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RIRE

RIRE. v. intr., employé comme n.m. (lat. ridere « rire », « plaisanter »). ♦ 1° Le rire est d'abord une manifestation corporelle : les lèvres s'écartent, la bouche s'ouvre, le visage se dilate, la gorge profère des sons saccadés, parfois des cris, qui jaillissent comme des explosions (éclats de rire). La dilatation s'étend au corps tout entier qui se plie, se contorsionne (on se tord de rire). Il peut être très difficile à maîtriser (fou rire). C'est donc un phénomène nerveux, une réaction contre le sérieux et la contraction nécessaires à l'action. C'est, selon Alain, un « abandon de gouvernement » qui détend et fait du bien. Le rire se limite, parfois, à cette détente corporelle. C'est le rire sans raison, le rire « bête ». ♦ 2° Propre de l'homme, le rire est, sous sa meilleure forme, une manifestation de l'intelligence. Il répond au discernement du ridicule, du comique, du spirituel ; il peut prendre une forme agressive dans la dérision. L'analyse de ces différentes perceptions intellectuelles est intéressante pour la connaissance de la vie de l'esprit. Elle préoccupe les philosophes depuis Aristote. Bergson en a fait l'objet d'une étude, le Rire (1900). Fait rire, chez un homme, l'inconscience, l'automatisme, l'insociabilité. On rit toutes les fois que le corps prend le pas sur l'âme, toutes les fois que le mécanique se plaque sur le vivant (Bergson), on rit du distrait, du vaniteux, des inconvenances, de tout ce qui manque d'harmonie : le rire est un geste social. ♦ 3° Nous aimons rire et nous cherchons des prétextes pour le faire. D'où, à toutes les époques, depuis l'Antiquité, la fabrication du comique par les clowns, les auteurs de pièces et de films comiques, les acteurs comiques. La production du comique élevé au niveau de l'art est difficile. « C'est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens » (Molière, Critique de l'École des femmes).

rire, phénomène essentiellement humain, exprimant, généralement, le bien-être et la gaieté. Il peut être aussi causé par certaines stimulations physiques (chatouillements), par la joie de se sentir supérieur aux autres (Hobbes) ou par la perception d’une situation comique, incongrue (A. Schopenhauer). Le rire, qui possède un élément agressif — il est fait pour humilier, dit H. Bergson — a une fonction cathartique, libératrice : les Indiens Crows d’Amérique punissent les infractions graves au code moral par le rire. Ils ne disent rien au coupable, mais tournent en dérision son délit, à la réunion du soir, où chacun s’amuse à ses dépens. Grâce au rire, l’agressivité peut s’exprimer librement sans conséquence dramatique. Dans certaines situations, le rire est une formation réactionnelle contre l’angoisse.

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