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KANT ou La liberté comme clef de voûte par Joël Wilfert

Publié le 17/06/2020

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« Lorsque tu vas à l'aventure, laisse quelque trace de ton passage, qui te guidera au retour... Mais si tu arrives à un endroit infranchissable ou dangereux, pense que la trace que tu as laissée pourrait égarer ceux qui viendraient à la suivre. Retourne donc sur tes pas et efface la trace de ton passage. Cela s'adresse à quiconque veut laisser en ce monde des traces de son passage. Et même sans le vouloir, on laisse toujours des traces. Réponds de tes traces devant tes semblables ! René Daumal, Le Mont Analogue. Un penseur sédentaire... Emmanuel Kant naquit le 22 avril 1724 à Kônigsberg en Prusse orientale (maintenant Kaliningrad en Russie). Quatrième des onze enfants d'une famille très humble, il ne quitta pratiquement jamais sa ville natale où il fut écolier, étudiant, professeur à l'université et où il mourut en 1804 ; sa tombe porte cette inscription : « Le ciel étoilé au-dessus de moi, la loi morale en moi ». Kant organisa sa vie de manière rigide ; il n'aurait changé qu'une seule fois l'itinéraire de sa promenade quotidienne, afin d'aller au devant du courrier apportant les nouvelles de la Révolution française. ... mais un extraordinaire novateur Cette vie bien réglée a donné souvent l'occasion de moquer le philosophe célibataire et sédentaire comme si sa terne vie faisait ressortir, par contraste, le libre esprit curieux du critique dont la vie aventureuse consiste à emprunter, à chaque vacance, une ligne aérienne. Nous n'entonnerons pas ce refrain ; Kant, de sa petite ville universitaire, nous a conviés à un voyage d'une toute autre portée : il nous a imposé un tel changement de perspective qu'il a pu le comparer à celui réalisé par Copernic en astronomie. De ce voyage-là nous ne sommes pas revenus tels que nous étions partis, nous ne serons plus jamais comme avant. La carrière littéraire de Kant est traditionnellement divisée en deux parties : la période pré-critique et la période critique. Les écrits pré-critiques, reniés en quelque sorte par Kant, n'ont plus qu'un intérêt historique, nous nous sommes donc dispensés d'y faire allusion. La métaphysique Dans la préface à la seconde édition de la Critique de la raison pure, Kant constate que les mathématiques, la physique, la logique, sont de véritables sciences, ce dont on s'assure en constatant leurs progrès et leurs résultats ; mais que la métaphysique est bien loin de présenter un bilan aussi satisfaisant. Pourtant l'intérêt de l'homme pour la métaphysique dépasse de très loin tous les autres au point « (qu'j elle est cependant plus ancienne que toutes les autres et (qu') elle subsisterait quand bien même toutes les autres ensemble seraient englouties dans le gouffre d'une barbarie entièrement dévastatrice ». (Critique de la raison pure, P.U.F., trad. Trémesaygues et Pacaud, Préface à la seconde édition p. 18). Il ne s'agit donc pas de la ruiner, comme on en a parfois (à tort) fait grief à Kant, mais de l'établir sur des bases neuves. Peut-être, nous confie-t-il dans cette même préface, ne s'est-on, jusqu'ici, que trompé de route. Il faut, si l'on veut garantir une vérité à l'aspiration la plus haute de la raison humaine se livrer à une véritable critique du pouvoir de la raison, et voir comment celle-ci peut éventuellement s'illusionner, puisque l'échec historique de la métaphysique tendrait à prouver qu'elle s'illusionne souvent. Il s'agit donc de se demander si la métaphysique, c'est-à-dire une « connaissance spéculative de la raison, tout à fait isolée et qui s'élève complètement au-dessus des enseignements de l'expérience par de simples concepts » (Critique de la raison pure, Préface à la seconde édition) est tout simplement possible en tant que connaissance (cf. in Jugements : Bergson), alors que le problème, pour les disciplines comme les mathématiques ou la physique newtonienne, est seulement de savoir comment elles sont possibles, car elles sont des sciences quoique leur intérêt pour nous soit infiniment moindre. La dialectique de la raison pure « Il y a toujours eu, et il y aura toujours, dans le monde, une métaphysique mais toujours aussi on trouvera, à côté, une dialectique de la raison pure qui lui est naturelle. » (Critique de la raison pure, Préface à la seconde édition p. 25). Kant appelle dialectique une logique de l'apparence, par opposition à l'analytique qui est une logique de la vérité. On ne saurait mieux dire donc que la pensée est vouée à une inévitable illusion lorsqu'elle s'aventure sur des chemins qu'elle emprunte cependant nécessairement. L'intérêt de la métaphysique se porte sur trois objets essentiels : l'âme, le monde et Dieu ; il s'agit d'obtenir une connaissance de ces trois objets, dont cependant aucun n'est donné dans l'expérience, et ce, à l'aide de simples concepts. A ces objets correspondent dans la tradition philosophique trois sciences appuyées sur un raisonnement à partir des concepts à l'exclusion de tout recours à l'expérience : la psychologie rationnelle, la cosmologie rationnelle, et la théologie rationnelle. A partir du seul texte «je pense », Descartes conclut : je suis, mais aussi, je suis une chose qui pense, une substance dont toute l'essence n'est que de penser ; et de même, à l'aide de la seule idée d'un être souverainement parfait, il conclut à l'existence nécessaire de cet être. Un tel savoir est bien séduisant en ce qu'il n'a pas recours à l'expérience (il est a priori) et nous représente les objets les plus élevés auxquels puisse accéder l'humanité. Il faut rendre compte toutefois du fait troublant que les métaphysiciens n'aient jamais pu se mettre d'accord. L'analyse des raisonnements métaphysiques montrera à Kant que la raison ne peut légiférer a priori sur de simples concepts (moi, monde, Dieu), que la psychologie rationnelle est basée sur une série de paralogismes (c'est-à-dire d'erreurs logiques), que dans la cosmologie rationnelle, la raison s'embarrasse au point de s'opposer à elle-même dans des antinomies, c'est-à-dire qu'elle peut soutenir tour à tour deux thèses parfaitement contradictoires ; il est par exemple impossible de décider s'il est nécessaire d'admettre une causalité libre ou si tout arrive dans le monde suivant les lois de la nature. La dernière discipline métaphysique, la théologie rationnelle n'aboutit pas davantage ; aucune des preuves de l'existence de Dieu n'est concluante pas même la plus célèbre et brillante d'entre elles dite preuve ontologique qui consiste à tenter de déduire du concept de Dieu son existence nécessaire, qui ne nous fait pas vraiment sortir du concept : « Par conséquent la preuve ontologique (cartésienne) si célèbre, qui veut démontrer par concepts l'existence d'un Etre suprême, fait dépenser en vain toute la peine qu'on se donne et tout le travail que l'on y consacre ; nul homme ne saurait, par de simples idées, devenir plus riche de connaissances... » (Critique de la raison pure, p. 431). Il n'est donc pas possible d'obtenir une véritable connaissance de ces concepts d'âme, de monde et de Dieu en travaillant à partir de leurs concepts. En obtenant des conclusions erronées, la raison s'illusionne et — précisons-le — s'illusionne nécessairement, car il ne s'agit pas d'une illusion propre à des hommes qui se seraient égarés : c'est la raison elle-même qui contient ce principe d'une véritable illusion transcendantale (Kant nomme transcendantal tout principe qui est la condition de possibilité de connaissances nécessaires). C'est pourquoi il faut faire précéder toute recherche métaphysique d'une logique de l'apparence ou dialectique, mais d'une apparence inévitable : dialectique transcendantale. ...»

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