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MERLEAU-PONTY: Si la parole présupposait la pensée

Publié le 15/05/2020

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« Si la parole présupposait la pensée, si parler c'était d'abord se joindre à l'objet par une intention de connaissance ou par une représentation, on necomprendrait pas pourquoi la pensée tend vers l'expression comme vers son achèvement, pourquoi l'objet le plus familier nous paraît indéterminé tant quenous n'en avons pas retrouvé le nom, pourquoi le sujet pensant lui-même est dans une sorte d'ignorance de ses pensées tant qu'il ne les a pas formuléespour soi ou même dites et écrites, comme le montre l'exemple de tant d'écrivains qui commencent un livre sans savoir au juste ce qu'ils y mettront.

Unepensée qui se contenterait d'exister pour soi, hors des gênes de la parole et de la communication, aussitôt apparue tomberait à l'inconscience, ce quirevient à dire qu'elle n'existerait pas même pour soi (...).

C'est en effet une expérience de penser, en ce sens que nous nous donnons notre pensée par laparole intérieure ou extérieure.

Elle progresse bien dans l'instant et comme par fulgurations, mais il nous reste ensuite à nous l'approprier et c'est parl'expression qu'elle devient nôtre. MAURICE MERLEAU-PONTY. Vous dégagerez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée : 1 - Les idées principales Le texte de Merleau-Ponty s'efforce de préciser le lien existant entre la pensée et la parole.

Il réfute l'opinion communément admise d'une penséeindépendante et antérieure à son expression par le langage.

Pour démontrer ce point de vue, l'auteur élève trois objections à cette hypothèse : d'abord uneobjection qui porte sur le fonctionnement interne de la pensée, ensuite un argument qui concerne le rapport de la pensée à l'objet extérieur ; enfin unargument qui touche à l'expérience du sujet lui-même. a) L'expression comme achèvement de la pensée On a longtemps pensé, pour des raisons liées à une métaphysique religieuse, que la pensée préexiste idéalement au langage, qui n'en serait que le véhiculedans la communication.

En d'autres termes, le langage ne serait pour rien dans l'élaboration de la pensée, il n'en serait que le serviteur.

Le cas des enfantssauvages, diverses observations sur la genèse de la pensée consciente ont permis de montrer qu'il existait sans doute un lien très étroit entre le langage etla pensée.

Merleau-Ponty développe l'argument en insistant d'abord sur la nécessité pour la pensée de trouver une expression adéquate.

Tout se passecomme si la pensée ne trouvait son identité véritable qu'au terme d'une mise en forme linguistique : l'approximation de langage serait considérée commeune insuffisance de la pensée par la pensée elle-même.

La recherche de l'expression appropriée est donc considérée par Merleau-Ponty comme l'indice dela connexion entre langage et pensée. b) Les rapports de la pensée et de l'objet Le second argument de Merleau-Ponty porte sur le rapport entre la pensée et le monde extérieur.

L'homme ne parvient à s'approprier psychiquement lesobjets qui l'entourent que s'il les nomme.

A la limite, penser serait donner un nom à chacun des éléments qui nous environnent: « l'objet le plus familier nousparaît indéterminé tant que nous n'en avons pas retrouvé le nom ».

C omme le note le linguiste E.

Benveniste, le langage est la seule médiation qui rattachel'homme à l'univers dans lequel il vit : nommer et comprendre deviennent des opérations identiques.

Le monde extérieur ne devient un ensemble organiséque par l'action de l'homme qui y introduit des rapports, une cohérence logique.

Or, celle-ci n'est possible qu'au travers d'un langage : l'exemple, cité par E.Benveniste, des rapports entre les catégories de l'Etre selon Aristote et celles de la syntaxe grecque, paraît montrer qu'il existe plus qu'un lien entre lamanière dont on pense et celle dont on parle.

Les catégories linguistiques paraissent exercer une influence déterminante sur la perception de l'univers.Ainsi le prisme des couleurs, et donc la vision que nous en avons sont liés au lexique que nous possédons pour les nommer. C) L'expérience du sujet L'auteur évoque enfin l'expérience du sujet lui-même lorsqu'il tâtonne pour donner forme à sa pensée dans la communication.

Selon Merleau-Ponty, le sujetne prend totalement conscience de sa propre pensée que lorsqu'il la formule.

Toute pensée non encore mise en mots reste partiellement inconsciente.L'intention de communication n'est pas suffisante pour donner à la pensée sa consistance.

Tel est le sens de l'exemple de l'écrivain : ce dernier a bien en luiune intention de communication, il se met à écrire, mais sans connaître le contenu de sa pensée : l'intention précède la constitution de la pensée, elle n'enest pas, à elle seule, l'intégralité.

Que dire alors de ce qui préexiste à la mise en forme de la pensée ? Merleau-Ponty évoque la progression par «fulgurations » de la pensée antérieure à l'expression.

Mais ce phénomène est de l'ordre de l'intuition instantanée : il disparaîtrait aussitôt dans le néantsans l'intervention du langage.

2 - Eléments de discussion L'autonomie de la pensée L'analyse de Merleau-Ponty pose le problème de l'identité ou la différence entre langage et pensée.

C onsidérer que la pensée ne peut exister sans lelangage ne conduit-il pas à ce danger que souligne Sartre : la disparition de l'individu au profit des structures linguistiques ? En d'autres termes, il faudrait analyser avec précision ce qui relève de la langue, en tant que structure extérieure au sujet, et la pensée qui se réapproprieindividuellement la langue.

Dans la perspective structuraliste, le problème ne se pose pas vraiment puisque le sujet paraît s'effacer derrière la langue qu'ilmet en oeuvre.

Dans la perspective de Sartre, au contraire, il faut admettre une interaction entre les deux, et considérer que l'intention de communicationgarde une autonomie par rapport à la langue. Une interaction Si, en effet, il faut parler pour penser, et inversement, il faut admettre que le processus est circulaire.

La pensée ne peut se constituer qu'au travers dulangage, elle prend forme, s'élabore et prend conscience d'elle-même en se parlant.

Mais le langage est lui-même une création de l'homme, il véhicule unepensée qu'il faut présupposer.

Par conséquent, dans les deux cas, l'antériorité doit être postulée, mais elle est en même temps impossible à admettreabsolument. Il faut supposer, par conséquent, que le rapport entre langage et pensée est un processus permanent d'intériorisation et d'extériorisation par le sujet quiproduit sa pensée dans le cadre du langage, mais s'approprie le langage en tant que donnée objective et le dépasse.

Cette interaction dialectique quepropose Sartre s'oppose à la vision structuraliste qui tend à identifier les deux choses. C) La dimension inconsciente Il resterait à analyser les liens qui existent entre langage et inconscient.

En effet, la structuration linguistique de la pensée inconsciente a été mise enévidence par divers psychanalystes.

Il n'est donc pas nécessaire que la pensée soit consciente et exprimée ouvertement pour exister.

Peut-on accepterl'idée que dans ce cas elle « n'existerait pas même pour soi » ? Le mécanisme analysé par Merleau-Ponty se situe dans une problématique de la conscience, il ne prend tout son sens que dans cette perspective.. »

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