Justice

« !1 LA JUSTICE Introduction : On ne confondra pas les diffŽrents sens du terme de justice.

Beaucoup de faux problmes naissent de leur confusion. ¥La justice comme idŽe , ou idŽal, dŽsigne un principe dÕaction .

¥La justice comme vertu dŽsigne une qualitŽ ou une disposition de lÕhomme juste .

¥La justice dŽsigne enfin une institution , elle renvoie alors ˆ ensemble des tribunaux, des juridictions qui rendent des dŽcisions dites Ç de justice È. La justice, cÕest fondamentalement pour nous lՎgalitŽ .

Mais cette idŽe nÕa cependant pu se dŽgager que trs progressivement et tardivement.

Ainsi, si chez Aristote, la notion de justice renvoie dŽjˆ ˆ celle dՎgalitŽ, de proportionnalitŽ, cÕest le christianisme qui a par la suite contribuŽ ˆ installer cette idŽe de la justice comme ŽgalitŽ en droit entre les hommes .

Mais avant cela, chez Platon, la justice, vertu cardinale, est dÕabord conue comme un principe dÕordre : la justice ( dik ) rŽpond ˆ la dŽmesure ( hubris ) qui porte atteinte ˆ lÕharmonie du monde.

La citŽ athŽnienne ˆ laquelle Platon se rŽfre est celle o la justice ne reprŽsente quÕun effet de contrainte, et un pis-aller.

NŽanmoins, la justice pure et idŽale garde toute sa pertinence et lÕordre parfait de la justice trouvera son expression achevŽe dans la CitŽ idŽale dont rve Platon dans la RŽpublique .

LÕidŽe dՎgalitŽ des personnes est donc chrŽtienne.

Chez Kant, la justice se fonde sur lÕimminente dignitŽ de la personne, et en cela, il contribue ˆ faire progresser une notion de justice idŽale que Proudhon dŽveloppera dans son Ïuvre.

Enfin, Marx verra dans la notion de justice une simple expression idŽologique de la classe dominante.

I- La justice, norme idŽale du droit et principe du droit.

La justice, du latin, justicia , de justus , juste, cÕest la norme idŽale qui dŽfinit le droit ( le substantif, droit correspond plut™t au latin jus ).

Mais quÕest- ce que la justice exprime plus exactement ? Elle renvoie essentiellement ˆ une certaine ŽgalitŽ.

CÕest le cas chez Aristote ( 384 av JC-322 av JC) et ses successeurs, comme Thomas dÕAquin (1228-1274).

Dans La Politique et le livre V de lÕEthique ˆ Nicomaque dÕAristote, on trouve la distinction entre trois formes de justice : ¥La justice commutative ou Ç corrective È , qui prŽside aux Žchanges et qui repose sur lՎgalitŽ arithmŽtique pour dŽterminer ce qui est dž ˆ chacun (exemple, dans le commerce, Žchange juste entre particuliers eux-mmes considŽrŽs comme Žgaux @ ¥a=a ).

¥La justice distributive , qui est proportionnelle au mŽrite, ˆ la capacitŽ et au rang de chacun dans la citŽ (exemple, la rŽpartition des honneurs dans la citŽ).

Il y a bien encore ŽgalitŽ, mais ŽgalitŽ proportionnelle de type gŽomŽtrique ( a/b=c/d et non a=b) ¥La justice rŽpressive , qui envisage les sanctions (exemple, proportionnalitŽ de la peine et du dŽlit, par opp.

ˆ la vengeance).

Dans tous les cas, cÕest toujours une certaine forme dՎgalitŽ (simple ou proportionnelle) qui est ˆ lÕÏuvre.

Ç Le juste qui ne concerne que la distribution des ressources communes de la sociŽtŽ doit toujours suivre la proportion que nous venons dÕexpliquer.

Quand il sÕagit de partager les. »