Pièces d'identité de GOYTISOLO (Résumé & Analyse)

« Ce roman parut en 1966, en pleine dictature franquiste, ce qui donne une autre signification au titre du roman, àcôté de la tentative de reconstitution du « moi » : il marque aussi l'importance des pièces d'identité dans un Étatpolicier où il faut toujours justifier ses faits et gestes.

Le titre s'applique également au pays lui-même qui, dénaturépar le régime autoritaire et par le tourisme, est en quête de sa propre identité. Pièces d'identité explore le destin d'Alvaro Mendiola, proche de celui de l'auteur, ainsi que le destin collectif del'Espagne après la Guerre civile. La quête d'identité d'un exilélvaro Mendiola, de retour à Barcelone au début des années soixante après dix ans d'exil à Paris, essaie dereconstituer la vie de sa famille à l'aide de photos et de lettres.

Cette reconstitution éveille des souvenirs de sapropre vie et des considérations sur le destin de ses compatriotes et de son pays.

Issu d'une famille bourgeoise dontla richesse provient de l'esprit d'entreprise d'un arrière-grand-père émigré à Cuba, Alvaro passe une enfanceprotégée et pieuse, dont le calme déroulement est interrompu par la Guerre civile, au cours de laquelle son père esttué par des communistes, ce qui obligera sa famille à s'exiler dans le sud de la France.

Après une adolescencerévoltée vécue à Barcelone, il va vivre à Paris, où il devient photographe de célébrités pour France Presse etconnaît une grande passion partagée pour Dolores, une compatriote.

Il se rend ensuite à Yeste, en Espagne, faireun reportage qui se transforme en enquête sur la Guerre civile, car c'est dans ce village que son père a étéassassiné.

Lassé de l'existence vaine et sans but des intellectuels émigrés, il décide de faire un film documentairesur l'émigration économique.

Le récit se termine sur le projet de suicide d' Alvaro. Un puzzle de la mémoireL'interrogation du héros sur son être jl à travers les souvenirs personnels et collectifs coïncide avec une périodedécisive de son existence où il se sait malade et condamné à mort, où son amour pour Dolores est en train des'éteindre, et où, de retour à Barcelone et entouré d'amis ayant lutté et souffert, il ressent le vide de sa propre vie.Goytisolo utilise alternativement le « tu » par lequel le narrateur s'adresse à son personnage de manière affective etla troisième personne dans les épisodes où il se distancie davantage de lui.

La technique photographique, qu'Alvaromaîtrise, s' applique métaphoriquement à l'écriture du roman : le récit s'organise ainsi non pas chronologiquement,mais en brèves séquences autour d'un souvenir, d'un paysage, ou d'une conversation, suivant les caprices de lamémoire.. »