Les Troyennes d'EURIPIDE (Résumé & Analyse)

« Le rôle du dramaturge grec ne consistait pas, comme c'est le cas à notre époque, à faire preuve d'invention dansles sujets.

Euripide, comme ses prédécesseurs, puise à des sources connues du public : soit, comme c'est ici le cas,dans des épisodes de L'Iliade ou de L'Odyssée, soit, plus généralement, dans la mythologie.L'excellence de la pièce, dès lors, consistait, comme le précise Aristote dans sa Poétique, à délimiter correctementun épisode susceptible d'être dramatisé. Euripide raconte le saccage de la ville de Troie par les Grecs. Les malheurs des TroyennesLes Grecs connaissaient la guerre de Troie notamment à travers les récits d'Homère dans L'Iliade et L'Odyssée.Euripide choisit ici d'en relater un des épisodes finals.

Les Troyens ont donc été vaincus, au terme d'une longue etcruelle bataille ; les Grecs, soutenus par la déesse Athéna, s'emparent de la ville.

Euripide décrit, par la voix desfemmes (notamment celles d'Hécube, reine de Troie, et d'Andromaque, veuve du vaillant Hector), les dernièreshumiliations subies : la ville est brûlée, l'enfant d'Hector assassiné, les femmes réduites en esclavage et emmenéesvers les rivages grecs.

Seul le messager grec, Talthybios, compatit à leur douleur et tente, par des parolesapaisantes, de les rassurer.

La pièce nous apprend enfin que le saccage de la ville de Troie sera vengé : la déesseAthéna, jusqu'alors fidèle à la cause des Grecs, décide, outragée par la destruction de son propre temple, de s' allierà Poséidon — lequel, depuis le début de la bataille s'est toujours rangé du côté des Troyens — pour assurer leurperte durant le voyage de retour.

Ainsi, le lien est maintenu avec la narration homérique, puisque ce retourmalheureux sera justement l'objet de L'Odyssée. Le sens de la fauteCette tragédie est la dernière pièce d'une trilogie dont les deux premières sont perdues.

On sait qu'elles abordaientun thème qui est, pour Euripide, le révélateur même de la misère humaine : l'erreur.

L'erreur humaine engendre desmaux qui la dépassent infiniment.

Les Troyennes est donc le lieu de cette misère, de la faute qui toujours la précèdeet des lamentations qui l'accompagnent.

Le malheur est ici redoublé : d'une part, celui des Troyens et d'autre part,celui, à venir, des Grecs.

Pour exprimer ce que l'on pourrait nommer la « condition humaine » de l'univers grec,Euripide fait appel à la figure centrale d'Hécube.

Ainsi, grâce à Euripide, la faute abstraite — et son corrélatif, lafatalité — deviennent, à travers la figure si humaine d'Hécube, un sentiment et une émotion.. »