La lecture bourdivine de L’Idiot de la famille de Sartre

« Milli m‡la 7/2015 149 HELGE VIDAR HOLM UNIVERSITY OF BERGEN La lecture bourdivine de LÕIdiot de la famille de Sartre 1.

Introduction ans Les rgles de lÕart.

Gense et structure du champ littŽraire (1992), Pierre Bourdieu sÕen prend ˆ quelques positions sar-triennes, Žmises par le philosophe existentialiste notamment dans son Žtude de Madame Bovary, publiŽe de manire posthume dans le troi-sime tome de la nouvelle Ždition revue et complŽtŽe de LÕIdiot de la famille.

Gustave Flaubert de 1821 ˆ 1857 (1971-1972/1988), la grande monographie de Jean-Paul Sartre sur la vie et lÕÏuvre du romancier Gustave Flaubert.

Mon propos dans les lignes qui suivent est de commenter et analyser le dŽbat sur lÕÏuvre romanesque flaubertien-ne que mnent ces deux grands intellectuels, lÕun, celui qui attaque, ˆ partir dÕune analyse du roman flaubertien LՃducation sentimentale notamment, lÕautre, par ses rŽflexions sur la relation de Flaubert au langage et sur les contextes historique et biographique du romancier, rŽflexions faites en vue dÕexpliquer comment on devient lÕauteur de Madame Bovary.

En premier lieu, Bourdieu se rŽfre ˆ un article sur Flaubert pu-bliŽ par Sartre dans Les Temps Modernes en 1966 en prŽambule de LÕIdiot de la famille1, mais en gros le sociologue vise la totalitŽ des positions principales de la monographie sartrienne.

LÕagressivitŽ bourdivine envers son prŽdŽcesseur au sommet de la hiŽrarchie in-tellectuelle franaise nÕempche pas une forme de dialogue ; leur 1 Jean-Paul Sartre, Ç La Conscience de classe chez Flaubert È, Les Temps Modernes 240/1966, pp.

1921-1951 et 241/1966, pp.

2113-2153.

D. »