Paul SÉRUSIER:NATURE MORTE, POMMES ET CRUCHE.

« ·Paul SÉRUSIER NATU RE MOR TE, POM MES ET CR U CH E Cette nature morte insolite nous montre que Séru sier rie s 'intéressait pas seulement aux pa ysages bretons.

On y découvre son goût pour les tons sourds et mats.

A près avoir été successivement associé au synthétisme et aux nabis, Sérusier poursuit ses propres expérimentations picturales dans les années 191 O.

Alors que le cubisme est à son apogée, sa peinture reste figurative.

S'il s'inté­ resse comme les cubistes à la géométrisation des formes, il ne cherche pas comme eux à les analyser d'après de multiples points de vue.

Il reste avant tout guidé par un souci d'harmonie.

L'Œ UV RE Sérusier a di~posé les fruits et la cruche sur deux plans différents afin d'accentuer l'impres ­ sion de profondeur dans cette nature morte.

Au premier plan, une dizaine de pommes se déta­ chent sur une draperie ocre rouge.

A l'arrière­ plan, un bol de fruits semble en équilibre précaire sur un fond bleu pétrole.

Sur la gauche , une cruche bicolore se profile contre un mur ocre jaune.

Les motifs de la lourde dra­ perie distraient le regard de la nature morte elle-même.

Loin de jouer sur des contrastes de couleur violents comme dans sa jeunesse, Séru­ sier cherche à intégrer harmonieusement tous les éléments de sa toile.

Les verts et le bleu Symbolisme , nabis ...

Sérusier a été de tous les mouvements d'avant:9arde.

Mais il pouvait se laisser aller au simple plaisir de peindre une nature morte.

Paul SÉRUSIER 1864-1927 • Nature morle, pommes et cruche • Huile sur toile 65,5 cm x 82 cm • Signé et daté bord droit, ~P.

Ser 12 » • Peint en 1912 • Localisation: Paris, musée d'Orsay pétrole se marient parfaitemen t avec les ocres rouge et jaune.

Mais ces tons sourds et mats transforment les pommes et la cruche en de simples accessoires qui n'accrochent guère le regard.

On est loin des natures mortes révolu­ tionnaires de Cézanne.

Ma lgré ses recherches théoriques sur l'art, Sérusier aura tout au long de sa vie une conception nettement moins audacieuse de la peinture que le maître aixois.

LA CR ITIQUE Sérusier est surtout connu pour ses f[gures et ses paysages bretons, typiques de l'Ecole de Pont - Aven.

Mais beaucoup de critiques lui reprochent d'avoir privilégié la recherche théo­ rique au dét rimen t de la spontanéité.

Caroline Bayle-Turner, spécialiste du peintre, salue tout de même en lui «un artiste intelligent, instruit, cherchant à concilier ses propres répon ses intuit ives à la nature et un désir de découvrir des systèmes de pensée et d'expression pou­ vont être compris par chacun.» L'HISTOIRE La toile a été achetée à la galerie Druet par .

le musée du Luxembourg , en 1930.

Elle a été transférée au Musée national d'Art moderne, avant de rejoindre Orsay.

LA COTE Une autre nature morte de la même année, Fleurs et poires rouges, s'est vendue 158000 FF (28000 dollars) dans une vente aux enchères à Brest, en 1993.

Une huile du peintre se négocie en général entre 50000 FF (9000 dollars) et 1 million de francs français (180000 dollars).. »