RIRE

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Expression spontanée ou conventionnelle d'un état émotionnel, en général agréable. Le rire est une réponse innée, qui ne s'apprend ni par conditionnemento ni par imitationo et qui est communicative (« fou rire général «). Sa signification pre¬mière est le contentement, la détente, parfois la surprise. Il facilite la libération émotionnelle, comme les pleurs. Sa valeur de communicationo sociale ne se précise qu'ensuite : on rit, pour créer un écho, une résonance affective, ou, au contraire, pour traduire une agressivité latente sous une forme accepta 

 

ble ; pour se défendre contre l'angoisse ou simplement pour soulager une tension excessive. C'est ainsi qu'on peut passer du rire aux larmes.

La plupart des auteurs ont souligné cette ambiguïté du rire, chacun selon sa propre doctrine. Le rieur se sent supérieur à celui dont il se moque ; en manifestant son hilarité, il renforce le sentiment qu'il a de sa bonne adaptation au réel ; il en prend le monde à témoin et quête une approbation. Pour Bergson (Le Rire, P.U.F., 1940), le rire serait «du mécanique plaqué sur du vital « ; il résulterait d'un désaccord entre l'intelligence qui dissèque et l'intuition qui fait participer aux sentiments d'au¬trui. Pour Arthur Koestler (Le Cri d'Archimède, The Act of Creation, Calmann-Levy, Paris, 1965, page 22), il serait une décharge émotionnelle brusque devant une situation qui appa¬raît sous deux aspects incompatibles : « Un condamné jouait aux cartes avec ses gardiens. S'apercevant qu'il trichait, ils le chassèrent de la prison. « Dans cette vénérable plaisanterie utilisée par Schopenhauer, deux règles conventionnelles : « pour punir les criminels, on les enferme « et « pour punir les tricheurs, on les chasse «, l'une et l'autre logiques en elles-mêmes se heurtent dans cette situation.

Le rire peut avoir aussi une valeur thérapeutique, comme toute extériorisation de l'émotion ; car il souligne une rupture, une discordance, il désamorce les conflits, il « dédramatise « les situations. Par-là même il est un instrument de régulation sociale.

Le rire pathologique est mécanique et paradoxal. Il apparaît dans certaines affections caractérisées par une coupure avec le réel, comme la schizophrénie par exemple.