Une oeuvre d'art nous invite-t-elleà nous évader du monde ou à mieuxle regarder?

« Introduction Une œuvre d'art nous invite-t-elle à nous évader du monde ou à mieux le regarder? Notre rapport aux œuvres d'art s'effectue fréquemment dans des lieux ou des moments privilégiés (le musée, la salle de spectacle, la bibliothèque) qui paraissent préservés des tracas quotidiens.

Cela signifie-t-il que, par sa nature même, l'œuvre d'art constitue une invitation à nous évader du monde et de sa vérité pas toujours réjouissante? Ne convient-il pas, plus sérieusement, de concevoir tout autrement ses rapports avec le monde, par exemple sur le modèle de ce qui en constituerait une révélation, parce que cela nous permettrait de le regarder mieux, ou autrement? 1.

L'art évasion - L'œuvre d'art reste souvent considérée comme un accessoire, un superflu dénué de sérieux et d'importance.

Dès lors sa fréquentation est interprétée comme une compensation nous permettant de fuir les aspects les plus insupportables du réel: • la lecture permet d'échapper au souci (c'est l'avis de Montesquieu), elle fait rêver, elle entraîne ailleurs; • la musique émeut ou permet une dépense physique qui rompt la monotonie du quotidien; • la peinture comme simple décor «enjolivant>> (le joli n'est pas Je beau); • le théâtre de digestion; • Je cinéma de distraction ...

(Ne pas développer trop longuement ces exemples: n'en préciser qu'un ou deux.) - La société contemporaine (précisément qualifiée de société du spectacle par les situationnistes) encourage fortement ce type de consommation artistique passive (musique d'ambiance dans les ascenseurs et supermarchés, variétés de grandes consommation, best-sellers privilégiés sur la littérature de recherche).. »