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CHAPITRE 7 DU CANDIDE DE VOLTAIRE (lecture analytique)

Publié le 15/05/2020

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« CHAPITRE 7 DU CANDIDE DE VOLTAIRE (lecture analytique) COMPRÉHENSION1.

La vieille se manifeste de manière assez sibylline et ne parle guère, sauf pour utiliser des formules quasi magiques(paragraphe 1) ou pour éluder les questions (paragraphe 2).

Son obligeance et son dévouement sont entourés d'unesorte de mystère, au point qu'on a l'impression, après tant de malheurs réels, que ce chapitre (où prédomine labonté) est un peu irréel.

La vieille ne parle pas pour plusieurs raisons :- dans Candide, la bonté va avec l'action et non avec le discours ; les phraseurs sont toujours dangereux : la vieilleest du côté de l'anabaptiste ;- ce silence correspond à un moment de clôture (refuge de la masure ; portes qui s'ouvrent et se ferment ; maison ;voile de Cunégonde) : tout vise à préparer la rencontre des deux héros.- la vieille répond à un type romanesque (entremetteuse, duègne, servante) dont le rôle est d'agir en sous-main ;son mutisme est inscrit dans sa fonction romanesque (cf.

ci-dessous : 5) ;- enfin, du point de vue narratif, ce personnage apporte une rupture par rapport à la fébrilité des chapitresprécédents : il repose le lecteur et ménage un nouvel intérêt, un " suspense " ; nous sommes dans un " songeagréable ".2.

Le couple réuni.

L'évolution des personnages est perceptible :- physiquement : à la place de l'émotion rougissante du chapitre I et des geste avortés, nous avons ici desréactions violentes (évanouissements), des " soupirs, larmes et cris ..

Les corps ont souffert (Cunégonde violée et "le ventre fendu " ; Candide " faible ", avec l' " échine " qui le fait souffrir) ; les héros sont fatigués et leur corps nerépond pas comme ils le voudraient à leur volonté.- moralement : ils vivent surtout sur le passé, qu'ils doivent se remémorer et qui suscite exclusivement des larmes ;dès les retrouvailles (marquées par un écroulement), le dialogue porte sur les événements antérieurs qui troublent leprésent (" il n'est que trop vrai, dit Cunégonde en pleurant ").

Même l'amour semble un peu dégradé : Cunégonden'en a connu que la violence sexuelle et Candide en est réduit à " dévorer des yeux ".

Cette scène, qui devrait êtreun moment de bonheur, est placée au fond sous le signe du malheur, de la fragilité des êtres, du destin capricieux.Les héros ont cependant conservé un trait fondamental de leur naturel : leur sensibilité (voir les marques physiquesde l'émotion, les gestes) et leur incapacité à juger le réel : ils l'évoquent, s'en lamentent, mais il n'y a ici ni analyseni révolte.

On reste dans " la manière la plus naïve " et on " donne des larmes " à la mort.

Même l'évocation desmorts successives des membres de sa famille ne provoque guère d'éclat chez Cunégonde : on pressent une sorte defatalisme (" on ne meurt pas toujours de ces deux accidents ").3.

Voltaire maintient l'intérêt au début du chapitre par l'énigme.

Cf.

ci-dessus l'analyse du personnage de la vieille.Mais noter aussi le propos équivoque : " ce n'est pas ma main qu'il faut baiser ".

Dans Candide, la bonté paraîtsuspecte et ménage souvent quelque piège.

On frôle le merveilleux romanesque (hasards, mystères), avec même unpeu de prodiges (les pommades-miracles, les invocations du début) et une sorte d'itinéraire initiatique (paragraphe2).

On parle de " cérémonies ".4.

Invraisemblance et incohérence sont propres au merveilleux romanesque.

Noter surtout les lieux qui constituentun espace fictif restreint ; l'habit qui est tout prêt ; la guérison en deux jours ; l'absence de dialogue ; la vie commesonge ; l'apparition voilée dune Cunégonde " majestueuse " et " brillante de pierreries " ; les évanouissements ; lasurvie de Cunégonde malgré ses deux " accidents", etc.5.

La parodie des éléments romanesques :- lieux : la masure préparée pour le héros ; le lieu isolé entouré de canaux ; l'escalier dérobé ; le cabinet doré et lecanapé de brocart ;- personnages : l'entremetteuse qui provoque les retrouvailles ; les déplacements clandestins et imprévus des êtres; l'apparition de la femme voilée (cf.

fin du chapitre XXII) ; le héros guéri miraculeusement ; la jeune fille devenueluxueuse (" pierreries ") et qui vit dans une maison au bord de " canaux " (= femme de luxe/luxure, dans un bordd'eau/bordel) ; la vieille qui continue à soigner, veiller, faire taire ; Cunégonde qu'on appelle " la dame " (fin du § 3) ;- attitudes : on est dans le style émotif et le roman de moeurs (cf.

Richardson ou Prévost), d'où le privilège ducorps : cris, pleurs, sentiments extrêmes (étonnement, inquiétude, surprise, terreur), évanouissements, posesthéâtrales (" Cunégonde levait les yeux au Ciel ") et stéréotypés (" la dévorait des yeux ").

Le style s'accorde àcette gestique : vocabulaire noble (" funeste ", " la dame " ; les interrogations et exclamations multiples ; les suitesde verbes en asyndète (" la force lui manque, il ne peut proférer une parole, il tombe à ses pieds ").

On a donc desclichés, parfois des formules pauvres (" il retrouva ce qu'il aimait "), dans un dialogue balbutiant et hâché.6.

Valeur philosophique de cette utilisation du romanesque.

Voltaire utilise les invraisemblances et le chaos duromanesque pour donner une image de la vie.

Ici prédominent le hasard (rencontres) ; le mystère (attente dudébut) ; le merveilleux (apparition de Cunégonde) ; le songe (Candide s'interroge sur la réalité de ce qu'il vit) ; lerêve à la fois consolant et faux (rôle que joue Cunégonde dans la pensée flouée de Candide).

Le romanesque estcomme l'optimisme : trompeur et fondé sur les aléas.L'accumulation des modes d'expression du romanesque dans un espace si restreint crée une ironie et rend peucrédible la situation (précisément parce qu'elle est heureuse).On a ici sous les yeux une preuve des caprices saugrenus de l'existence, un refus de croire à l'illusion romanesquequi travestit le réel et détourne la pensée de la recherche de la vérité, et l'homme de la construction raisonnée deson propre destin.C'est donc un double fonctionnement, assez subtil : montrer que la vie est hasard ; refuser cependant de s'ysoumettre.

Ou bien la vie n'est qu'un roman ; ce n'est pas une raison pour se comporter en héros de roman. Document. »

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