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Y a-t-il un devoir d'être heureux ?

Publié le 15/05/2020

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« Définition des termes du sujet: Heureux, heureuse: Qui jouit du bonheur, qui est durablement content de son sort. DEVOIR:1) Obligation morale, opposée à obligation juridique; le devoir est une obligation interne au sujet, l'obligation juridique une obligationexterne (une contrainte).2) Le problème sous-jacent consistant à trouver le fondement de cette obligation, Kant fera du devoir un absolu: "Le devoir est lanécessité d'accomplir l'action par pur respect pour la loi."3) Un devoir: tout ce qui correspond à une obligation morale. C'est un des types d'énoncés dont la compréhension est particulièrement im portante, car le risque est grand de traiter un autre sujetque celui qu'il pose.

Il n'est pas demandé si le bonheur doit être le but de toute action morale ou si la recherche du bonheur peutconstituer un fondement moral de la vie humaine, mais si le souci du bonheur doit être tout à fait étranger à la conscience morale ou si,au contraire, il peut y avoir un devoir d'être heureux et en quel sens. Plan de recherche — Références philosophiques possibles:• Aristote (l'homme vit pour être heureux);• Épicure (la nature nous invite à rechercher le plaisir qui conditionne la vie heureuse);• Kant: le bonheur n'est pas compatible avec la vie terrestre: il suppose, si l'on en prend la notion au sérieux, une telle plénitude qu'il fauten réserver la possibilité ou l'éventualité pour la vie posthume (voir sujet précédent, 3e partie).— La notion de devoir implique une obligation, une contrainte.

De tels caractères peuvent-ils s'accorder avec le bonheur?— Analyser la notion de devoir: ce dernier, pour avoir du sens, doit être universalisable (cf.

la morale kantienne).

Cela signifierait doncque tout homme doit être heureux? Mais, devient-il dès lors coupable s'il n'y parvient pas?— Le devoir suppose une responsabilité.

Or être heureux relève aussi de conditions extérieures sur lesquelles je peux n'avoir aucuneinfluence.— Pour que l'accès au bonheur corresponde à un devoir, il faut en venir à définir ce dernier par rapport à ce qui m'est accessible et à cequi dépend de moi, de ma volonté (cf.

le stoïcisme).

Mais dans ce cas c'est un devoir singulier, non universalisable, puisque les conditionsde l'existence ne sont pas les mêmes pour tous, ce qui signifierait que le bonheur varierait d'un individu à l'autre.

On aboutit donc à unecontradiction.— La notion de devoir relève de la morale, le bonheur ne fait pas partie de cette dernière.

Tout au plus (cf.

Kant) peut-il la sanctionner. § 1.

Bonheur et vertu dans l'Antiquité. Il est vrai que cette confusion était inhérente à la philosophie antique et à la philosophie moderne jusqu'à Kant.

« Le but que l'on sepropose dans les écoles de philosophie ancienne, écrit Brochard, aussi bien dans l'école stoïcienne que dans celle d'Épicure ou de Platon,c'est d'atteindre à la vie heureuse [...].

Sans doute les divers systèmes se distinguent par la façon de définir le souverain bien.

Tous lecherchent, mais nulle part il ne vient à l'esprit de le séparer du bonheur.

» On peut dire, en effet, que tous les philosophes anciensidentifient aussi bien le souverain bien que la vertu avec le bonheur ou, tout au moins, les considèrent comme inséparables.Le bonheur, selon Platon, est atteint par la recherche de la justice intérieure : le juste peut être méconnu et même supplicié, il n'en jouirapas moins du bonheur'.

Aristote fait du bonheur la fin et le souverain bien de l'homme, car agir selon sa nature est vertu, la vertuconsistant pour chaque être à remplir la fonction qui lui est propre et, dans cet accomplissement, qui est pour l'homm e la viecontemplative, il trouve la joie la plus élevée.

Épicure lui-même, s'il pose crûment que «le plaisir du ventre est la racine de tout bien », ne se dissimule pas que certains plaisirs sont à éviter comme générateurs de douleurs, et il est conduitainsi à prôner une vie très tempérante, faite de plaisirs simples, générateurs d'autres plaisirs, carl'essentiel, en fin de compte, est «de ne pas souffrir dans son corps et de ne pas être troublé dans sonâme ».

Ce qui est la véritable félicité.

C'est sans doute chez les stoïciens qu'apparaît le plus nettementcette idée que le bonheur est le devoir.

La liberté de l'âme ne peut être forcée, elle échappe au pouvoirdes choses et des hommes, et même des dieux.

La volonté, qui n'en est qu'un autre nom, porte en elletout bien et tout mal.

A son égard, les objets extérieurs, com me les actions extérieures, ne sont ni bonsni mauvais, à la condition de bien distinguer ce qui dépend de nous, à savoir le jugement, et ce qui n'endépend pas, c'est-à-dire tout le reste.

Supprimer tout désir et toute aversion pour ce qui est extérieur,tel est le secret de la sagesse et du bonheur, car, dès lors, rien ne peut nous atteindre.

Le stoïcien laisseainsi toute la place à la volonté.

Or, si le bien ne réside que dans la volonté, le mal n'existe pas dans lemonde et les dieux ne doivent pas être accusés mais aimés.Comme le sage comprend et aime, dit Marc-Aurèle, «l'intelligence très bonne» qui a disposé touteschoses, il comprend et admire le monde même, oeuvre visible de cette intelligence invisible.

Et puisquetout est lié dans ce monde, puisque chaque chose «est dans un harmonieux concert avec l'ensemble », ilapprouve et aime ce qui arrive.

Le sage va au devant du destin et s'offre à lui, il se dévoue au tout.

S'ilpouvait, dit Épictète, embrasser l'avenir, il «travaillerait lui-même à sa maladie, à sa mort, à samutilation, sachant que l'ordre du tout le veut ainsi».

Bien plus, il y travaillerait gaiement, car le mondeest une grande fête, et il faut s'associer à sa joie.

Et Marc-Aurèle s'écrie de m ême : «Je dis au monde :j'aime ce que tu aimes, donne-moi ce que tu veux, reprends-moi ce que tu veux.

Tout ce quit'accommode, ô monde, m'accommode moi-même [...].

Tout ce que m'apportent les heures est pourmoi un fruit savoureux, ô Nature.

» § 2.

Bonheur et souverain bien dans la philosophie moderne. Les métaphysiciens de l'époque classique ne s'expriment guère autrement.

Descartes, très proche du stoïcisme, pose comme règle de samorale par provision', qu'il vaut mieux changer ses désirs que l'ordre du monde et, dans ses lettres à Élisabeth, il distingue entre l'heur,«qui ne dépend que des choses qui sont hors de nous» et la béatitude, qui consiste «en un parfait contentement d'esprit et unesatisfaction intérieure que n'ont pas ordinairement ceux qui sont les plus favorisés de la fortune, et que les sages acquièrent sans elle ».Malebranche écrit que « les devoirs que chacun se doit à soi-même peuvent se réduire en général à travailler à notre bonheur et à notreperfection », le bonheur résidant dans « la jouissance de plaisirs capables de contenter un esprit fait pour le souverain bien ».

Leibnizconsidère que « la nature a mis dans tous les hommes l'envie d'être heureux et que cette tendance innée coïncide avec l'inclination vers lebien.

On connaît enfin la célèbre proposition de Spinoza : «La béatitude n'est pas la récompense de la vertu, c'est la vertu elle-même»:conception du bonheur qui n'a rien d'empirique, car il s'agit de cet idéal du sage qui a réalisé son essence.

« La béatitude ne consiste enrien d'autre qu'en l'amour intellectuel de Dieu.. »

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