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Merleau-Ponty: Dans l'experience du dialogue...

Publié le 15/05/2020

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« Dans l'expérience du dialogue, il se constitue entre autrui et moi un terrain commun, ma pensée et la sienne ne fontqu'un seul tissu, mes propos et ceux de mon interlocuteur sont appelés par l'état de la discussion, ils s'insèrent dans uneopération commune dont aucun de nous n'est le créateur.

Il y a là un être à deux, et autrui n'est plus ici pour moi unsimple comportement dans mon champ transcendantal", ni d'ailleurs moi dans le sien, nous sommes l'un pour l'autrecollaborateurs dans une réciprocité parfaite, nos perspectives glissent l'une dans l'autre, nous coexistons à travers unmême monde.

Dans le dialogue présent, je suis libéré de moi-même, les pensées d'autrui sont bien des pensées siennes,ce n'est pas moi qui les forme, bien que je les saisisse aussitôt nées ou que je les devance, et même, l'objection que mefait l'interlocuteur m'arrache des pensées que je ne savais pas posséder, de sorte que si je lui prête des pensées, il mefait penser en retour.

C'est seulement après coup, quand je me suis retiré du dialogue, et m'en souviens, que je puis leréintégrer à ma vie, en faire un épisode de mon histoire privée, et qu'autrui rentre dans son absence, ou, dans la mesureoù il me reste présent, est senti comme une menace pour moi. • Dans cet extrait, Merleau-Ponty montre que le langage dialogué permet d'instituer une communauté intersubjective : lacommunication avec autrui va favoriser les échanges sur fond de « terrain commun ».

Ce « terrain commun » est lemonde que nous partageons, sur lequel nous avons sans doute des points de vue différents, mais qui est le nôtre.

Nefaire « qu'un seul tissu » ne signifie pas que nos pensées sont identiques, mais simplement qu'elles s'entrecroisentcomme les fils d'une trame dont le dialogue permet le tissage.

Par ce dialogue, par le langage, autrui sort de la solitudeet existe en tant que sujet pensant pour moi, il n'est plus alors « pour moi un simple comportement », un simple objet,mais mon alter ego (nos perspectives « glissent l'une dans l'autre ») et en même temps ma différence (autrui). • L'expérience du dialogue avec autrui est aussi l'expérience d'une révélation : la confrontation des pensées estfructueuse, elle fait accoucher d'autres pensées dont on ne se savait pas gros.

Loin d'être un obstacle, autrui me délivre de « pensées que je ne savais pas posséder », de faussetés que j'ignorais et qui sont mises au jour à travers l'échange et la communication des pensées.Cette révélation, seulement possible par le dialogue, me donne alors à penser de nouveau et mieux.

C'est par autrui que je prends conscience de mapensée, donc, de moi-même.

C'est dans et par le dialogue que ma pensée devient telle.

Sans autrui, ma pensée et mon existence ne seraient en définitiveque virtuelle. • Pourquoi autrui est-il « senti comme une menace pour moi » ? La pensée d'autrui, à partir du moment où elle est énoncée, est un chalenge à la mienne etce, particulièrement lorsqu'elle se présente à moi sous la forme d'une critique de mon jugement, de mes certitudes.

C'est, nonobstant, de l'opposition desdiscours que naîtront les pensées les plus abouties, les plus fécondes, que la pensée pourra se réaliser pleinement.

Même absent, autrui, parce que nousavons échangé des idées avec lui, continue d'influencer mon raisonnement intérieur et à le faire progresser. • « Un bébé de quinze mois ouvre la bouche si je prends par jeu l'un de ses doigts entre mes dents et que je fasse mine de le mordre.

Et pourtant, il n'aguère regardé son visage dans une glace, ses dents ne ressemblent pas aux miennes.

C'est que sa propre bouche et ses dents, telles qu'il les sent del'intérieur, sont d'emblée pour lui des appareils à mordre, et que ma mâchoire, telle qu'il la voit du dehors, est d'emblée pour lui capable des mêmesintentions.

La morsure a immédiatement pour lui une signification intersubjective.

Il perçoit ses intentions dans son corps, mon corps avec le sien, et par làmes intentions dans son corps.[…] En tant que j'ai des fonctions sensorielles, un champ visuel, auditif, tactile, je communique déjà avec les autres, pris aussi comme sujetspsychologiques.

Mon regard tombe sur un corps vivant en train d'agir, aussitôt les objets qui l'entourent reçoivent une nouvelle couche de signification : ilsne sont plus seulement ce que je pourrais en faire moi-même, ils sont ce que ce comportement va en faire.

Autour du corps perçu se creuse un tourbillon oùmon monde est attiré et comme aspiré : dans cette mesure, il n'est plus seulement mien, il ne m'est plus seulement présent, il est présent à X, à cette autreconduite qui commence à se dessiner en lui.

Déjà l'autre corps n'est plus un simple fragment du monde, mais le lieu d'une certaine « vue » du monde.

Il sefait là-bas un certain traitement des choses jusque-là miennes.

Quelqu'un se sert de mes objets familiers.

Mais qui ? Je dis que c'est un autre, un secondmoi-même et je le sais d'abord parce que ce corps vivant a même structure que le mien.

J'éprouve mon corps comme puissance de certaines conduites et d'uncertain monde, je ne suis donné à moi-même que comme une certaine prise sur le monde ; or c'est justement mon corps qui perçoit le corps d'autrui et il ytrouve comme un prolongement miraculeux de ses propres intentions, une manière familière de traiter le monde ; désormais, comme les parties familières demon corps forment un système, le corps d'autrui et le mien sont un seul tout, l'envers et l'endroit d'un seul phénomène et l'existence anonyme dont moncorps est à chaque moment la trace habite désormais ces deux corps à la fois.

» Merleau-Ponty, « Phénoménologie de la perception ». Les analyses de Sartre, si belles soient-elles, ne prennent pas en compte l'aspect charnel de la rencontre d'autrui: dans sa description, un pur regarddésincarné m'impose brutalement le statutd'objet, de chose.

Merleau-Ponty, réagissant contre ce type d'analyse, tente au contraire de fonder au niveau du corps la rencontre d'autrui.

Mais on nerevient pas pour autant à Husserl: il ne s'agit pas de mon corps mais de la dimension corporelle en général, telle que moi et les autres y participons. POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE L'argumentation générale du texte s'appuie sur un exemple.

Le geste de « morsure » (seulement esquissé par un mouvement des dents: « A ttention, je vaiste mordre ») est immédiatement compris par l'enfant, mais sans raisonnement aucun (il n'a pas « comparé» sa bouche avec celle de l'adulte pour savoir queles deux bouches se ressemblent et peuvent mordre toutes les deux).

Le geste de morsure est donc immédiatement perçu comme une possibilité de sonpropre corps (« Mon corps aussi sait mordre »).

Ainsi, il n'y a pas un «tu peux mordre » opposé à un « je peux mordre », mais une possibilité générale de «mordre » qui réside dans mon corps et dans le corps de l'autre.

C ette possibilité, puisqu'on en perçoit l'existence dans tous les corps, est donc la propriétéd'une dimension corporelle en général.Or, pour Merleau-Ponty, c'est à ce niveau de corporéité anonyme, pré-personnelle (en tant qu'elle n'est pas «mienne» exclusivement, pas plus que«sienne») que s'établit la possibilité de communication avec autrui.Le paragraphe suivant reprend la démonstration sur l'exemple plus général de la perception du comportement d'autrui (par exemple, je vois quelqu'un porterdes paquets, s'impatienter devant un magasin, etc.).

C ette perception se fait par un décentrement du Je: je comprends ce qui se passe là-bas parce que jem'y projette, parce que je n'y assiste pas comme à un spectacle objectif auquel je resterais étranger, me contentant de regarder de loin et de juger.

J'y voistoujours le prolongement d'une activité dont je ressens immédiatement en moi la possibilité (mon corps aussi connaît la lourdeur des paquets à porter, ledésagrément d'une attente trop longue, etc.).. »

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