Spinoza: l’intérêt de la paix et de la concorde

L’expérience paraît enseigner cependant que, dans l’intérêt de la paix et de la concorde, il convient que tout le pouvoir appartienne à un seul. Nul État en effet n’est demeuré aussi longtemps sans aucun changement notable que celui des Turcs et en revanche nulles cités n’ont été moins durables que les Cités populaires ou démocratiques, et il n’en est pas où se soient élevées plus de séditions. Mais si la paix doit porter le nom de servitude, de barbarie et de solitude, il n’est rien pour les hommes de si lamentable que la paix. Entre les parents et les enfants il y a certes plus de querelles et des discussions plus âpres qu’entre maîtres et esclaves, et cependant il n’est pas de l’intérêt de la famille ni de son gouvernement que l’autorité paternelle se change en une domination et que les enfants soient tels que des esclaves. C’est donc la servitude, non la paix, qui demande que tout le pouvoir soit aux mains d’un seul : ainsi que nous l’avons déjà dit, la paix ne consiste pas dans l’absence de guerre, mais dans l’union des âmes, c’est-à-dire dans la concorde. Spinoza. Parties du programme abordées : - La société. - L’État. - Le pouvoir. Analyse du sujet : La supériorité d’une organisation monarchique de l’État n’est qu’une apparence : la paix qui semble régner n’est qu’une servitude généralisée. Conseils pratiques : Montrez comment Spinoza oppose l’apparence proposée par l’expérience (force des monarchies, faiblesse des démocraties) et la réalité que découvre la réflexion (servitude, barbarie et solitude/et non paix véritable). Analysez la comparaison organique avec la famille. Mettez en lumière l’opposition entre une définition négative de la paix (= absence de guerre) et une définition positive (concorde, union des âmes). Bibliographie : Aristote, La Politique, Denoël-Gonthier. Montesquieu, L’Esprit des Lois (premiers livres), Garnier-Flammarion. Platon, République, Garnier-Flammarion. Spinoza, Traité politique, Garnier-Flammarion. Difficulté du sujet : ** Nature du sujet : Classique.