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PASCAL, LES JESUITES ET LA CASUISTIQUE DANS LES PROVINCIALES

Publié le 15/05/2020

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« PASCAL, LES JESUITES ET LA CASUISTIQUE DANS LES PROVINCIALES Avec la cinquième Provinciale, Pascal s'en prend aux livres de morale chrétienne des casuistes, surtout des casuistes jésuites, débat plus propre à toucher le lecteur que celui de la doctrine de la grâce.

Les lettres V à X présentent une sorte de cours de casuistique, qui fit scandale parmi les honnêtes gens, les magistrats et les curés des paroisses, ennemis traditionnels des jésuites. LE DANGER DU LAXISME La casuistique est une discipline que les juristes pratiquent couramment pour adapter les lois générales aux cas concrets.

Il arrive que certaines circonstances d'un acte rendent difficile l'application d'une loi énoncée en termes universels, ou encore que deux lois semblent se contredire : la règle « tu ne tueras pas » et le devoir de conservation de soi par exemple entrent en conflit lorsqu'on est attaqué par un ennemi armé ; la casuistique fait alors une exception pour la situation de légitime défense.

Tout système de lois comporte une casuistique ; par conséquent tout confesseur est dans une certaine mesure un casuiste.

On n'en trouvait pas seulement chez les jésuites, mais dans la plupart des ordres, et bien sûr parmi les directeurs de conscience de Port-Royal. Pascal ne met pas en cause la casuistique en elle- même, mais l'orientation laxiste qu'elle a prise à la faveur d'un usage effréné des probabilités, dont les jésuites sont, sinon les seuls, du moins les plus fermes tenants.

Il n'est pas le premier à s'en prendre à eux ; depuis longtemps ils défraient la chronique : en 1626, Saint- Cyran a condamné la Somme théologique du P.

Garasse, dont certaines maximes bravaient l'honnêteté ; le P.

Héreau a fait scandale en autorisant le régicide ; Rome a mis à l'Index la Somme des péchés du P.

Bauny comme corruptrice des bonnes mœurs (1640).

Port-Royal est intervenu en 1643 avec un répertoire de maximes laxistes compilé par Arnauld, la Théologie morale des jésuites, que Pascal a sûrement lu.

Mais ce sont les Provinciales qui ont révélé au public les extravagances des probabilistes. Ce qui caractérise ces Provinciales « morales », c'est l'association d'un dialogue ironique entre un bon père jésuite qui présente les casuistes d'un ton enthousiaste à « Montalte », qui lui cache son indignation et une présentation rigoureuse, et variée des méthodes probabilistes et des maximes, qui donne l'impression de les comprendre à fond tout en trouvant toujours de nouvelles.

Pascal ne se contente pas de dénoncer quelques maximes laxistes : il présente la doctrine des opinions probables comme un système cohérent, en rapport direct avec l'esprit de la Compagnie de Jésus.

Fondée pour conduire la reconquête catholique, celle-ci considère que la grandeur de la religion exige qu'elle gouverne toutes les consciences.

Elle s'adapte a toutes les personnes, à toutes les conditions, à tous les milieux, y compris les plus élevés, naturellement portés à une certaine liberté de mœurs.

C'est pourquoi les jésuites ont deux sortes de confesseurs : des sévères pour les pénitents austères, et pour le plus grand nombre, qui tend toujours au relâchement et à la facilité, une « foule de casuistes relâchés ».

Tous partagent la même doctrine de la probabilité. LA CASUISTIQUE: DOCTRINE DE LA PROBABILITÉ Lorsqu'on hésite entre deux opinions dont aucune n'est certaine, mais toutes deux vraisemblables, on n'en peut choisir une que par quelque raison qui plaide en sa faveur, sans être démonstrative : ainsi, « une opinion est appelée probable lorsqu'elle est fondée sur des raisons de quelque considération », n'étant ni absurde, ni contraire au bon sens, ni contraire à la religion.

Les casuistes en concluent que l'autorité d'un théologien « sage et pieux » étant « de grande considération », toute opinion qu'il propose doit être considérée comme probable (c'est ce même raisonnement qui fait l'autorité de nos modernes « comités d'éthique »).

Cette opinion demeure probable même si un autre « docteur grave » la réprouve au nom d'une opinion plus probable, et même si le casuis- te qui la soutient est seul de son avis contre tous les autres.

Par suite, elle l'est autant que toutes les autres, et définitivement : la doctrine de la probabilité rend donc recevables n'importe quelles propositions, même les plus contraires et incompatibles.

Elle permet donc d'excuser toutes les fautes, car il y a toujours un casuiste pour trouver moyen d'excuser un péché par quelque distinction : or toute opinion rendue probable par un « docteur grave » est sûre en conscience, un pécheur peut l'utiliser pour s'excuser.

Bien mieux : lorsqu'il allègue une opinion probable, son confesseur est obligé de l'absoudre, même s'il juge l'opinion fausse ! C'est d'autant plus aisé que le bon jésuite des Provinciales avoue carrément : « Nous répondons (...) ce qu'il nous plaît, ou plutôt ce qu'il plaît à ceux qui nous interrogent.

» Bref cette doctrine met la bonne conscience à la portée de ceux qui savent dénicher l'opinion probable qui les arrange. DÉRAPAGES DE LA CASUISTIQUE Que reproche Pascal à ce système ? Primo, d'être disjoint de la parole de Dieu et de toute piété : il soumet la morale chrétienne à la raison déréglée et à la concupiscence ; les casuistes « font succéder au précepte de l'Ecriture, qui nous oblige de rapporter toutes nos actions à Dieu, une permission brutale de les rapporter toutes à nous -mêmes ».

Secundo : la probabilité enlève aux fidèles l'essentiel de la vie chrétienne, la. »

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