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Les Fausses confidences, I, 6, Marivaux Explication de texte linéaire

Publié le 01/11/2023

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« Les Fausses confidences, I, 6, Marivaux Explication de texte linéaire Situation du texte. Importance de bien situer le texte. Dorante et Araminte ne se sont pas encore adressés la parole.

Dorante aime déjà Araminte après l’avoir vue à l’Opéra.

Le regard a suffi pour faire naître l’amour.

En sera-t-il de même pour Araminte ? Comment Araminte réagit-elle à la vue de Dorante ? Par ailleurs, Marton pense être destinée à Dorante, elle se croit fiancée en toute bonne foi à cet inconnu qui survient, car Monsieur Remy a œuvré en ce sens.

Il aura suffi pour cela de quelques regards et de quelques échanges à peine.

Dorante s’est tu, il n’a pas voulu détromper Marton. Manque de sincérité. Araminte vient d’apercevoir Dorante et Marton va le lui présenter. Mouvements du texte Deux manières de voir la structure du texte : 1.

En deux parties.

De la découverte de Dorante (l.1 à 11) à son embauche comme secrétaire (l.12 jusqu’à la fin). 2.

Ou bien en cinq parties, en suivant l’impatience d’Araminte au gré des ordres donnés afin que Dorante entre en scène : une approche visuelle (de la ligne 1 à 4), un portrait rapidement brossé (de la ligne 5 à 11), l’embauche sans concession de Dorante (de la ligne 12 à 13), la première négociation de Marton concernant le « parti », =le salaire (ligne 14 à 17) et la deuxième négociation de Marton concernant l’appartement (ligne 18 jusqu’à la fin). 1 et 2 ne sont pas incompatibles. Projet de lecture : Le spectateur assiste dans cette scène à la naissance d’un double intérêt pour Dorante (Amour ? Désir ?) de la part d’Araminte et Marton.

Comment se manifeste-t-il ? Autrement dit, peut-on parler de coup de foudre ? [LFC est une « surprise de l’amour ». Rappel : toujours en trois étapes : aimer (coup de foudre), se l’avouer et avouer à l’être aimé.] Premier mouvement : une approche visuelle (de la ligne 1 à 4) « Marton, quel est donc cet homme qui vient de me saluer si gracieusement, et qui passe sur la terrasse ? Est-ce à vous à qui il en veut ? » C’est Araminte qui ouvre l’échange. Tout d’abord, par convention, le maître s’exprime en premier.

Deuxièmement, Araminte s’enquiert auprès de Marton à propos d’un homme qu’elle ne connaît pas et qui se trouve chez elle.

Enfin, elle exprime par sa demande un début d’intérêt pour Dorante, marqué par la surprise, l’étonnement (cf. l’emploi de « donc », conjonction avec sens adverbial).

Deux modalités interrogatives qui montrent qu’Araminte n’est pas totalement maîtresse de la situation, car elle manque d’informations sur « cet homme ». Elle lui attribue déjà une certaine valeur : avec l’emploi de l’adverbe de manière « gracieusement » et de l’adverbe d’intensité « si » (= aussi, tellement).

Quel sens possède le mot « gracieusement » ? Polysémique : avec courtoisie ou avec grâce.

Trouble d’Araminte déjà perceptible. On ressent presque une inquiétude dans la deuxième question posée.

Cette question peut être entendue de deux manières, mais le sens qui domine pour le spectateur est celui qui concerne la galanterie.

Araminte serait-elle inquiète de voir cet homme venir pour Marton et non pour elle ? A ses yeux, il semble trop beau pour ne pas être venu dans une intention séductrice, c’est pour cela qu’il est de suite associé à une figure féminine, Marton. Espace théâtral double : le dialogue a lieu dans l’espace de réception de l’hôtel particulier de Madame Argante, mais cet espace en laisse apparaître un autre, la terrasse.

Quand Dorante salue Araminte, c’est par le regard et certainement un geste.

Prise de contact visuelle qui se fait entre deux espaces.

Pour aller plus loin, la structure scénique montre l’écart entre les deux personnages.

Il s’agit d’une « distance » que Dorante tentera de réduire tout au long de la pièce.

Chaque metteur en scène veillera à montrer cette différence : vitres, portes, … « Non, Madame, c'est à vous-même.

» Anne Ubersfeld, in Lire le théâtre III : « La réponse de Marton est une information exacte, mais incomplète.

» Dorante vient se faire embaucher par Araminte, il en veut donc à elle, mais Marton devrait immédiatement ajouter l’information manquante : elle pense que Dorante est aussi là pour elle. Pourquoi ne le fait-elle pas ? 1.

La diplomatie lui interdit de prendre parti pour un candidat pour lequel elle éprouve un intérêt personnel.

Cela, pour des raisons professionnelles évidentes. 2.

Araminte vient de monter son intérêt physique immédiat pour Dorante.

Crainte de voir en elle une rivale et de faire naître la jalousie d’Araminte qui ne lui serait pas favorable.

Crainte de s’expliquer sur ses propres sentiments. 3.

Crainte de profiter de l’engouement d’Araminte pour faire engager l’homme dont elle vient de tomber amoureuse. Réplique propre à l’écriture de Marivaux : en apparence, la réponse est claire, mais elle cultive une grande ambiguïté.

C’est au metteur en scène de révéler les motivations des personnages. Marton, en se taisant, agit comme Dorante dans la scène précédente qui n’a pas jugé bon de détromper Marton.

Sans être de fausses confidences, ce sont des entorses à la vérité et à la sincérité. « d'un air assez vif.

– Hé bien, qu'on le fasse venir, pourquoi s'en va-t-il ? » Réaction immédiate et spontanée d’Araminte qui trahit son intérêt, cf.

didascalie (« d’un air assez vif »). Ordre donné de manière impérieuse, adressé à un « on » anonyme.

Ce « on » marque une forme d’urgence pour Araminte : le premier qui le pourra fera venir Dorante. Ordre d’autant plus urgent que Dorante semble s’en aller aux yeux d’Araminte (« pourquoi s'en va-til ? »).

Questionnement brutal qui montre une grande impatience : emploi d’une virgule pour séparer les deux propositions (juxtaposition). Intéressant de voir que la maîtresse qui donne des ordres ne maîtrise pour autant pas la situation (modalité interrogative prouvant qu’elle ne possède pas les informations concernant Dorante qui pourraient éventuellement la rassurer). Deuxième mouvement : un portrait rapidement brossé (de la ligne 5 à 11) « C'est qu'il a souhaité que je vous parlasse auparavant.

C'est le neveu de Monsieur Remy, celui qu'il vous a proposé pour homme d'affaires.

» Invention / Mensonge : Dorante n’a aucunement « souhaité » que Marton « parlasse[s] auparavant ». Mensonge criant pour le spectateur.

Disqualification du personnage ? Faute de Marton.

Anticipation d’une justice à venir (ne pas oublier que Marton sera la grande perdante de ces « fausses confidences »). Présentation sommaire de Dorante en rappelant sa parenté avec Monsieur Remy (« neveu ») et l’emploi recherché (« homme d’affaires »). « Ah ! C'est là lui ! Il a vraiment très bonne façon.

» L’onomatopée (« Ah ! ») marque le soulagement d’Araminte.

L’énigme est levée sur l’identité de « cet homme ».

Mais on peut entendre un sens différent : la satisfaction.

La vue de cet homme pourra être quotidienne si elle l’embauche. Surprise, soulagement et satisfaction sont aussi perceptibles dans le syntagme qui suit et qui semble maladroit pour quelqu’un qui maîtrise le langage comme Araminte (« C’est là lui ! »).

Structure elliptique : comprendre C’est lui qui est là ! Syntagme qui marque le trouble d’Araminte.

Admiration d’Araminte. Dorante a un pouvoir de séduction qui agit immédiatement, tel que l’avait prévu Dubois, il a « très bonne façon ».

Emploi intéressant : soit il.... »

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