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philo: conscience et société

Publié le 10/06/2024

Extrait du document

« Précision : c'est un sujet très ouvert (contrairement à d'autres), qui ne renvoie pas directement à un problème philosophique.

Il s'agit donc de définir et de problématiser d’une manière à en faire un problème intéressant à résoudre.

Il ne faut pas non plus trop restreindre le problème, au risque de ne pas avoir assez de choses à dire. (Accroche) Dans le film Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence de Roy Andersson, les personnages apparaissent comme enfermés en eux-mêmes, dénués d'empathie, dépourvus de rapports authentiques les uns avec les autres, incapables de se comprendre et de communiquer.

Cela nous amène alors à nous poser la question suivante : Autrui est-il étranger à moi-même ? (Précision : l’accroche est facultative, n’hésitez pas à commencer directement la dissertation par la définition des termes ou par la problématisation). (Définition des termes) Le terme d'« autrui » renvoie à un être conscient autre que moi, tandis que l'expression « moi-même » renvoie au rapport que j'entretiens avec moi.

L'étrangeté peut renvoyer au fait d'être inconnu ou exclut d'un certain rapport.

(Précision : la définition des termes peut se faire aussi en même temps que la problématisation, car une définition peut rendre évidente une thèse mais une autre définition une autre thèse.

En général, on commence par une définition large et provisoire des termes dans l’introduction, puis après l’introduction on précisera et redéfinira pour répondre et argumenter dans chaque partie) (Problématisation) A première vue, il semble évident qu'autrui n'est pas étranger à moi-même car nous sommes des êtres sociaux, pris dans des relations parfois intimes qui rendent par la même possible la connaissance réciproque.

Cependant, autrui peut-il vraiment, de l'extérieur, avoir accès à mon intériorité ? Chacun n’est-il pas condamné à une forme de solitude existentielle, en partie souhaitée et entretenue la conservation d’un « jardin secret », et en partie subie, lorsqu’elle se manifeste par un sentiment incompréhension ? (Problématique sous forme d’alternative) Le problème est donc le suivant : les relations sociales peuvent-elles constituer de véritables échanges intersubjectifs ou alors toute société n'est-elle qu'une somme de consciences individuelles repliées sur elles-mêmes ? (Précision : si vous avez peur de partir en hors sujet, problématisez avec une alternative qui reprend les termes du sujet pour ne pas vous en éloigner, comme dans l’introduction du chapitre 1). (Annonce du plan) D’abord, nous verrons qu’autrui est exclu du rapport introspectif que j’entretiens avec moi.

Ensuite, nous mettrons en évidence les limites de l’introspection et le rôle d’autrui dans la connaissance que j’ai de moi.

Dans un troisième moment, nous envisagerons la place d’autrui dans le développement d’une représentation de moi, dans le contenu de cette représentation de moi et dans la construction de moi.

Dans un quatrième moment, nous pointerons le risque qu’autrui me rende étranger à moi-même.

Enfin, nous envisagerons les apports positifs de cette étrangeté à moi-même. 1.

Autrui est étranger à moi-même car il est exclu du rapport introspectif solitaire à moi-même 1.1 L’accès direct à mes états mentaux par introspection est privé Ce que je suis renvoie avant tout à ce qui se passe dans ma conscience, à ma vie intérieure constituée d’états mentaux tels que les croyances, représentations imaginaires, souvenirs, émotions, sensations et désirs.

Le rapport à moi-même est rendu possible par la conscience réflexive, la capacité à avoir conscience de ses propres états mentaux et à les observer directement par introspection.

Par exemple, je peux percevoir un arbre et avoir conscience que je le perçois (j’ai alors conscience de ma conscience).

Or, le rapport introspectif à moi-même est solitaire : les états mentaux sont privés, inaccessibles aux autres et à l’étude scientifique.

Par exemple, autrui peut observer de l’extérieur mon comportement de fuite et mon expression faciale, ou un scientifique pourrait examiner les images cérébrales montrant des zones actives de mon cerveau, mais ils ne pourraient pas observer mon émotion de peur, le motif qui me motive à agir et fait de mon acte une action, ou ma douleur.

Autrui est donc étranger à moi-même car il n’a pas d’accès direct à mes états mentaux par introspection. 1.2 L’accès indirect à mes états mentaux par empathie est possible mais limité Autrui pourrait avoir accès à mes états mentaux de manière indirecte par empathie.

L’empathie affective (contagion émotionnelle ou mimétisme affectif) est le processus par lequel on partage l’état affectif de quelqu’un d’autre, qui fonctionne par l’activation des « neurones miroir ».

Cela concerne notamment les émotions telles que la peine, la joie, la peur ou le vertige, mais aussi les désirs (le caractère mimétique du désir explique notamment les phénomènes de mode).

Ainsi, l’empathie permet en partie aux subjectivités d’être ouvertes les unes sur les autres : les émotions circulent dans l'espace social qui est le lieu d’une intersubjectivité.

Comme le souligne David Hume, « Les esprits des hommes sont des miroirs les uns pour les autres » au sens où ils se reflètent et se transmettent des affects.

Cependant, l’empathie est à la fois limitée et faillible.

Elle est limitée car elle ne concerne que les états mentaux affectifs et laisse de côté d’autres états mentaux tels que les croyances et représentations imaginaires.

Elle n’est pas infaillible car elle peut nous amener, face à quelqu’un, à éprouver une émotion qu’il n’a pas, en ressentant ce qu’on ressentirait si on était à sa place et non ce qu’il ressent effectivement.

L’empathie n’empêche donc pas autrui d’être en partie étranger à moi-même. 1.3 L’accès indirect à mes états mentaux par raisonnement abductif est possible mais limité L’accès indirect d’autrui à mes états mentaux pourrait passer par l’abduction.

Par exemple, si autrui me voit faire une grimace en mangeant, la meilleure explication est que j’ai une sensation gustative négative et que je n’aime pas ce que je suis en train de manger.

Cependant, les états mentaux que nous n’avons jamais expérimentés semblent impossibles à imaginer correctement.

Thomas Nagel, dans « Qu’est-ce que cela fait d’être une chauve-souris », prend l’exemple des chauves-souris qui possèdent une capacité sensorielle que nous n’avons pas : l’écholocation, qui fonctionne comme un radar à ultrasons.

Nous savons comment fonctionne l’écholocation, mais nous ne pourrons jamais savoir l’effet subjectif que cela produit pour l’animal.

De la même manière, un aveugle né ne pourra jamais savoir ce que cela fait de voir de la lumière et des couleurs, même si on lui explique comment fonctionnent les yeux et ce que sont les ondes électromagnétiques.

Plus largement, il est difficile de savoir avec précision quels sont les états mentaux d’autrui, car nous avons toujours des états mentaux au moins en partie différents.

Le raisonnement n’empêche donc pas autrui d’être en partie étranger à moi-même. 1.4 L’accès indirect à mes états mentaux par la communication est possible mais limité (Précision : j’ai un développé cette sous-partie plus que nécessaire car ça sert en même temps de cours pour la notion au programme « le langage »).

A première vue, le langage pourrait me permettre de dépasser les limites précédentes en communiquant à autrui mes états mentaux.

Mais le langage ne peut pleinement rendre compte de mes états mentaux car ils sont singuliers tandis qu’il est par nature généralisant.

En effet, en dehors des noms propres qui désignent des objets individuels, les mots, mêmes concrets, tels que « arbre », « table », « chat », « colère », renvoient à des concepts (des catégories abstraites, des généralités), c’est-à-dire à l’ensemble des propriétés communes à plusieurs objets individuels.

Par exemple, désigner un arbre singulier par le mot « arbre », c’est le désigner par ce qu’il a de commun à tous les autres, en faisant abstraction de ce qu’il a de singulier, de ce qui le distingue de tous les autres.

Le concept est obtenu par abstraction, acte mental consistant à séparer ce qui n’est ni séparé ni séparable dans la réalité.

Par exemple, le mot « table » signifie (1) « surface plate horizontale pouvant servir de support » (idée générale de table), (2) abstraction faite des caractéristiques particulières de telle ou telle table (sa longueur, sa largeur, sa couleur, sa matière, etc.).

Ce qui est (1) abstrait est l’élément commun conservé ; ce dont on fait à l’inverse (2) abstraction sont toutes les qualités individuelles qui sont exclues.

Plus le concept est général, donc s’applique à un grand nombre d’objets, plus on fait abstraction de certaines propriétés des objets, et plus sa définition est pauvre.

Par exemple, le concept de « table » rentre dans le concept plus général encore de « mobilier », qui rentre lui-même dans le concept plus général d’« objet artificiel ».

Le mot « être » est le concept le plus général, dont la définition correspond aux propriétés communes à l’ensemble de ce qui existe.

Certaines cultures créent plus de concepts que d’autres et découpent la réalité de manière différente, en plus ou moins de catégories, selon leurs besoins.

Par exemple, tout le monde ne distingue pas les fleuves des rivières parmi les cours d’eau, en France seuls les lorrains distinguent les clenches.... »

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