Pour devenir heureux, faut-il ne pas chercher le bonheur ?

« Pour devenir heureux, faut-il ne pas chercher le bonheur ? On cherche à devenir heureux.

Si l’on devait définir ce qu’est le fait de devenir heureux, on penserait à un cheminement vers un état d’apaisement, de contentement, d’extase ou de jouissance où les souffrances et les peines seraient supprimées.

Au sens le plus répandu, le fait d’être ou de devenir heureux est souvent rapporté au bonheur, un concept difficilement définissable.

En effet, comme le disait Kant dans ses Fondements de la Métaphysique et des Mœurs (1785), « [L]e concept de bonheur est un concept si indéterminé, que, malgré le désir qu'a tout homme d'arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il désire et il veut.

».

Cependant, on peut différencier le bonheur d’autres concepts lui étant souvent attribués comme étant synonymes, tels que le plaisir, qui est plutôt l’expression d’un état émotionnel agréable de manière physique ; ou la joie, qui fait référence à un contentement de l’esprit.

On pense d’ordinaire que la quête du bonheur est la voie pour accéder à l’état heureux.

Cependant, on pourrait penser, de la même manière que Pascal l’a fait dans ses Pensées (1669), qu’à force de trop vouloir chercher le bonheur, nous anticipons l’avenir, au point de ne plus pouvoir apprécier l’instant présent, et nous ne devenons donc jamais heureux.

Comment comprendre alors que la quête du bonheur soit à la fois ce qui nous permet de devenir heureux, et ce qui nous empêche de l’être ? Nous verrons dans un premier temps que la quête du bonheur pourrait nous permettre de devenir heureux.

Toutefois, les limites de cette perspective nous conduiront à remarquer que rechercher le bonheur peut nous empêcher de devenir heureux.

Enfin, cette réflexion nous invitera à penser que, que l’on cherche le bonheur ou non, la souffrance est une étape nécessaire pour devenir heureux. Pour devenir heureux, il faut chercher le bonheur.

En effet, il existe beaucoup de visions différentes de la quête du bonheur, mais toutes ont pour objectif l’état heureux.

Par exemple, Emmanuel Lévinas, dans Totalité et Infini (1961), expose une vision du bonheur poétique et subtile : selon lui, le bonheur pour l’Homme réside en le fait de chercher l’Infini (opposé à la Totalité de l’Être, l’Infini est tout ce que l’Être n’est pas.

On ne peut l’atteindre, car il redeviendrait Totalité.

On sent la présence de l’Infini, on cherche à tendre vers lui sans Page 1 sur 5. »