Théophile de Bordeu1722-1776Les vocations des fils sont l'oeuvre des pères.
Publié le 22/05/2020
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Théophile de Bordeu
1722-1776
Les vocations des fils sont l' œ uvre des pères.
Il n'en est pas de meilleur exemple que la vie de
Théophile de Bordeu.
Dès que son père eut coiffé le bonnet doctoral à la Faculté de
Montpellier, il rejoignit son cher Béarn.
C'était un homme cultivé, ironique, qui adorait ses
montagnes.
Il soigna ses concitoyens, sans négliger ses concitoyennes.
Il eut ainsi beaucoup
d'enfants, dont dix-huit légitimes.
Ce médecin bon vivant attribuait sa vigueur et ses succès
thérapeutiques à la pureté de l'air de son pays et aux vertus des eaux minérales.
Il n'est donc
pas étonnant que le fils qui lui naquit le 21 février 1722, devînt le fondateur de l'hydrologie
moderne.
Cette naissance eut lieu à Izeste.
C'est là que Théophile passa son enfance et reçut de son père
la première formation médicale.
Tous deux partaient à l'aurore pour parcourir cette
campagne qu'Auguste de Bordeu appelait son laboratoire.
Le soir, la conversation reprenait
dans la grande salle où se trouvaient quelques livres — Rabelais, Montaigne, Plutarque,
Virgile, Corneille, Molière en étaient les plus précieux.
La place d'honneur était réservée à la
Bible du Concile de Trente où le père du jeune Théophile savait trouver de tout, même de la
médecine.
Ce médecin faisait bon marché de la littérature médicale.
Quelques thèses
rapportées de Montpellier, collées sur toile, lui constituaient alors un paravent.
Le plus bel éloge de l'enseignement donné à Montpellier se trouve dans le souvenir
reconnaissant que ce sage en avait gardé.
Il estimait que la médecine ne s'apprenait pas dans
les livres mais dans l'observation journalière ; aussi, dès que son fils eut atteint l'âge de
dix-sept ans, se hâta-t-il de l'envoyer à l'école où lui-même s'était formé.
N'est-ce pas la
preuve que la scolastique y était depuis longtemps oubliée ?
Théophile arriva en novembre 1739 à Montpellier.
Son intelligence, son élégance naturelle
l'imposent dès l'abord.
Il se passionne pour l'anatomie et donne bientôt des leçons à
quelques-uns de ses condisciples.
Il travaille.
“ Je ne sors, écrit-il, que pour dîner, aller à
l'Anatomie, à l'Université ; point de mail, point de vin, point de filles ”, et sans doute dit-il
vrai ; mais parfois, le rigorisme de cette existence se détend et dans une autre lettre il avoue
n'avoir, depuis un mois, rien fait que des dettes et c'est l'appel classique à la bourse
paternelle.
Par une pente que nous estimons toute naturelle, mais originale au temps de Bordeu, l'étude
de l'anatomie le conduisit à celle de la physiologie.
Son premier travail est sa thèse de
bachelier : Dissertatio phisiologica de sensu generice. La soutenance en fut brillante et le jury le
dispensa de plusieurs actes de scolarité.
Voilà comment, dès l'année suivante, il recevait le
6 décembre le titre de licencié et six jours après (12 décembre 1743) le bonnet doctoral.
Bordeu revint alors au pays.
L'ambition de son père était de le voir installé à Pau.
Il s'y essaya,
mais la jalousie, les chicanes sans nombre le rebutèrent et il revint à Montpellier.
Une
épidémie de variole facilita sa vie matérielle.
Il reçut le titre de professeur d'anatomie, ouvrit.
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