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MACHIAVEL ou La fondation de l'Etat par Joël Wilfert

Publié le 16/06/2020

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« Le penseur politique de la modernité La réputation de Machiavel est désastreuse. L'adjectif machiavélique qualifie ordinairement un comportement cynique et immoral, au service de la passion de domination, dont la formule serait : la fin justifie les moyens : « Il n'est certes pas le premier, écrit Léo Strauss, à exprimer de telles opinions. Elles appartiennent à un type de pensée et de pratique politiques aussi vieux que la vie politique elle-même. Mais aucun philosophe n'avait appuyé de son nom tout ce qui appartient à ce type de pensée et de pratique, à tel point que son nom y est désormais communément associé. Il fait figure de classique du mal dans la pensée et la pratique politiques. Calliclès et Thrasymaque, qui avancèrent la doctrine pernicieuse derrière des portes closes, sont des personnages de Platon ; les ambassadeurs athéniens, qui soutinrent les mêmes positions sur l'île de Mélos en l'absence du peuple, sont des personnages de Thucydide. Or Machiavel consacre ouvertement une théorie perverse que les Anciens enseignaient à mots couverts ou du moins en donnant les signes de la plus grande défiance. Il parle en son nom propre et tient des propos scandaleux que les Anciens mettaient dans la bouche de leurs personnages. Lui seul a osé en faire un livre et le signer. » (Pensées sur Machiavel, P. 42). Des siècles d'analyse ont réhabilité le penseur, mais ne l'ont pas totalement acquitté. En effet, Machiavel ne peut être compris que si l'on sait qu'il envisage d'abord la fondation, ou la réforme, de l'Etat et non son fonctionnement normal qui doit, selon lui, être le règne de la loi. L'apport décisif de Machiavel, ce qui scandalisa la plupart de ses contemporains, est le refus de référer les règles de la pensée politique à une morale naturelle ou à un ordre religieux transcendant. Il affirme qu'il faut penser la politique sur son plan et il est, en cela, le père de la pensée politique moderne. L'homme sans l'Etat n'est qu'une brute avide et sans loyauté, sans morale et sans religion. Seule la vie sous des lois peut être honnête et libre. Il y a donc deux situations à considérer : celle où règne la loi dans laquelle il ne saurait être question d'utiliser des moyens « extraordinaires » (Discours sur la première décade de Tite-Live, 1-34) et celle où l'Etat est détruit ou en passe de l'être, comme, selon Machiavel, c'était le cas dans l'Italie du seizième siècle. Florence, dont Machiavel a été l'historien (Histoires florentines) n'a pas su maintenir ses institutions républicaines, Milan s'est donnée à une famille d'aventuriers, et le Saint-Siège, puissance temporelle, a démoralisé le peuple à cause de la dépravation des mœurs de sa cour. Ce peuple si capable de maintenir les institutions (Discours sur la première décade de Tite-Live, 1-5), quand il vit sous la loi, ne peut accomplir le redressement. Pour cela un homme seul est nécessaire (Discours sur la première décade de Tite-Live, 1-9), capable de chasser les étrangers (Français, Impériaux, Espagnols), de réduire au silence les gentilshommes de sac et de corde, inutiles parasites, et d'unifier l'Italie. Cet homme, Machiavel a cru un moment le trouver en la personne de Laurent II de Médicis, après en avoir observé le modèle presque parfait en celle de César Borgia, mort trop tôt, aventurier sans scrupules mais génial et qui n'échoua que par malchance. Ceci explique que Machiavel, fervent républicain, secrétaire durant quinze ans de la république de Florence, ait interrompu un ouvrage consacré au gouvernement des républiques (Discours...) pour dédier à Laurent son Prince. Le héros et sa virtù L'homme qui entreprend d'agir ne peut avoir qu'un seul mais puissant motif : la gloire, seule digne du héros. L'ensemble des qualités requises : audace, courage, détermination, constitue la virtù, qui ne renvoie pas, selon Machiavel, aux qualités du sage ou du saint, et serait mieux rendue en français par le terme de valeur que par celui de vertu. La Fortune étant changeante, l'homme d'action devra faire preuve d'une remarquable adaptabilité, il devra « régler sa conduite sur le temps » (Le Prince, 25). Seul le prince qui saura changer de méthode selon les circonstances, et déjouer ce subtil piège de la fortune qu'on appelle caractère, qui fait qu'on préfère systématiquement le coup d'audace ou- la temporisation, s'en rendra le maître. L'art de l'action s'éclaire par la connaissance de l'histoire, car les hommes ne changent pas ; mais il ne s'apprend pas comme une science, — et la prudence, partie importante de la virtù, reste toujours nécessaire. Il reste qu'à tout prendre, le caractère audacieux est le meilleur : « car la Fortune est femme, elle ne cède qu'à la violence et à la hardiesse » (Le Prince, 25). Les hommes sont méchants « Tous les écrivains qui se sont occupés de législation — et l'histoire est remplie d'exemples qui les appuient — s'accordent à dire que quiconque veut fonder un Etat et lui donner des lois, doit supposer d'avance les hommes méchants et toujours prêts à déployer ce caractère de méchanceté toutes les fois qu'ils en trouveront l'occasion. » (Discours..., 1-3). Exposé ainsi, dans sa crudité, le principe a pu passer pour cynique. Plus qu'une affirmation métaphysique (la nature humaine est mauvaise) il s'agit du principe fondamental de toute action et de toute législation : toujours... .. .»

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