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Montesquieu, Lettres Persanes, « Lettre XXXVIII »: En quoi cette lettre fictive argumentative présente la thèse de l'auteur au sujet de la liberté féminine et de ses rapports avec l'homme ?

Publié le 16/05/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Montesquieu, Lettres Persanes, « Lettre XXXVIII »: En quoi cette lettre fictive argumentative présente la thèse de l'auteur au sujet de la liberté féminine et de ses rapports avec l'homme ? Ce document contient 1284 mots soit 3 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Littérature.

« Demande d'échange de corrigé de Tourret Mélanie ( [email protected] ). \Sujet déposé : Montesquieu, Lettres Persanes, « Lettre XXXVIII »: En quoi cette lettre fictive argumentative présente la thèse de l'auteur au sujet de la liberté féminine etde ses rapports avec l'homme ? Au XVIIIème siècle, les Lumières diffusent un éclairage nouveau sur l'homme, en nette opposition avec l'obscurantisme.

Ce sont des philosophes quiabordent de nombreux thèmes politiques, sociaux et philosophiques, en se basant sur des valeurs telles que le progrès, la raison et la liberté.

C 'est ainsiqu'ils contestent les privilèges, notamment les abus de l'Église ou des nobles et qu'ils s'interrogent sur l'égalité des sexes et la condition féminine.Il n'est donc pas étonnant que Montesquieu, dans son roman épistolaire Lettres Persanes, consacre l'une d'entre elles, la « Lettre XXXVIII », écrite parRica à son ami Ibben, à la liberté féminine.Nous pouvons nous demander en quoi cette lettre fictive argumentative présente la thèse de l'auteur au sujet de la liberté féminine et de ses rapports avecl'homme.Dans un premier temps, nous verrons que ce texte est bel et bien une lettre argumentative puis nous examinerons le fait que l'auteur soutient ainsi la libertédes femmes.D'une part, ce texte présente une correspondance fictive et annonce une certaine argumentation, en apparence délibérative.

En effet, les caractéristiques propres à la forme épistolaire sont clairement visibles.

Tout d'abord, on peut voir le lieu d'expédition, correspondant àla ville de « Smyrne» clairement indiqué, ainsi que divers déictiques tel que « ce pays-ci» qui suggèrent un discours direct.

De plus, la situationd'énonciation est clairement déterminée, notamment grâce à l'expression « Rica à Ibben » qui nous permet d'identifier explicitement le locuteur et ledestinataire, ou bien grâce au terme « Mon cher Ibben » qui symbolise une certaine familiarité entre les deux personnages.

Le destinataire est impliqué dansle discours comme en témoigne l'emploi de la deuxième personne du singulier dans l'expression « Tu vois » mais le locuteur est également présent àtravers la première personne du singulier, comme dans l'expression « me disait l'autre jour un philosophe très galant ».

C’est ainsi qu'il modaliseson texte par des expressions comme « il me semble» et « il faut l'avouer ».

Le locuteur exprime également clairement ses sentiments, ce qui est visibledans l'expression «j'ai pris la goût» par exemple.

Dans cette lettre, on remarque aussi que l'expéditeur, Rica, recourt à de nombreuses citations, puisqu'ilrapporte les paroles de différents personnages entre lesquels il établit un réel dialogue, notamment à l'aide des phrases « les Européens disent [...] nosAsiatiques répondent».

Ensuite, l'argumentation de cette lettre est explicite.

En effet, le personnage ne manque pas de l'annoncer grâce à la répétition de la phraseemphatique « C'est une grande question» qu'il associe tout d'abord à « savoir s'il est plus avantageux d'ôter aux femmes la liberté, que de la leur laisser»ou bien de « savoir si la loi naturelle soumet les femmes aux hommes ».

La délibération est ensuite enclenchée par l'expression « il y a bien des raisonspour et contre ».

Rica renforce cette idée par l'expression « soutenir des opinions extraordinaires et [...] réduire tout en paradoxe ».

Donc ce texte de Montesquieu est une lettre porteuse d'une argumentation, en apparence délibérative.

Maintenant que nous avons vu qu'il s'agissait d'un apologue, c'est-à-dire d'un récit à visée argumentative, voyons en quoi l'auteur défend laliberté des femmes au moyen de discours rapportés.

D'une part, certains affirment que la femme doit être libre et l'auteur accorde à ces personnes une place majoritaire et une argumentation solide,fondée sur des arguments valables.En effet, les Européens, basés sur la « générosité », affirment qu'il ne faut pas « rendre malheureuses les personnes que l'on aime », ils utilisent ici unpremier argument de valeur.

Ils dénoncent ensuite l'emprisonnement des femmes à l'aide de l'expression « le grand nombre de femmes enfermées estembarrassant» et poursuivent en faisant l'éloge de l'infidélité, la comparant à « un sel qui pique et prévient la corruption» et la considérant commenécessaire pour empêcher « le dégoût ».

Ainsi, ils finissent par avancer un argument fondé sur un raisonnement par l'absurde, qui affirme que la femme doitêtre infidèle pour « dédommager [les hommes] en qualité d'amants ».Ensuite, le discours polémique du « philosophe très galant» soutient également la liberté féminine.

Il blâme les hommes à l'aide d'un vocabulaire péjoratif enrépétant notamment les termes « tyrannie» et « tyrannique », pour qualifier le pouvoir que les hommes ont sur elles.

Il s'indigne de cette situation qu'ilqualifie de « véritable injustice» et interpelle les hommes à l'aide des questions rhétoriques : « Pourquoi aurions-nous donc un privilège? Est-ce parce quenous sommes les plus forts? », soulignant ainsi le caractère ridicule de leur domination, d'autant qu'il considère que les femmes pourraient s'affirmer faceaux hommes si elles étaient éduquées, ce que met en relief l'expression « les forces seraient égales si l'éducation l'était aussi ».

Il fait un réel éloge desfemmes, complimentant leur « douceur », leur « humanité », leur « raison» et surtout leur « beauté» à laquelle il donne une portée « universelle] », lesconsidérant même comme « supérieur[ es] ».Pour finir, un argument historique soutient le fait que les femmes ont droit à la liberté, ce qui est explicitement énoncé par la phrase au présent de véritégénérale « les femmes ont toujours eu de l'autorité sur leurs maris ».

Il cite ainsi des exemples de civilisations: les deux premières sont introduites par leparallélisme « chez les Égyptiens, en l'honneur d'Isis, et chez les Babyloniens, en l'honneur de Sémiramis », la troisième est celle « des Romains qui [...]obéissaient à leurs femmes », et la dernière est annoncée par la prétérition « Je ne parle point des Sauromates, qui étaient véritablement dans la servitudede ce sexe ».

A travers ce catalogue, Rica montre que cette liberté n'est pas chose exceptionnelle et qu'elle a permis à de nombreuses nations defonctionner et de s'élever.

D'autre part, l'auteur rapporte la parole, de certains, qui contestent cette liberté, mais leur présence est plus faible, voire négligeable et leurargumentation est fragile.En effet, la thèse « des Asiatiques », qui affirment que l'homme ne doit « pas renoncer à l'empire que la nature leur a donné sur les femmes» n'est pasfondée, puisque ceux-ci ne présentent aucun véritable argument pertinent dans la mesure où leur thèse repose sur cette « loi naturelle» mais que leparagraphe suivant soutient que « la nature n'a jamais dicté une telle loi ».

Ils affirment que « les Européens ne sauraient être heureux avec des femmes quine leur sont fidèles », mais leur argument est immédiatement réfuté.

Ainsi, l'argumentation des Asiatiques n'est pas fondée ni structurée, elle est doncinefficace.

On en revient finalement à dire que si la femme est assujettie à l'homme, c'est seulement sur le plan religieux, étant donné que « le Prophète adécidé la question et a réglé les droits de l'un et de l'autre sexe».

C'est lui qui affirme que les hommes «'ont l'avantage d'un degré sur elles».

Ainsi, l'argumentation que porte cette lettre, même si elle paraît délibérative, présente en réalité la thèse de l'auteur qui est que les femmes sontégales à l'homme et méritent la liberté.

Donc, cette lettre fictive est un apologue: sous les traits d'un récit, elle présente la thèse de l'auteur sur la condition des femmes, leur liberté etleur égalité face à l'homme, qui est que les femmes méritent cette liberté.Ainsi, nombreux sont les auteurs, dans les siècles suivants, comme Simone de Beauvoir dans Le deuxième sexe, qui défendront cette opinion et qui, necraignant pas la censure, n'hésiteront pas à le faire au moyen d'une argumentation directe: d'un essai pour le cas de cette femme de lettres engagée.

\Sujet désiré en échange : Ponge, Le Parti pris des choses, « Les poêles ». »

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