Pourquoi l'enfant doit-il apprendre a travailler ? (Traité de pédagogie de Kant)

« La place de l’enfant dans la société est questionnée depuis le moyen âge.

L’évolution de celle -ci dépend de plusieurs facteurs historiques.

En effet, avant les avancées médicales, le taux de mortalité infantile était élevé et les femmes avaient beaucoup d’enfants dont nombre ne survivait pas.

Ce ux qui y parvenaient devaient alors travailler pour aider à nourrir le foyer, si bien que l’enfant était davantage considéré comme un adulte miniature que comme un être en cours de développement et de construction. Avec la transition démographique, les pa rents ont moins d’enfants.

Ainsi le lien affectif se renforce, si bien que naît le besoin d’offrir à leur progéniture un avenir meilleur, y compris une éducation permettant d’aspirer à un bon travail.

Ainsi, la formation de l’enfant semble avoir pour but, quelles que soient les époques, d'en faire un travailleur.

Kant affirme ainsi dans son Traité de pédagogie qu’ “il est de la plus grande importance d’apprendre aux enfants à travailler.” Pourquoi cela ? Pour quelles raisons et dans quels objectifs apprendr e aux enfants à travailler? Nous verrons que c’est un moyen pour l’enfant d’arriver à l'émancipation, puis que cela lui permet de devenir lui -même, et enfin que c’est surtout un moyen d’échapper à sa condition d’Homme. Premièrement, si travailler semble asservir l’enfant, apprendre à travailler est une porte ouverte à l'émancipation pour l’enfant.

En effet, le fait d’habituer un enfant au travail, comme le propose Kant dans son « Traité de pédagogie », permet d’assurer un avenir stable économiquement à ce lui -ci.

L’essentiel est d’apprendre aux enfants à travailler; il est ici question d’apprentissage avant tout.

Cette vision s’inscrit en droite ligne des Lumières pour lesquelles l’apprentissage et l’accès au savoir permettent l’émancipation.

Aussi, permet tre aux enfants d’apprendre c’est leur permettre de s'émanciper et d’échapper à leurs condition sociale.

En effet au XIX eme siècle, plusieurs auteurs mettent en avant le rôle de l’apprentissage dans la libération physique et spirituelle des enfants nés da ns un milieu qui ne leur convient pas.

C’est le cas de Stendhal dans le “Rouge et le Noir”.

Il présente l’histoire de Julien Sorel qui est en dissonance avec son milieu.

Pour sa famille et surtout son père l’apprentissage est obsolète, si bien que pour le jeune Julien qui chérit les livres, le peu de savoir auquel il aura accès lui ouvrira les portes du monde.

S’inspirant de Napoléon Bonaparte, qui a réussi sans l’aide de personne, Julien va alors s'émanciper en suivant l’exemple de son héro.

Ainsi, l'appre ntissage permet d’amener l’indépendance de l’enfant qui peut alors se libérer de son milieu social, et devenir soi. Deuxièmement, l’apprentissage chez l’enfant le mène à se trouver lui -même et à se forger une identité.

L’enfant peut échapper à son milieu grâce à l'apprentissage.

N’ayant plus à porter le poids de sa classe sociale et des codes qu’elle lui impose, l’enfant pourra d’autant plus se trouver lui -même.

C’est cette démarche qui est mise en œuvre par Jules Ferry, homme d'État français, qui a mis e n place l’école républicaine.

S’inspirant des idées des Lumières , il rend l'éducation obligatoire le 28 mars 1882, sous le principe de laïcité et d’égalité (sauf en ce qui concerne l’égalité des genres).

L’école est ainsi devenue le creuset de la socialis ation des enfants et de l’apprentissage de la contrainte.

Kant affirme ainsi que “l'école est une culture par contrainte”.

Elle sépare, selon lui, jeux et travail et “accoutume l’enfant à travailler”.

Kant revendique que l’apprentissage du travail chez l’e nfant est nécessaire pour lui faire oublier de se sentir soi -même.

Il apparaît à l’inverse qu’apprendre à travailler permet à l’enfant de se trouver lui -même.

De manière imprévue, par opposition avec l’institution, l ’Enfant de Jules Vallès déclare « je veu x être ouvrier » pour s’affirmer en tant qu'homme et se libérer du. »