Databac

Serait-il souhaitable que l'humanité parle une seule langue ?

Publié le 15/05/2020

Extrait du document

Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Serait-il souhaitable que l'humanité parle une seule langue ? Ce document contient 1764 mots soit 4 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Philosophie.

« [Introduction] C'est de nombreuses façons que la multiplicité des langues parlées dans le monde apparaît comme gênant lacommunication entre les hommes.

Si, en visite à l'étranger, j'ignore tout de la langue du pays et si de surcroît je suisincapable d'utiliser une autre langue que pourraient aussi connaître mes éventuels interlocuteurs (qu'il s'agisse del'anglais, de l'espagnol ou de n'importe quelle autre), je me trouve bien en peine.

ne serait-ce que pour demandermon chemin.

Plus sérieusement, c'est la connaissance que je peux essayer d'avoir des littératures étrangères quidépend de l'existence de traductions.

Or ces dernières ne sont pas forcément rapides.

On comprend que,périodiquement, certains esprits puissent admettre qu'une seule langue, parlée par tous les hommes, faciliterait leschoses. [I – Une communication facilitée] Il est évident que, si l'humanité dans son ensemble ne pratiquait qu'une seule langue, la communication neconnaîtrait plus aucun empêchement.

Où que je me trouve, je pourrais me faire comprendre des autres, et quelleque soit l'origine géographique de l'homme avec lequel je suis en contact, nous pourrions communiquer sansrencontrer la moindre difficulté.C'est d'ailleurs depuis des temps anciens que la multiplicité des langues est volontiers vécue comme une difficulté.Déjà, le mythe biblique de la Tour de Babel en souligne les conséquences : condamnés à ne plus se comprendre parla volonté de Dieu, les hommes sont incapables d'achever leur construction.

Outre que cette multiplicité a posé àcertains philosophes le problème de son origine et a suscité des hypothèses multiples, elle a aussi fait naître,périodiquement, l'espoir que puisse être constituée une langue « universelle ».On peut toutefois distinguer deux situations différentes : d'une part l'universalisation d'une langue naturellepréexistante ; de l'autre la mise au point d'une langue artificielle qui pourrait être pratiquée universellement.

Cesecond cas, si l'on en croit les tentatives qui ont eu lieu, est voué à l'échec : l'existence de deux projets distinctsde langue universelle (l'esperanto et l'ido) suffit à signaler dès le départ qu'il s'agit là d'une bien étrangeuniversalité...

Quant à l'universalisation d'une langue naturelle préexistante, elle semble ne pouvoir se produire qu'enconséquence d'une suprématie politique et économique de son pays d'origine — et de ce fait paraît immédiatementpeu souhaitable.Sans aller jusqu'à l'universalité, on dispose de quelques modèles de ce que peut être une langue étendue au-delà desa frontière nationale.

La notation mathématique est compréhensible assez vite, que le lecteur en soit français oupolonais : or, elle ne communique pas grand chose, puisque ses signes ne renvoient qu'à des définitions « vides »,dénuées de référents.

Autre cas évocable : dans les sociétés africaines traditionnelles, la multiplicité des languesest telle que les membres d'ethnies différentes ont recours, pour communiquer entre eux, à des langues dites «véhiculaires », communes à de vastes zones du continent (le wolof, le dioula en Afrique de l'Ouest).

Mais ceslangues de communication ne sont utilisées que dans des situations très quotidiennes (au marché, en voyage),lorsque le message à transmettre est simple ; dès qu'au contraire il s'agit de formuler des informations complexes(contenu, par exemple, des sagesses locales, récits traditionnels), le recours à la langue vernaculaire s'impose.La langue en effet ne sert pas seulement à communiquer : elle assure aussi des fonctions d'expression ; et il sembleque, plus la communication augmente, plus l'expression s'efface. [II - La langue est autre chose qu'un outil de communication] Toute langue renvoie à un fond culturel particulier ; la langue est, pour chacun de ses utilisateurs, une sorte demémoire culturelle qui lui rappelle son appartenance à un groupe, à une société.

Ainsi, elle n'est pas seulement unvocabulaire et un ensemble de structures grammaticales permettant de dire quelque chose ; son vocabulaire est desurcroît « hanté » par les souvenirs, même diffus, de ses chefs-d'oeuvre littéraires ; sa syntaxe correspond à undécoupage du réel, à une interprétation du monde.

On sait par exemple que la conception de la temporalitécorrespond pour un groupe aux possibilités de dire le temps que lui offre la grammaire de sa langue.D'autre part, toute langue naturelle est d'abord « maternelle », au sens où le locuteur entretient avec elle uncertain nombre de relations affectives, qui traduisent ses propres expériences.

Les connotations personnelles quej'ajoute plus ou moins consciemment aux mots témoignent à leur façon de mon histoire singulière, en maintiennentles échos dans mon langage.

Sans doute une telle relation n'est-elle pas inconcevable par rapport à une languemondialement pratiquée, mais l'aspect « maternel » de la langue signifie d'abord l'inscription d'un sujet dans uncontexte familial, lui-même situé de manière particulière dans un milieu linguistique, et il semble qu'un telemboîtement serait perdu dès lors que l'humanité ne parlerait plus qu'une seule langue.En troisième lieu, la langue propose à son locuteur des conditions de création.

Relativement aux formes officielles,chacun dispose de variantes possibles, qu'il peut utiliser aussi bien oralement, dans la vie de tous les jours, queprofessionnellement, lorsqu'on a affaire à un travail d'écrivain.

Pour ce dernier, la langue est d'abord un matériau,avec ses formes et ses sonorités spécifiques, et c'est ce matériau qu'il travaille, pour en livrer une version autre,mais néanmoins susceptible de s'inscrire dans la mémoire collective de sa langue nationale, et, par là, d'influencerpeut-être le langage de chacun de ses concitoyens.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles