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Lecture analytique - Britannicus, Racine : ACTE1 SCENE 1

Publié le 17/05/2020

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« Lecture analytique - Britannicus, Racine : ACTE1 SCENE 1 INTRODUCTIONC'est en 1669 que Racine écrit Britannicus.

Comme dans beaucoup de tragédies du XVII° siècle, le sujet est emprunté à l'histoire romaine.

Le thème deprédilection des tragédies raciniennes est la description des ravages de la passion amoureuse mais, dans Britannicus, il a voulu écrire aussi une pièce à sujetpolitique : l'évocation des luttes pour le pouvoir à la cour de Néron.

La scène I de l'acte I dont nous allons étudier le début, est un dialogue entre la mère deNéron, Agrippine, et Albine, sa confidente.

Elle correspond en tout point à ce que les classiques appelaient une scène d'exposition, c'est à dire une scène qui sedonne pour objectif d'informer rapidement le spectateur, de la manière la plus naturelle possible.

Dans un premier axe, nous verrons que le spectateur reçoit ici,en très peu de temps, une information très dense.

Mais le souci de Racine est aussi d'éliminer dans la mesure du possible les aspects artificiels de cetteinformation à rythme accéléré.

C'est pourquoi dans une seconde partie de notre commentaire, nous analyserons les moyens utilisés par l'auteur pour apporter àla scène d'exposition vraisemblance et efficacité dramatique. 1° AXE : LA RECHERCHE D'UNE INFORMATION COMPLETE ET RAPIDE. Idée directrice de l'axe : Le spectateur de Britannicus trouve très vite dans ce début de scène un grand nombre d'informations.

Indices spatio-temporels Le lieu : v.3-4 « Qu'errant dans le palais sans suite et sans escorte, / La mère de César veille seule à sa porte ? » Pour le spectateur, qui n'a pas lu la didascalieinitiale (« La scène est à Rome, dans une chambre du palais de Néron »), Albine en résume à sa manière la teneur.L'époque : L'époque est suggérée par la célébrité des noms : Néron, empereur de Rome entre 54 et 68 après Jésus-Christ (né en 37).Autres références historiques précises :« Depuis trois ans entiers, qu'a-t-il dit, qu'a-t-il fait … » (v.25) Une note explique que cet indice temporel renvoie à l'adoption de Néron par Claude.« Rome, depuis deux ans, par ses soins gouvernée » (v.27).

Nous savons donc exactement en quelle année nous sommes : en 56 ap.JC.Le moment : Le moment exact où commence la pièce est indiqué dés le vers 2 : « Faut-il que vous veniez attendre son réveil ? » L'action L'élément-clé (l'élément perturbateur) est révélé progressivement au cours du texte :v.10 – 14 : « Contre Britannicus, Néron s'est déclaré / L'impatient Néron cesse de se contraindre / Las de se faire aimer, il veut se faire craindre, / Britannicus legêne … »Mais il faut attendre le vers 54 pour en connaître la nature exacte : « Et ce même Néron, que la vertu conduit, / Fait enlever Junie au milieu de la nuit ».On remarque donc que l'élément perturbateur s'est produit avant même que la pièce ne commence. Montrons ici sur un exemple comment la versification peut contribuer à renforcer l'idée : analysons le vers 13 : « Las de se faire aimer, il veut se fairecraindre ».

Analyse empruntée à Gilles Guilleron : Britannicus (L'oeuvre au clair 1993).Agrippine y traduit la transformation psychologique que vit son fils et rend visible, à travers l'évocation de son besoin de domination, son évolution vers latyrannie.On peut le commenter à partir des remarques suivantes : ¬ Le parallélisme des deux hémistiches et l'antithèse qu'ainsi il renforce entre les deux infinitifs aimer et craindre accentuent l'opposition éloquente entrel'idée d'un pouvoir qui garantit l'honneur de celui qui l'exerce et celle d'une autorité haïssable et monstrueuse.

¬ Ce parallélisme souligne également l'introduction du verbe de volonté : il veut, dont le mode et le temps - indicatif présent -, et la place dans le vers,renforcent l'expressivité.

En deux mots s'énonce le choix implacable de Néron.

¬ Les sonorités du premier hémistiche - assonance en [(], élision du e muet de faire accompagnent la tristesse d'Agrippine dans le regard résigné qu'ellejette sur son fils.

En revanche la prononciation du e muet de faire dans le second hémistiche, la vibrante que cette prononciation souligne, répercutée dansl'infinitif craindre et accentuée par la gutturale et la dentale traduisent son effroi devant le naissant besoin de tyrannie de Néron.

Le théâtre appartenant d'abordà la voix des acteurs qui le jouent, le commentaire des effets de sonorités est important.

¬ Par le bouleversement psychologique ainsi mis en scène, se dit l'enjeu de la pièce.

La volonté de prise de pouvoir de Néron est désignée ici commetout à la fois illégitime et monstrueuse.

C'est cette accession à un ordre inhumain qui assure le ressort tragique de la pièce et sa cohérence. D'autres informations nécessaires pour comprendre la situation nous sont apportées par les diverses interventions d'Albine :• Vers 15 à 18, nous apprenons qu'Agrippine, mère de Néron (« vous à qui Néron doit le jour qu'il respire ») a déshérité le fils de l'empereur Claude,Britannicus, prétendant légitime au trône de son père, pour porter au pouvoir « Domitius » (c'est à dire Néron, dont le nom latin était Lucius Domitius TiberiusClaudius Nero).• Vers 25 à 30, nous apprenons que Néron a été un bon chef d'état pendant les deux premières années de son règne (comparable à « Auguste vieillissant ».Une note nous indique que l'empereur Auguste, arrivé au pouvoir par la violence, avait ensuite gouverné avec modération)Agrippine complète ces informations aux vers 51-52, en nous apprenant que Britannicus aime une jeune fille appelée Junie.

Le vers 58 nous apprendqu'Agrippine encourage cette liaison.

C'est pourquoi elle accueille comme une attaque personnelle l'enlèvement de Junie par Néron.Cependant certains éléments manquent à Agrippine (et donc au spectateur) pour apprécier complètement la situation : Agrippine ne comprend pas pourquoiNéron a fait enlever Junie.

Elle fait plusieurs hypothèses, en indiquant son interprétation préférée, mais sans trancher :« Que veut-il ? Est-ce haine, est-ce amour qui l'inspire ? / Cherche-t-il seulement le plaisir de leur nuire ? / Ou plutôt n'est-ce point que sa malignité / Punit sureux l'appui que je leur ai prêté ? »Trois hypothèses donc :• Néron aime (sous-entendu : Junie) et c'est pourquoi il a fait enlever la jeune fille.• Néron hait Britannicus et cherche à le faire souffrir en enlevant Junie• • Néron cherche surtout à contrarier les plans de sa mère.• Récapitulons pour conclure ce que nous avons appris sur l'action de la pièce : L'empereur Néron, qui règne sagement sur Rome depuis deux ans, vient de faireenlever la fiancée de son demi-frère : Britannicus.

Sa mère Agrippine, qui l'a placé sur le trône en déshéritant Britannicus, y discerne un acte de rébellion à sonégard, un monstrueux abus de pouvoir qui en appelle d'autres, un premier pas vers la tyrannie.

Le personnage d'Agrippine C'est surtout le personnage d'Agrippine qui se révèle dans ce début de scène.

Elle apparaît violente, autoritaire, intelligente, ambitieuse et cynique.Au début de la scène, elle est dans une fureur extrême, qui suggère un caractère emporté et autoritaire.

Elle fait de son fils Néron un portrait sans concession,fondé sur une analyse impitoyable des caractères de sa belle-famille : les Domitius : « Je lis sur son visage / Des fiers Domitius l'humeur triste et sauvage ».Elle compare son fils à l'empereur Caligula (« Caïus ») qui était fou (« fureur » v.41).

Elle analyse avec lucidité ce qu'elle considère comme une prédestinationfamiliale à la cruauté et à la folie.Mais c'est peut-être les vers 43-48 qui apportent l'éclairage le plus intéressant sur sa personnalité : Agrippine, qui essayait de convaincre Albine que son fils esten train de tourner à la tyrannie, change tout à coup d'argumentation :Que m'importe, après tout, que Néron plus fidèle,D'une longue vertu laisse un jour le modèle ?Dans ces deux vers, elle avoue que ce n'est pas la vertu de son fils, ses qualités politiques, qui la préoccupent : peu lui importe !Ai-je mis dans sa main le timon de l'EtatPour le conduire au gré du peuple et du sénat ?Dans ces vers, elle répond au compliment adressé à Néron par Albine, quand elle le félicitait de gouverner Rome comme au temps de la république (« Romedepuis deux ans par ses soins gouvernée / Au temps de ses consuls croit être retournée » v.27-28).

Autrement dit : elle ne l'a pas mis au pouvoir pour qu'il. »

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