Le gouvernement par le peuple signifie-t-ilnécessairement la liberté?

« Le gouvernement par le peuple signifie-t-il nécessairement la liberté? Introduction Souligner la modernité de la question: elle n'est concevable qu'à partir du moment historique où se profilent deux exigences- celle du gouvernement par le peuple et celle d'un accès collectif à la liberté.

Le problème est de savoir s'il y a une concordance nécessaire - ou plus précisément à quelles conditions elle peut exister -entre les deux.

1.

Il y a une histoire de la liberté - Platon: l'idée même d'un gouvernement par le peuple est détestable.

Cf l'aspect élitiste de La République: le «peuple» est synonyme d'ignorance, d'avidité, lui confier le pouvoir ne peut mener qu'à une décadence de la Cité.

- Pendant toute la période classique, le gouvernement appartient à une classe «supérieure»; elle bénéficie d'une liberté exclusive pendant que les autres classes sont privées de liberté.

-Pour qu'on en vienne à penser que le gouvernement doit conférer une liberté collective, il faut d'abord que celle-ci soit conçue au profit de l'humanité en général, ou du moins de toute la population d'un État.

C'est ce qui s'affirme nettement au siècle des Lumières -celles-ci étant pensées comme l'accès à la maturité intellectuelle et politique de l'humanité (au moins dans sa version européenne), cf Kant.

- L'idée même qu'un gouvernement doit établir ou garantir la liberté est donc tardive.

Ce qui correspond bien à ce qu'affirme Hegel: il y a une histoire du concept de liberté et de sa réalisation.

II.

L'idéal démocratique - Affirmer que le gouvernement par le peuple est synonyme de la liberté la plus générale, c'est se situer dans une optique démocratique.

- Exemple: Du contrat social.

L'accès à la liberté civile s'accompagne bien d'une égalité radicale entre tous les citoyens (plus de privilège à qui que ce soit) puisqu'elle suppose l'aliénation radicale de l'indépendance naturelle au moment de l'adhésion au Contrat 1 De plus, cette liberté est garantie, pour l'ensemble des citoyens, par la force désormais collective.

- Ces thèses de Rousseau se retrouvent à la base de toutes les théories de la démocratie, quelles qu'en soient les variantes.

Leur problème constant est alors de garantir que le gouvernement soit bien exercé par le peuple lui-même, et pas. »