Théorie littéraire Starobinski Rousseau
Publié le 27/06/2023
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Théories Littéraires
SUJET : Vous commenterez la conception de l’œuvre littéraire ci-dessous en vous appuyant sur votre
expérience lecteur et sur vos lectures théoriques et critiques.
« L’œuvre littéraire n’appelle plus l’assentiment du lecteur sur une vérité interposée en « tierce
personne » entre l’écrivain et son public ; l’écrivain se désigne par son œuvre et appelle
l’assentiment sur la vérité de son expérience personnelle.
Rousseau a découvert ses problèmes ; il a
véritablement inventé l’attitude nouvelle qui deviendra celle de la littérature moderne (par-delà le
romantisme sentimental dont on a rendu Rousseau responsable) ; on peut dire qu’il a été le premier
à vivre d’une façon exemplaire le dangereux pacte du moi avec le langage ; la « nouvelle alliance »
dans laquelle l’homme se fait verbe ».
Un écrivain se peut être controversé comme Jean-Jacques Rousseau au XVIIIe siècle et toujours
de nos jours.
Ce n’est pas sans oublier le pamphlet diffamatoire où Voltaire attaque Rousseau sur sa
vie personnelle l’amenant à répondre par l’écriture des Confessions.
Lorsque Rousseau, commence
à rédiger son œuvre, il se trouve être isolé et en rupture avec la société de son époque.
Il est sous le
coup d’un mandat d’arrêt après que deux de ces ouvrages précédents viennent d’être condamnés.
Il
décide donc que la seule personne qui peut et doit le juger et arbitrer son écrit, est le lecteur, c’est
donc une démarche de transparence qu’il choisit d’entreprendre : « Je veux montrer à mes
semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi ».
Pour autant, la
véracité des Confessions a longtemps été synonyme de débats : Rousseau a-t-il vraiment tout dit ?
A-t-il été sincère ?
Eloigné de ces controverses qui portent un jugement sur Rousseau, Jean Starobinski, docteur en
médecine, et tout particulièrement en psychiatrie ainsi que professeur de littérature et théoricien de
la littérature du XXe siècle, est à l’origine de la thèse de lettres « La Transparence et l’Obstacle »
(1957) consacrée à Jean-Jacques Rousseau.
Dans cet écrit, Starobinski analyse l’œuvre de l’écrivain
dans son contenu, son sens, sans porter de jugement.
Starobinski écrit : « L’œuvre littéraire
n’appelle plus l’assentiment du lecteur sur une vérité interposée en « tierce personne » entre
l’écrivain et son public ; l’écrivain se désigne par son œuvre et appelle l’assentiment sur la vérité de
son expérience personnelle.
Rousseau a découvert ses problèmes ; il a véritablement inventé
l’attitude nouvelle qui deviendra celle de la littérature moderne (par-delà le romantisme sentimental
dont on a rendu Rousseau responsable) ; on peut affirmer qu’il a été le premier à vivre d’une façon
exemplaire le dangereux pacte du moi avec le langage ; la « nouvelle alliance » dans laquelle
l’homme se fait verbe ».
Starobinski, nous explique ici, qu’une œuvre appelle dorénavant à l’adhésion du lecteur sur la vie
de l’auteur et non plus sur celle d’un personnage « tierce personne » entre l’écrivain et le lecteur.
C’est grâce à l’écriture de soi, que l’écrivain se donne une identité propre.
Expliqué par Jean
Starobinski, Rousseau a découvert ses problèmes et à créer une nouvelle littérature moderne à
travers Les Confessions, donnant ainsi naissance à l’autobiographie moderne.
Nous serions tentés de penser que Rousseau a des précurseurs comme Saint-Augustin avec ses
Confessions s’adressant à Dieu, ou encore, Montaigne dans ses Essais où il rédige son autoportrait.
Rousseau, lui a créé un récit de vie avec divers évènements en revenant aux « origines », il a décrit
aussi la formation de sa personnalité, c’est en cela qu’il parvient à fonder l’autobiographie, cette
littérature nouvelle et moderne.
Enfin, Starobinski, explique que Jean-Jacques Rousseau « a été le premier à vivre d’une façon
exemplaire le dangereux pacte du moi avec le langage », il s’agit du pacte autobiographique
théorisé par Philippe Lejeune dans Le Pacte Autobiographique, (1975) ce dernier introduit donc
cette notion.
Selon lui, les auteurs établissent un pacte avec le lecteur.
L’écrivain se doit de faire honneur à la
confiance que lui accordera le lecteur en découvrant son autobiographie, à l’inverse, le lecteur doit
aussi être honnête et porter un jugement sincère concernant l’intimité de l’auteur racontée dans
l’autobiographie.
Concernant, le contenu il s’agit de ce que l’auteur pense vrai.
Le pacte
autobiographique peut être scellé de manière explicite dans une préambule, un incipit par exemple
ou implicite, le nom du narrateur-personnage doit correspondre à ceux de l’auteur.
: « Intus, et in
cute » (Intérieurement, et sous la peau), « Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple, et
dont l’exécution n’aura point d’imitateur.
Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute
la vérité de nature ; et cet homme ce sera moi », voici un exemple de pacte autobiographique extrait
des Confessions de Rousseau.
L’homme se fait verbe en se livrant au lecteur par le biais de
l’autobiographie.
Starobinski livre une analyse intérieure concernant l’écrivain avec d’un côté la notion de
transparence, volonté profonde de Rousseau et d’un autre l’obstacle/les obstacles que peuvent
rencontrer un auteur, ici, Rousseau particulièrement dans l’entreprise d’une autobiographie.
Cette
quête de transparence mêlée à des obstacles n’aboutirait pas un écueil de sincérité ? À une utopie
d’honnêteté ? Cela ne conduirait pas l’autobiographie à un devenir déjà condamné ? Voilà, ce à
quoi nous allons nous intéresser à l’appui de l’analyse de Starobinski.
Nous allons donc nous
pencher dans une première partie au projet ambitieux emmené par la quête de transparence qui nous
conduira aux obstacles auxquels elle peut se heurter.
Notre analyse se conclura sur les limites que
connait le genre de l’autobiographie.
Rousseau, un écrivain isolé pour un projet ambitieux emmené par le désir d’une quête de
transparence.
Une quête de transparence mêlée à une quête des origines.
Isolé lors de la rédaction des Confessions, Rousseau entreprend une quête de transparence à travers
son ouvrage.
En se confessant, ces derniers mettent en scène son innocence.
Rousseau fait
apparaître une nouvelle ère, personne n’avait en littérature évoqué son enfance, comment s’est
constitué sa personnalité, ses erreurs.
En cela, il fonde cette modernité mais aussi, en mettant en
avant une nouvelle relation avec le lecteur basée sur les émotions et les sentiments, ainsi émerge
une nouvelle sensibilité.
Il entreprend sa vérité personnelle comme étant la vérité de chacun d’entre
nous.
Starobinski dit : « L’œuvre littéraire n’appelle plus l’assentiment du lecteur sur une vérité
interposée en « tierce personne » entre l’écrivain et son public », l’universalité n’est donc plus
l’idéal de littérature surplombée par le genre autobiographique.
Rousseau à la recherche de la
transparence dans son plaidoyer entreprend une écriture cathartique (éliminer ses passions) ainsi,
qu’une quête d’identité, d’origines.
Il raconte sa jeunesse à l’aide de ses émotions qui fondèrent sa
personnalité.
Parfois même, des auteurs ne parlent que de leur jeunesse à l’image de Stendhal ou
Nathalie Sarraute.
Rousseau est animé par la volonté de répondre aussi aux attaques de ses
détracteurs en étant transparent.
« Puisque mon nom doit durer parmi les hommes, je ne veux pas qu’il y porte une réputation
mensongère, je ne veux point qu’on me donne des vertus ou des vices que je n’avais pas […].
J’aime mieux qu’on me connaisse avec tous mes défauts et que ce soit moi-même, qu’avec des
qualités controuvées, sous un personnage qui m’est étranger ».
Cet idéal de sincérité décrit par Starobinski n’est pas sans rappeler d’autres auteurs comme
Montaigne avec ses Essais ou encore Cavanna Ritals.
Extrait des Essais de Montaigne :
« Au lecteur,
Je veux qu’on m’y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire sans contention et artifice : car
c’est moi que je peins.
Mes défauts s’y liront au vif, et ma forme naïve, autant que la révérence
publique me l’a permis.
[…]
Ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière de mon livre : ce n’est pas raison que tu emploies ton
loisir en un sujet si frivole et si vain.
Adieu donc, de Montaigne ce premier de mars mil cent quatrevingts ».
Extrait de Ritals, Cavanna :
« Ce n’est rien que du vrai.
Je veux dire, il n’y a rien d’inventé.
Ce gosse, c’était moi quand j’étais
gosse, avec mes exacts sentiments de ce temps-là ».
Une quête de la transparence synonyme de controverses.
Rousseau se considère comme pionnier
de transparence en littérature en s’opposant à Montaigne.
« Je mets Montaigne à la tête de ces faux sincères qui veulent tromper en disant vrai.
Il se montre
avec des défauts, mais il ne s’en donne que d’aimables il n’y a point d’homme qui n’en ait
d’odieux.
Montaigne se peint ressemblant, mais de profil.
Qui sait si quelque balafre à la joue ou un
œil crevé du côté qu’il nous a caché, n’auraient pas totalement changé sa physionomie ».
(Préface
provisoire aux Confessions).
Ainsi, Rousseau soulève un questionnement sur la sincérité de l’autoportrait de Montaigne.
Rousseau relève que son entreprise « n’eut jamais d’exemple », il est donc conscient des problèmes
que pose l’écriture du moi, à ce titre, il se pose comme étant celui qui les....
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