Sous le Soleil de Satan de BERNANOS (Résumé & Analyse)

« « Nous ne sommes point ces saints vermeils à barbe blonde que les bonnes gens voient peints, et dont lesphilosophes eux-mêmes envieraient l'éloquence et la bonne santé.

» Ce passage de Sous le soleil de Satan illustre laconception tragique que Bernanos se fait de la sainteté.

« Le témoignage du saint, souligne-t-il, est comme arrachépar le fer.

»L'adaptation cinématographique de Maurice Pialat, avec Gérard Depardieu et Sandrine Bonnaire, devait obtenir laPalme d'or du festival de Cannes, en 1987. La rencontre du saint et du damné : deux histoires parallèles, celle d'une jeune fille séduite par Satan et la lutteharassante d'un prêtre contre le péché. ContextePremière oeuvre de l'auteur, Sous le soleil de Satan développe déjà, dans un style puissant, les thèmes empreints deculture chrétienne chers à l'écrivain : esprits possédés, mysticisme, personnages prisonniers de leurs péchés, rachatdes fautes commises. Personnages principaux- Germaine Malhorty, dite Mouchette, petite provinciale gagnée par l'ennui ;- le marquis de Cadignan, aristocrate ;- le docteur Gallet, député de la contrée, bourgeois libidineux attiré par Mouchette ;- l'abbé Donissan, vicaire de campagne, bourreau d'ascétisme, rude et sauvage, personnage à l'âme inquiète dont seméfient ses supérieurs. RésuméUn long prologue sous forme de récit ouvre le roman, lequel s'articule ensuite autour de deux parties (le récit deMouchette, puis l'entrée en scène du vicaire).Mouchette, une jeune provinciale aventureuse, prise de révolte contre l'ennui du quotidien, se donne à unaristocrate, le marquis de Cadignan.

Elle se retrouve enceinte et se voit aussitôt repoussée par son amant.

Elle letue alors pour se venger, après lui avoir fait croire qu'elle était la maîtresse du docteur Gallet, ce qu'elle devienteffectivement peu de temps après.

Seule à porter son péché (personne ne voulant croire le crime qu'elle a commis),elle est frappée d'une crise d'hystérie et donne naissance à un enfant mort-né.

Prisonnière de son acte, elle devientalors possédée par le diable.

Le vicaire la délivre de sa possession en lui faisant dire son terrible secret.

"Libérée detout, même de son crime", Mouchette se donne la mort.

Devant ses paroissiens scandalisés, l'abbé portera le corpsde la mourante dans l'église. AdaptationCe roman a été adapté au cinéma par Maurice Pialat en 1987 : interprété par Gérard Depardieu et SandrineBonnaire, il a reçu la Palme d'or au festival de Cannes. Un prêtre ignorant mais visionnaireL'abbé Donissan est vicaire dans un village de l'Artois appelé Campagne.

C'est un prêtre étrange, fils de paysans,peu doué pour les travaux intellectuels, mais capable de voir au fond de l'âme de ses ouailles.

Il est méconnu par lahiérarchie ecclésiastique qui voit en lui un ignorant et un fanatique.

Seul son supérieur direct, l'abbé Menou-Segrais,un homme subtil et indépendant, comprend les dons exceptionnels du jeune curé et sa vocation de sainteté.

ACampagne vit également une belle adolescente farouche et orgueilleuse, Mouchette, fille d'un brasseur prospère.

Lajeune fille a été séduite par le don Juan du village, un marquis plutôt coureur, dont elle tombe enceinte.

Lorsqu'elles'aperçoit que son amant s'est moqué d'elle, elle n'hésite pas à le tuer. Une lumière infernaleEntre le prêtre et la jeune fille, le dia-JL À logue qui s'établit est celui du pasteur qui cherche à arracher une âmeaux puissances des ténèbres.

Car le titre du roman est significatif : tout le récit se déroule dans le clair-obscursurnaturel d'une lutte à mort entre un homme de Dieu et son ennemi personnel, le démon.

Chez Bernanos en effet,non seulement le diable et l'enfer existent, mais le premier peut prendre forme humaine.

L'abbé Donissan rencontreSatan une nuit, sous les traits d'un maquignon.

Surtout, il ne cesse de retrouver les traces de l'action diaboliquedans le comportement de ceux qui l'entourent.

Satan n'a rien ici d'un ange glorieux, bien que déchu, c'est un êtreminable qui se vautre le plus souvent dans la boue, la mesquinerie, les mensonges, la veulerie des êtres dont il prendpossession.

Il est pourtant assez malin pour « se servir des dons de Dieu », comme l'explique l'abbé Menou-Segrais,lorsqu'il a affaire à des créatures exceptionnelles comme les deux héros de ce livre.

Il y a, chez Bernanos, laconviction que le mal n'est pas seulement l'envers du bien, ou le néant, mais qu'il peut fasciner comme le bien : « Lemal, comme le bien - dit encore l'abbé Menou-Segrais - est aimé pour lui-même, et servi.

». »