Mots, les [Jean-Paul Sartre] - Fiche de lecture.

« 1 / 2 Mots, les [Jean-Paul Sartre] - Fiche de lecture. 1 PRÉSENTATION Mots, les [Jean-Paul Sartre] , récit autobiographique de Jean-Paul Sartre, publié en 1964. Au début des années soixante pèse sur Sartre comme une « pression de la mort ».

L’accident fatal d’Albert Camus, la disparition du cher « Pontomerle », le philosophe Merleau-Ponty, la célébration de ce double conflictuel que fut Nizan, la vieillesse de sa propre mère, contribuent à ce projet d’une autobiographie singulière, « tombeau » poétique qui vise à ressaisir sa propre préhistoire (entre quatre et onze ans, 1909-1916) à la lumière de la question : que peut la littérature ? 2 « JE SUIS LIGOTÉ À MON DÉSIR D’ÉCRIRE.

» « Lire » et « Écrire », les deux parties des Mots, distribuent une vie vouée à la chose littéraire.

Sartre raconte « Poulou », bambin ravissant d’une mère-enfant, retournée dès après son veuvage sous la tutelle du grand-père Schweitzer, professeur d’allemand.

Le « petit homme » grandit, précoce, dans la « collusion » avec sa jeune mère et dans la vénération de la culture républicaine.

Les livres lui font un monde : il est Fortimbras, Pardaillan, le héros que tout le monde attend.

Ce destin romanesque fait pourtant l’épreuve de la négation, quand le bel enfant, perdant la vision d’un œil et ses boucles blondes, entre en laideur, autant dire dans l’obligation de trouver un salut à son existence.

Le grand-père assigne alors la voie : Poulou sera normalien, universitaire et écrivain régional à ses heures perdues.

Quittant imaginairement la symbiotique Alsace maternelle pour l’improbable Aurillac d’un père jamais connu, l’enfant-singe se met à écrire, « vieillard » qui joue à l’académicien, qui s’inocule pour toujours l’adage Nulla dies sine linea (« Pas un jour sans une ligne »). 3 AUTOBIOGRAPHIE ET ANALYSE Rapidement promu comme inaugurant une nouvelle manière d’« écriture de soi » par les études universitaires, les Mots se singularise par un esprit, une composition et un enjeu que cette réputation a peut-être occultés.

Il passe dans la tonalité de cette autobiographie une fantaisie férocement ironique, démystificatrice, empreinte d’autodérision, parente de celle qu’on trouve chez Johann Paul Richter.

Ce souvenir des romantiques allemands doit amener à réévaluer le potentiel philosophique des Mots : à la manière hégélienne de l’explication de l’Histoire par les fins ( voir Hegel), la composition téléologique dit comment une existence contingente prend la forme d’un destin.

Entre en littérature qui y a été convoqué.

Dans ces conditions, cette « psychanalyse existentielle » apparaît comme ayant pour cible la psychanalyse freudienne.

Les Mots prend place en effet dans le long affrontement, fait de refus autant que de proximité, de Sartre avec la figure de Freud qui, après les réflexions polémiques consacrées dans l’Être et le Néant à la mauvaise foi et à la facticité, vient alors d’être ravivé par le scénario (inabouti) commandé par John Huston à Sartre sur le Père viennois pour son film Freud, passions secrètes (1962).

Définitivement cartésien, conforté dans ce point de vue par sa lecture de Husserl, Sartre dispose contre le déterminisme psychique la liberté du sujet, contre l’inconscient l’identité de la conscience et de la pensée (Toute pensée est consciente d’elle-même).

De « Poulou » à Sartre, les Mots est l’histoire d’une conscience devenant elle-même dans et par le langage seulement. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

Tous droits réservés. 2 / 2. »