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Lecture linéaire 3 : Molière, Le Malade imaginaire, Acte II scène 5 (p 96-99 lignes 365-417)

Publié le 15/02/2024

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« Lecture linéaire 3 : Molière, Le Malade imaginaire, Acte II scène 5 (p 96-99 lignes 365-417) CLEANTE.

(Il chante) […] Belle Philis, c’est trop, c’est trop souffrir, Rompons ce dur silence, et m’ouvrez vos pensées, Apprenez-moi ma destinée, Faut-il vivre ? Faut-il mourir ? ANGELIQUE (répond en chantant).Vous me voyez, Tircis, triste et mélancolique, Aux apprêts de l’hymen1 dont vous vous alarmez, Je lève au ciel les yeux, je vous regarde, je soupire, C’est vous en dire assez. ARGAN.

Ouais, je ne croyais pas que ma fille fût si habile, que de chanter ainsi à livre ouvert2, sans hésiter. CLEANTE.

Hélas ! belle Philis, Se pourrait-il que l’amoureux Tircis, Eût assez de bonheur, Pour avoir quelque place dans votre cœur ? ANGELIQUE.

Je ne m’en défends point, dans cette peine extrême, Oui, Tircis, je vous aime. CLEANTE.

Ô parole pleine d’appas3, Ai-je bien entendu, hélas ! Redites-la, Philis, que je n’en doute pas. ANGELIQUE.

Oui, Tircis, je vous aime. CLEANTE.

De grâce, encor, Philis. ANGELIQUE.

Je vous aime. CLEANTE.

Recommencez cent fois, ne vous en lassez pas. ANGELIQUE.

Je vous aime, je vous aime, Oui, Tircis, je vous aime. CLEANTE.

Dieux, rois, qui sous vos pieds regardez tout le monde, Pouvez-vous comparer votre bonheur au mien ? Mais, Philis, une pensée, Vient troubler ce doux transport, Un rival, un rival... ANGELIQUE.

Ah ! je le hais plus que la mort, Et sa présence, ainsi qu’à vous M’est un cruel supplice. CLEANTE.

Mais un père à ses vœux vous veut assujettir. ANGELIQUE.

Plutôt, plutôt mourir, Que de jamais y consentir, Plutôt, plutôt mourir, plutôt mourir. ARGAN.

Et que dit le père à tout cela ? CLEANTE.

Il ne dit rien. Hymen : mariage Chanter à livre ouvert : chanter sans déchiffrer la partition 3 Appas : attraits, promesses 1 2 ARGAN.

Voilà un sot père que ce père-là, de souffrir4 toutes ces sottises-là, sans rien dire. CLEANTE.

Ah ! mon amour... ARGAN.

Non, non, en voilà assez.

Cette comédie-là est de fort mauvais exemple.

Le berger Tircis est un impertinent, et la bergère Philis, une impudente, de parler de la sorte devant son père. Montrez-moi ce papier.

Ha, ha.

Où sont donc les paroles que vous avez dites ? Il n’y a là que de la musique écrite ? CLEANTE.

Est-ce que vous ne savez pas, Monsieur, qu’on a trouvé depuis peu l’invention d’écrire les paroles avec les notes mêmes ? ARGAN.

Fort bien.

Je suis votre serviteur, Monsieur5 ; jusqu’au revoir.

Nous nous serions bien passés de votre impertinent d’opéra. CLEANTE.

J’ai cru vous divertir. ARGAN.

Les sottises ne divertissent point. 4 5 Souffrir : tolérer Expression employée afin de prendre congé Lecture linéaire 3 : Molière, Le Malade imaginaire, Acte II scène 5 (p 96-99 lignes 365-417) Introduction En 1673, Molière soumet au roi une nouvelle comédie-ballet visant à divertir la cour en explorant l'un de ses thèmes favoris, la satire de la médecine.

Comme dans toute comédie, l'intrigue repose sur les amours contrariées de deux jeunes premiers, Cléante et Angélique, confrontés à la volonté autoritaire d'un père, Argan.

Ce dernier souhaite marier sa fille à un fils de médecin pour apaiser ses angoisses hypocondriaques.

Dans la scène 5 de l'acte II, Argan présente à Angélique le prétendant choisi, Thomas Diafoirus, fils de médecin destiné à succéder à son père.

Cléante, qui s'est introduit en se faisant passer pour le maître de musique d'Angélique, est présent à ce momentlà.

Chacun des pères tente de mettre en valeur les qualités de son enfant pour séduire l'autre.

Le père Diafoirus demande à son fils de réciter "ses compliments", tandis qu'Argan profite de la présence du maître de musique pour demander à Angélique de démontrer ses talents musicaux. À ce stade, Cléante n'est, aux yeux d'Argan, qu'un accessoire mettant en valeur sa fille.

Cependant, le jeune homme détourne la leçon de chant de l'objectif fixé par Argan.

Il utilise ce stratagème pour communiquer avec Angélique et l'interroger sur ses sentiments.

Ainsi il serait intéressant de se demander comment par le jeu d’une mise en abyme, les deux jeunes premiers font ils éclater une vérité ? Le texte est divisé en quatre mouvements : 1.

Les premières strophes de la chanson lignes …… à …… 2.

Un aveu amoureux crescendo lignes …… à …… 3.

Le tournant dramatique de la chanson lignes …… à …… 4.

Le dialogue entre un père et un amant lignes …… à …… 1.

Les premières strophes de la chanson Citation Analyse Interprétation La chanson est une mise en abyme, du spectacle dans le spectacle, Angélique et Cléante en sont les personnages principaux et jouent devant Argan, Toinette, Diafoirus père et fils Molière utilise le motif de la pastorale pour mettre en scène les amoureux transis.

La pastorale est un genre très codifié, artificielle et en vogue à l’époque, mettant en scène des bergers galants (souvent nommés Tircis et Philis).

L’auteur utilise la pastorale comme leçon de chant en faisant écho au prologue de la pièce : une églogue dans laquelle on retrouve aussi un berger nommé Tircis Les deux premières 2 quatrains Répartition harmonieuse des deux strophes, strophes de la chanson souligne l’équilibre de leur relation, le dialogue amoureux s’installe, la mise en abyme commence Lignes 1,3,4 « souffrir », Champ lexical de la Cléante se présente comme un héros tragique « destinée », « vivre », tragédie théâtrale « mourir » Ligne 4 « vivre / mourir » Antithèse La réponse d’Angélique sera cruciale pour le futur de Cléante.

Met en valeur son amour passionné Lignes 4 « Faut-il vivre ? Phrases interrogatives Cléante a besoin d’être rassuré sur les Faut-il mourir ? » sentiments qu’il éprouve pour Angélique, il a besoin de réciprocité malgré les plans de mariage de son père.

Ces questions signifient en réalité « m’aimez-vous », d’où l’importance de la réponse Angélique a parfaitement compris le jeu qui s’installe, elle prend part à la mise en abyme, la pastorale ici est un langage codé qui permet aux amants de s’avouer leurs sentiments Ligne 6 « Aux apprêts de Proposition coordonnée Allusion directe d’Angélique à leur situation : les l’hymen dont vous vous plans d’Argan de marier sa fille au fils de son alarmez » médecin Ligne 7 « Je vous Didascalie interne regarde, je soupire » Ligne 8 « C’est vous en Présentatif dire assez » Représente la jeune femme comme un martyr de l’amour Elle donne une réponse favorable à Cléante mais l’aveu est non verbal, il passe par son jeu, ses regards et son visage qui trahissent ses sentiments Ces deux premières répliques montrent donc la complicité profonde entre les deux amoureux, qui se comprennent immédiatement puisqu’ils sont capables d’improviser ensemble. Ligne 9 « Ouais » Interjection familière Comique de mot, contraste entre le langage raffiné des deux jeunes gens et l’interjection familière Ligne 9 « je ne croyais Subjonctif passé Comique de situation car Argan est ici dupé, il que ma fille fût si ne se rend pas compte que sa fille est en train habile » d’échanger avec son amant sous ses propres yeux..... »

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