Réécriture Cyrano
Publié le 03/11/2021
Extrait du document
«
La salle, qui était au niveau d’excitation le plus culminant possible, soulevée par l’effervescence du
tableau qui se dressait devant elle, s’imposa de ne dire aucun mot, et de ne point déranger les deux
hommes qui étaient au devant de se livrer un duel des plus étonnant, mêlant la plume et l’épée.
L’assemblée fut réunie, unissant ainsi les différentes classes sociales, l’on pu y voir Ragueneau à
côté d’officiers mêlés, des femmes debout dans les loges et des pages perchés comme ils le pussent
sur des épaules pour bénéficier de la meilleure vue possible, et l’on ne put alors penser à autre chose
qu’a cet imminent duel.
Cyrano, qui était trop occupé à choisir ses rimes, ferma les yeux le temps d’un instant avant de
débuter cette querelle, et ne les rouvrit qu’une fois que ses rimes étaient apparues en son esprit.
Le poète entreprit alors de lier paroles et actes en décrivant la teneur de ses actions à son adversaire
le Vicomte.
Cyrano traversa alors la foule et se délesta de divers apparats tels que son couvre chef et
son caban, en les abandonnant lentement à certains spectateurs, qu’ils soient chérubins ou
demoiselles, qui se présentèrent alors au devant du poète.
Avec grâce ce dernier tira alors son épée
de son fourreau et prit le temps d’en faire l’éloge, prévenant ainsi son trépidant adversaire de
l’élégance et de l’agilité de ses armes, qui résident dans le maniement de la parole et de l’épée.
Le Vicomte, surnommé Mirmydon par le poète, fut averti de l’issue du combat, de manière
arrogante avec une affirmation qui ne le laissa pas indifférent.
Un peu devant le combat, Cyrano
s’exclama avec dédain que le duel se terminerait lorsqu’il aura touché son adversaire, à la fin de
l’envoi.
Arrivèrent ensuite les premiers engagements de fer, qui soulevèrent une horde de cris d’effroi
venant des spectateurs de cette bataille.
Cyrano ne quitta point son élégant espadon et entama un
poème peut être plus tranchant encore que la lame de son épée.
Le poète se questionna à voix haute
sur la partie du corps de son adversaire que son arme irait visiter, sans lasser d’offrir à ce dernier
divers surnoms affectueux qui ne laissèrent pas la foule indifférente.
Tantôt Mirmydon, tantôt
dindon, l’adversaire se vit habiller de diverses identités sans qu’il ne pusse répondre avec autant de
hardiesse à son interlocuteur tant il était concentré à exercer son arme, car un chevalier voyez-vous
ne peut se limiter qu’à une seule tâche s’il ne veut pas courir à la défaite.
C’est après avoir énuméré
des cibles potentielles, comme le flanc sous la maheutre ou le cœur caché derrière le bleu cordon de
l’habillement du Vicomte que Cyrano décidera finalement, non sans une pointe de suspense, étant
parfaitement au courant de l’attention dont fait preuve le public, la destination finale de sa pointe
voltigeuse, qui sera le bedon de ce malheureux dindon.
Le poète conscient de la représentation qu’il est en train d’effectuer, se permet d’exposer à
l’audience ainsi qu’au Vicomte le manque d’une rime en -eutre, véritable sacrilège pour un poète.
Cependant cette affirmation est assurément une fiable preuve de l’assurance du poète de se
permettre ainsi de considérer ces rimes en pleine querelle armée.
L’humiliation de l’adversaire, qui
tenta en vain depuis le commencement du duel de rendre la pareille à Cyrano, continua avec un
nouveau surnom choisi avec attention par le poète, qui lui permit de reprendre le fil de son poème
en s’inspirant du combattant qui lui faisait face, qui lui inspira d’autre mot que celui de pleutre.
La théâtralité de ce duel était telle qu’une troupe de comédiens aurait pu s’en inspirer pour une de
leurs futures représentations.
Le poète était aussi habile de ses mots que son adversaire n’était muet,
et Cyrano, se riant de lui, esquiva les attaques adverses tout en continuant de lui offrir à chaque
nouvelle strophe une identité subtilement avilissante.
Après Mirmydon, suivi de dindon, ce fut au
tour de Laridon de faire son entrée en scène.
Les attaques de Cyrano fusèrent de par sa bouche et
son épée, ce qui ne l’empêcha pas pour autant de ne pas avertir quiconque, tel un adage donné
religieusement par un prêtre, qu’à la fin de l’envoi du poète, la pointe de son épée irait rencontrer le
bedon du Laridon.
Il se raidit aussitôt que la phrase fut dite, et annonça solennellement le début de l’envoi, ce qui ne
fut pas sans provoquer un affolement général dans la salle.
Cyrano implore alors la bénédiction du.
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