La comédie et la tragédie au XVIIIe siècle

« Pendant la première moitié du siècle, la tragédie et la comédie demeurent des genres à la mode; mais les oeuvresreprésentées n'ont pas grand éclat.

Seul, Marivaux s'impose par l'originalité et par la qualité de son talent. A La tragédie De nombreux théoriciens s'emploient à rajeunir le genre tragique.

Ainsi La Motte demande plusde mouvement et combat l'abus des règles; l'abbé Trublet réclame une tragédie en prose.

Lesoeuvres, cependant, sont médiocres. Crébillon (1674-1762).

Crébillon s'est fait un nom en circonscrivant un domaine original d'inspiration : « Corneille a pris le ciel, Racine la terre; il me reste l'enfer.

» Dans ses pièces les plus célèbres, Atrée et Thyeste (1707), Rhadamiste et Zénobie (1711), il cherche avant tout à créer une impression de terreur.

Pour y parvenir, il met sous les yeux des spectateurs desscènes atroces : Atrée, après avoir fait égorger le fils de Thyeste, remplit du sang de savictime la coupe où les deux frères doivent boire pour sceller leur amitié.

Ainsi, Crébillonsubstitue des effets brutaux à l'étude nuancée de caractères qui faisait la profondeur de latragédie racinienne.

En outre, s'il a quelques tirades bien venues, sa langue est en généralemphatique et maladroite, sa versification pauvre.

A partir de 1718, Voltaire, dramaturge aussihabile et meilleur écrivain, est pour lui un rival redoutable. B La comédie La plupart des auteurs comiques imitent encore Molière; mais ils sont loin d'atteindre à la mêmeprofondeur et à la même puissance. Destouches (1680-1754).

Destouches écrivit d'abord des comédies de caractères, comme L'Irrésolu; puis, sous l'influence anglaise, des comédies sentimentales (Le Philosophe marié).

Sa pièce la plus réussie est Le Glorieux (1732) : il y peint un original plein de vanité, le comte de Tufière, qui finalement s'humilie par amour.

Destouches est bon observateur et bon écrivain;mais il manque un peu de verve et de gaieté. Piron (1689-1773).

Piron composa de nombreuses pièces pour le Théâtre de la Foire.

Il cultiva les genres les plus divers, passant de l'opéra-comique à la tragédie et de la comédie bouffonneà la pastorale.

Il survit par une comédie en cinq actes et en vers, La Métromanie (1738), où se trouve plaisamment figurée l'aventure d'un vieillard possédé par la furie de composer despoésies galantes. Gresset (1709-1777).

Gresset, poète, lui aussi, donna au théâtre une comédie assez âpre, Le Méchant (1747), où se trouve campé avec justesse un inquiétant personnage de petit-maître. La pièce fournit un bon document sur les moeurs d'une époque immorale et frivole; elle estécrite dans une langue alerte et habilement versifiée.. »