Nouvelle-Calédonie (1988-1989)

« Ce territoire avait cristallisé toutes les préventions accumulées par l'histoire à l'encontre de la France dans le Pacifique. La "solidarité avec le peuple kanak" toutefois s'est estompée devant la nécessité de remettre de l'ordre dans les affaires intérieures de la totalité des pays mélanésiens ; mais ceux-ci avaient constitué un groupe dit du "Fer de lance" pour faire pression sur la France.

Sur le terrain même, la période de cohabitation politique (1986-1988) au sein du pouvoir central, à Paris, avait été très mal vécue et avait donné lieu à de multiples incidents dont le plus dramatique fut marqué par l'affrontement des indépendantistes et des forces de l'ordre dans l'île d'Ouvéa.

Le nouveau pouvoir socialiste, en 1988, a hérité d'une situation fort dégradée ; le sang répandu de part et d'autre laissait craindre l'impossibilité d'une négociation, davantage encore d'une réconciliation.

L'habileté du Premier ministre français Michel Rocard, et de son ministre des DOM-TOM fut de calmer le jeu même au prix de certaines mesures dilatoires, repoussant à un délai de dix ans les options définitives devant déterminer le statut de ce territoire.

L'approbation par indifférence fournie au pouvoir par l'abstention massive au référendum du 6 novembre 1988 n'a certes pas renforcé sa position mais elle lui a laissé les mains libres pour mener à bien des réformes que la lassitude et l'inquiétude des uns et des autres pourraient faire accepter sur le territoire, malgré l'opposition déterminée des extrémistes.

En mai 1989, l'assassinat de Jean-Marie Tjibaou et de Yiewéné Yiewéné, les deux principaux leaders indépendantistes, le jour anniversaire d'Ouvéa, a risqué de remettre en cause ce fragile optimisme.. »