judéo-chrétienne, le juste est l’homme qui non seulement observe rigoureusement la loi de Dieu, mais vit en amitié avec Dieu, s’efforce d’être saint.
JUSTICE, n.f. (lat. justifia « justice », « équité », « exactitude de la mesure »). ♦ 1° Concept moral abstrait très fortement présent dans toute conscience : il désigne le caractère des lois et des conduites qui respectent rigoureusement le droit de chacun, qui rendraient « à chacun son dû ». ♦ 2° Vertu de l’homme qui s'efforce de penser selon la vérité, avec une loyauté parfaite, et d’agir, non seulement conformément aux lois et au droit, mais à une exigence intérieure qui rend sensible et clairvoyant à l’égard de chacun et de l’ordre des choses. — Pour les Grecs, la justice dépassait de beaucoup le respect du droit. C’était la disposition fondamentale de l’âme vertueuse. L’homme juste était celui qui ne se laissait pas entraîner par les passions, que la raison gouvernait, qui se conduisait avec mesure. Parmi les dialogues de Platon, le Gorgias et la République sont particulièrement consacrés à établir, contre les sophistes, que la pratique de la justice, conçue comme une vertu totale, procure le bonheur. Aristote, qui l'entendait aussi en un sens large, la considérait comme une vertu très belle et très importante, parce qu’elle règle les rapports avec autrui (Ethique à Nicomaque). ♦ 3° Dans le vocabulaire religieux, état de celui qui est agréable à Dieu. — En théologie, état de grâce. ♦ 4° Institution, essentielle dans un État, qui a pour objet d’assurer le respect du droit écrit, de régler les conflits juridiques entre les citoyens, de sanctionner les délits et les crimes. ♦ 5° Au sein de l’État, la justice est aussi un concept régulateur qui, en théorie au moins, inspire les lois, suscite la reconnaissance de droits, guide la répartition des échanges et des charges. On distingue, de ce point de vue, la justice commutative qui préside aux échanges et dont le principe est l’égalité, et la justice distributive qui répartit d’une façon proportionnelle les biens et les charges.
JUSTICE
La notion de justice désigne, d’une part, le principe moral qui exige le respect de la norme du droit et, d’autre part, la vertu qui consiste à respecter les droits d’autrui.
♦ En tant que règle qui régit les rapports mutuels des citoyens dans la cité, elle préside, sous forme de justice distributive, à la répartition des charges et des dignités, ou, sous forme de justice commutative, aux échanges économiques notamment, selon le principe de l’égalité. Or l’équité impliquée par la notion de justice exige de celle-ci qu’elle consiste à traiter de la même façon des êtres qui, par-delà leurs différences accidentelles, puissent être considérés comme essentiellement semblables. Rousseau observe que la justice ainsi conçue ne peut être atteinte que dans l’égalité civile lorsque chacun commence par renoncer à ses droits naturels pour accéder à un véritable statut politique.
♦ Comme pouvoir de faire régner le droit, la justice est, par essence, indépendante. C’est pourquoi l’Esprit des lois de Montesquieu distingue le pouvoir judiciaire des pouvoirs exécutif et législatif.
JUSTE
1. Conforme à un droit (les lois déterminent le juste et l'injuste dans une société). Comme on peut opposer le droit établi (légal) et le droit souhaité (idéal) — voir le mot droit — on pourra être amené à contester que ce qui est juste selon la loi soit moralement juste, on dira alors que la loi est injuste. - Le nom correspondant à ce sens est justice.
2. Conforme à la vérité (trouver le résultat juste). Synonyme de exact. - Le nom correspondant à ce sens n’est pas justice mais justesse.
3. Comme nom, un juste est une personne qui respecte et suit la morale (Albert Camus intitule une de ses pièces Les Justes).
JUSTICE
1. Pouvoir judiciaire = organismes d’État appliquant le droit (la justice française prévoit en ce cas...).
2. Norme idéale qui définit le droit (agir selon la justice ; demander justice).
Là encore — voir droit, voir juste — on peut entendre par justice la norme instituée socialement (légalité) ou invoquer une justice supérieure idéale (équité).
3. Qualité ou vertu qui consiste à respecter et à suivre la morale (dans la Grèce antique la plus haute vertu était la justice, parce qu'elle réalisait le bien de l'âme).
Justice
Du latin justifia, « conformité avec le droit », « esprit d'équité ».
- Juste reconnaissance du mérite et des droits de chacun.
- Caractère de ce qui est conforme au droit positif (légalité) ou au droit naturel (légitimité).
- Le pouvoir judiciaire, c’est-à-dire l’ensemble des institutions chargées d’appliquer les lois et de faire respecter le droit positif. • Considérée, dans ('Antiquité, comme la première des vertus cardinales, la justice exige qu'on attribue à chacun ce qui lui est dû. • Platon conçoit la justice comme harmonie : harmonie entre les trois classes sociales (philosophes, gardiens, travailleurs) au niveau de la Cité ; harmonie entre les trois parties de l'âme (appétit, cœur, raison) au niveau de l’individu. • Aristote distingue la justice distributive, qui s'occupe de répartir équitablement les biens et les honneurs dans la Cité, et la justice corrective, qui s'emploie à compenser par des châtiments adaptés les avantages obtenus de façon illicite. • Pour Rousseau, la justice, en tant que système de législation, doit avant tout servir au maintien de la liberté et de l’égalité.
- JUSTE (adj.) 1. — Conforme au droit, à l’équité. 2. — Qui pratique la justice, qui accomplit exactement tout ce qu’il doit faire. 3. — Conforme à la réalité, à la vérité, aux règles de la raison ; Syn. exact, vrai ; les empiristes (Locke, Condillac) réservent le qualificatif justes aux idées, en tant qu’elles sont correctement formées à partir de la réalité, et le qualificatif vraies aux propositions, en tant qu’elles unissent des idées qui conviennent entre elles. 4. — Qui manifeste un jugement (sens 4) sûr : esprit juste. 5. —Justesse : qualité de ce qui est juste aux sens 3 et 4. 6. — Justice : a) Ensemble des organes d’État destinés à appliquer le droit, b) Principe moral qui exige le respect du droit, ou norme idéale qui définit le droit, c) Vertu (ou devoir) consistant à respecter les droits d’autrui : « La justice est la charité du sage » (Leibniz), d) Justice corrective, directive, distributive : Aristote distingue la justice distributive (tô dianemêti-kon dikaion) qui concerne la répartition des biens et des honneurs dans la cité selon les mérites de chacun, c.-à-d. reposant sur l’inégalité (proposition dite géométrique), et une autre forme de justice (tô en tois sunallagmasi diorthôtixôn) ; cette justice qui a lieu dans les sunàllagma (latin commutatio), c.-à-d. dans les actes juridiques volontaires (contrats) ou dans les rapports juridiques involontaires pour l’une des parties (vol), repose sur l’égalité des personnes (proposition dite arithmétique) ; Aristote nomme cette justice directive (on traduit aussi corrective) ; Saint Thomas, dans son commentaire, la nomme commutative ; par ext., on entend souv., par justice commutative, celle qui consiste dans l’égalité des choses échangées, dans la réciprocité des stipulations contractuelles. 7. — Justifier : a) (Sens étym.) Activité gracieuse par laquelle Dieu rend un homme juste : « La justification : c’est la grâce qui, nous remettant nos péchés, nous rend en même temps agréables à Dieu » (Bossuet), b) Montrer qu’une chose, un acte, une affirmation sont justes, fondés sur une raison ou un motif valable.
Juste
Du latin justus, « conforme au droit », « équitable » (de jus, « droit »). - Adjectif : qui est conforme au droit, à Injustice, à l’équité (exemple : une décision juste). - Qui est conforme à la réalité, à la vérité (exemple : l’heure juste). - Nom (un juste) : celui qui obéit à la loi morale, qui fait ce qu’il doit faire. - Dans le vocabulaire religieux, celui qui se rend digne de l’approbation divine. • Pour Aristote, l'homme juste est celui qui observe la loi et qui respecte l’égalité (il ne prend pas plus que ce qui lui est dû). • Est juste, précise Kant, « toute action qui peut ou dont la maxime peut laisser coexister la liberté de l'arbitre de chacun avec la liberté de tout le monde d'après une loi universelle ».
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