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Texte + Lecture linéaire - Parcours “Rire et savoir Candide, Voltaire (1759) - Incipit CHAPITRE I COMMENT CANDIDE FUT ÉLEVÉ DANS UN BEAU CHÂTEAU, ET COMMENT IL FUT CHASSÉ D’ICELUI

Publié le 29/02/2024

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« Texte + Lecture linéaire - Parcours “Rire et savoir Candide, Voltaire (1759) - Incipit CHAPITRE I COMMENT CANDIDE FUT ÉLEVÉ DANS UN BEAU CHÂTEAU, ET COMMENT IL FUT CHASSÉ D’ICELUI Il y avait en Vestphalie, dans le château de M.

le baron de Thunder-ten-tronckh, un jeune garçon à qui la nature avait donné les mœurs les plus douces.

Sa physionomie annonçait son âme.

Il avait le jugement assez droit, avec l’esprit le plus simple ; c’est, je crois, pour cette raison qu’on le nommait Candide.

Les anciens domestiques de la maison soupçonnaient qu’il était ls de la sœur de monsieur le baron et d’un bon et honnête gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle ne voulut jamais épouser parce qu’il n’avait pu prouver que soixante et onze quartier1, et que le reste de son arbre généalogique avait été perdu par l’injure du temps Monsieur le baron était un des plus puissants seigneurs de la Vestphalie, car son château avait une porte et des fenêtres.

Sa grande salle même était ornée d’une tapisserie.

Tous les chiens de ses basses-cours composaient une meute dans le besoin ; ses palefreniers étaient ses piqueurs ; le vicaire du village était son grand aumônier.

Ils l’appelaient tous Monseigneur, et ils riaient quand il faisait des contes Madame la baronne, qui pesait environ trois cent cinquante livres, s’attirait par là une très-grande considération, et faisait les honneurs de la maison avec une dignité qui la rendait encore plus respectable.

Sa lle Cunégonde, âgée de dix-sept ans, était haute en couleur, fraîche, grasse, appétissante.

Le ls du baron paraissait en tout digne de son père.

Le précepteur Pangloss était l’oracle de la maison, et le petit Candide écoutait ses leçons avec toute la bonne foi de son âge et de son caractère Pangloss enseignait la métaphysico-théologo-cosmolo-nigologie.

Il prouvait admirablement qu’il n’y a point d’effet sans cause, et que, dans ce meilleur des mondes possibles, le château de monseigneur le baron était le plus beau des châteaux, et madame la meilleure des baronnes possibles « Il est démontré, disait-il, que les choses ne peuvent être autrement : car tout étant fait pour une n, tout est nécessairement pour la meilleure n.

Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes ; aussi avons-nous des lunettes.

Les jambes sont visiblement instituées pour être chaussées, et nous avons des chausses.

Les pierres ont été formées pour être taillées et pour en faire des châteaux ; aussi monseigneur a un trèsbeau château : le plus grand baron de la province doit être le mieux logé ; et les cochons étant faits pour être mangés, nous mangeons du porc toute l’année.

Par conséquent, ceux qui ont avancé que tout est bien ont dit une sottise : il fallait dire que tout est au mieux. Les quartiers sont utilisés pour mesurer le “degré” de noblesse.

En général “un quartier” représente un membre de la famille noble.

Ici la demoiselle a donc estimé que son prétendant n’était pas assez noble car “seulement” 71 personnes de sa famille étaient nobles. » . . fi . ” . fi fi t fi . fi . 1 Intro: Ouverture du réci Rappel - Principales fonctions d’un incipit - Présenter cadre spatio-tempore - Présenter personnages principau - Donner la tonalité du récit Cet incipit contient tous les ingrédients du conte voltairien : ction, rire, perso simpli és et stéréotypés, et argumentation Ici tout commence dans un «Paradis terrestre» aux yeux du personnage éponyme, Candide.

Ce cadre servira de référence tout au long du récit pour Candide jusqu’à ce qu’il évolue par lui-même et construise sa propre vision du monde à la lumière de ses aventures Cependant, même si le lieu paraît idéal aux yeux du perso, des failles apparaissent pour le lecteur.

Elles annoncent d’ailleurs l'esprit critique et engagé de l’oeuvre Ici il s’agit d’initier la critique de la noblesse et du dogmatisme incarné par Pangloss Problématique possible: En quoi cet incipit annonce-t-il la portée argumentative de ce conte Point sur la structure du text Tous les membres de la famille de Candide forment comme une petite société et sont présentés.

Chaque paragraphe est dédié à un personnage.

Cependant l’ordre hiérarchique traditionnel n’est pas respecté.

En effet, l’ordre classique aurait voulu que l’on présente d’abord le baron, puis la baronne, le ls, la lle et en n Candide, enfant illégitime. Ici le 1er paragraphe est consacré à Candide.

C’est la seule présentation méliorative et un peu détaillée.

Cela le prédispose donc à être le héros. Le non respect de l’ordre traditionnel peut suggérer que cette famille ne mérite pas les égards que l’on réserve aux familles nobles, cela montrerait que cette famille ne possède pas de réel pouvoir.

Cette impression est con rmée par d’autres éléments qui vont donner la tonalité ironique du conte Cependant une structure plus globale se dessine qui renvoie au propos de l’ensemble du conte: le premier paragraphe est consacré au héros tandis que les suivants décrivent les personnages qui gravitent autour de lui et vont représenter des ennemis ou des obstacles objets de critiques de la part du narrateur.

On peut donc regrouper dans un même mouvement le portrait de la famille Thunder-ter-tronck et délimiter un dernier mouvement consacré à la philosophie de Pangloss On a donc I) Cadrage et présentation du héro II) Caricature d’une noblesse ridicul III) Un philosophe trop optimiste I) Cadrage et présentation du héro fi . . ) fi fi fi fi fi : . s x e s l e s . . » t . : ? : Les premières phrases annoncent le genre puisqu’on a une ouverture typique des contes - Formule type «Il y avait... - Château et membres de la noblesse (// roi, prince, princesse... - Aucun ancrage temporel préci - Candide incarne l’innocence : «Esprit le plus simple» + «jugement assez droit»+ «moeurs les plus douces» (superlatif mélioratif - Intervention du narrateur qui invite à distance critique et ironique.

Exemple d’intervention directe : «c’est, je crois, pour cette raison».

Procédé qui va se répéter régulièrement dans le récit.

On comprend donc ici quel ton va adopter le narrateur En effet, certains éléments viennent vite saper le cadre merveilleux esquissé par les éléments cités précédemment et introduisent une dimension critique.

On a alors un ton propre au conte philosophique: - Choix de la Westphalie, province allemande la plus pauvre - Nom ridicule du baron qui parodie la langue allemand (On peut y voir une moquerie de Voltaire, qui s’est brouillé avec Frédéric II, à l’encontre de la Prusse - Allusion aux origines illégitimes de Candide - Ragots des domestiques «soupçonnaient qu’il était le ls de la soeur de monsieur le baron».

Formulation pesante qui souligne l’aspect ridicule - Un héros stéréotypé au nom révélateur.

Tous les perso sont d’ailleurs construits sur ce modèle, mais seul Candide évoluera pour sortir du stéréotype - 1er trait d’ironie clair avec la négation restrictive dans “il n’avait pu prouver que 71 quartiers de noblesse” alors qu’on demandait en général 16 quartiers pour prouver son appartenance à la noblesse => On a ici une dénonciation des préjugés aristocratiques. Le nombre disproportionné des quartiers de noblesse exigés pour le mariage est d’autant plus ridicule que l’homme est quali é de «bon et honnête gentilhomme» et que le baron lui-même en possède 72 (mentionné dans le chapitre 15 II) Caricature d’une noblesse ridicul Ce mouvement est dédié à la présentation des personnages qui gravitent autour de Candide mais en réalité il dessine surtout une critique cinglante de la noblesse amorcée à la n du premier mouvement. Leurs noms traduisent aussi leur caractéristique principale comme pour Candid.... »

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