Le résumé long

- Exercice oral ou écrit. - Tous niveaux. - Rédaction d'une page à une page et demie. - Exposé oral de cinq à dix minutes. - Bon exercice d'entraînement pour les débutants.

OBJECTIF ET DÉFINITION

Il consiste à déterminer l'évolution de l'intrigue, la personnalité et le rôle des principaux personnages du livre choisi en une à deux pages au service de l'écrit, en cinq à dix minutes dans le cadre d'un exposé oral. C'est un exercice qui s'adresse surtout à des élèves débutants, pour s'entraîner à la rédaction à partir d'un livre, ou à l'expression orale en un temps court et limité. Il est conseillé de le faire précéder de la liste des personnages principaux (à copier au tableau à l'oral) accompagnés de leur caractérisation essentielle (rôle dans l'intrigue, lien de parenté avec les autres, profession, éventuellement trait psychologique dominant. Ex. : Harpagon, L'avare) par souci de clarté et d'information.C'est un exercice qui se suffit à lui-même et qui est trop long pour servir d'introduction à une analyse ; en conséquence, il ne doit pas être exclusivement au service de l'intrigue ; la personnalité des personnages principaux, la portée symbolique de certains thèmes, doivent y avoir leur place. L'atmosphère de tel roman policier doit être suggérée. L'intérêt documentaire de tel livre doit être précisé. En tant qu'exercice d'expression, pour des élèves débutants, il est souhaitable de respecter la structure de l'œt\vre choisie ; en revanche, des étudiants entraînés peuvent pratiquer le résumé analytique : il consiste à s'évader de la structure du livre, pour caractériser son contenu, en classant les éléments qui le constituent par ordre d'importance sans nécessairement respecter leur enchaînement chronologique. En tant que communication, ce type de résumé doit renseigner le lecteur ou l'auditeur de façon précise, sur le contenu de l'œuvre choisie. Par rapport aux autres exercices proposés dans notre ouvrage, le résumé long doit dégager et caractériser les dimensions essentielles du livre. Le résumé court se propose de réduire l'ouvrage à sa principale dimension. Le récit, chap. 5, p. 46, est une adaptation du livre dont on résume et dont on exclut certains chapitres jugés secondaires, pour mettre en relief les détails et l'intérêt des moments les plus importants.

EXEMPLES

1. Moderato cantabile de M. Duras.

Les personnages principaux : - Anne Desbaresdes : femme d'un riche industriel - Chauvin : ancien employé des usines Desbaresdes. Chaque vendredi, Anne Desbaresdes accompagne son jeune fils à sa leçon de piano. L'enfant joue mal, il n'aime pas le piano, il n'aime pas son professeur. « Moderato cantabile », crie celle-ci, mais l'enfant fait semblant de ne pas comprendre. Ce vendredi, précisément, l'enfant est particulièrement obstiné. Le professeur habite près d'un bistrot du port. Tout à coup le bruit de la mer est brisé par un long cri... Un peu plus tard, Anne Desbaresdes apprend qu'une femme a été assassinée dans le bistrot du port par son amant. (Anne Desbaresdes est l'épouse du plus riche industriel de la ville ; elle habite une immense propriété boulevard de la mer ; jusqu'à présent elle a mené une vie mondaine, bourgeoise, solitaire ; tous les après-midi elle promène son fils unique ou l'accompagne .à sa leçon de piano.) Dès le lendemain du crime, Anne Desbaresdes se rend sur les lieux, elle entre dans le bistrot, demande un verre de rouge qu'elle boit au comptoir ; elle envoie son fils jouer sur le trottoir. Anne réclame un autre verre de vin. Un homme la rejoint. Il s'appelle Chauvin ; c'est un ancien employé, de l'entreprise Desbaresdes ; il a été renvoyé. Anne et Chauvin boivent du gros rouge parmi les ouvriers et devant la patronne qui tricote. Ils boivent beaucoup. Chauvin était là le jour du crime. Anne voudrait savoir : c'est sûrement un crime passionnel ; cette femme a été ruée par amour. Maintenant, Anne Desbaresdes vient chaque après-midi boire du vin avec Chauvin ; parfois, ils se promènent ensuite sur le boulevard de la mer. L'enfant joue un peu plus loin. Anne Desbaresdes a besoin d'entendre Chauvin lui parler de cette femme tuée par' son amant ; pour ressembler à cette femme, Anne Desbaresdes boit du vin. Chauvin lui fait des réponses vagues, brèves, qu'il invente sans doute, car lui a besoin qu'Anne Desbaresdes lui parle d'elle-même, de sa vie solitaire de riche bourgeoise dans sa grande propriété. Ils boivent de plus en plus, s'attablent, se regardent, se prennent la main, s'enivrent ; puis un jour : « Je voudrais que vous soyez morte » dit Chauvin. « C'est fait » dit Anne Desbaresdes. (Le roman de Marguerite Duras s'arrête ici. Libre à nous d'imaginer le lendemain...)

2. La faute de l’abbé Mouret d'É. Zola.

Les personnages principaux : - Serge Mouret : curé des Artaud. - Désirée Mouret : sa sœur. - La Teuse : sa servante. - Frère Archangias : père jésuite. - Albine : amie de Serge Mouret.

Le premier livre se situe aux Artaud, petit village de Provence, dont la cure a été confiée à l'abbé Mouret : il s'occupe de sa paroisse avec humanité, il habite avec la Teuse, sa servante et sa jeune sœur Désirée ; pendant ses prières, l'abbé Mouret s'exalte devant la Vierge jusqu'à l'extase ; il reçoit régulièrement la visite de Frère Archangias, un prêtre de formation jésuite, intransigeant avec autrui, rigoureux directeur de conscience. Frère Archangias voudrait gouverner la foi et la vie de l'abbé Mouret, superviser ses fonctions pastorales et apostoliques.

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3. L'étranger d'A. Camus.

Le personnage principal, Meursault : « l'étranger » et le narrateur. L’étranger est un roman écrit à la première personne. Le narrateur, Meursault, est un étrange personnage : lorsqu'il nous parle de ses préoccupations, de son travail, de ses rencontres, des événements qui pourraient être importants, il semble dépourvu de toute sensibilité, de toute curiosité, de tout élan. Meursault vit dans l'immédiat, il obéit aux exigences élémentaires de ses instincts et de ses sens, il pense que toutes les conditions se valent et il se détermine au gré du hasard. Meursault nous raconte ainsi comment il est devenu fortuitement le meurtrier d'un Arabe, sur une plage algérienne, sous un soleil brûlant ; puis il nous relate son procès ; plusieurs témoignages l'accablent : il a fait preuve, récemment, d'une totale indifférence à l'enterrement de sa mère ; il a vécu d'une façon parfaitement insouciante au cours des jours qui l'ont suivi ; un tel comportement est un signe de monstruosité morale? Les réponses de l'accusé Meursault sont, par ailleurs, déconcertantes, elles indisposent ses juges ; ils le condamnent à mort parce qu'il est « étranger » à notre morale, à nos mœurs, à notre sens de la grandeur, à la signification des valeurs.

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4. Jeux interdits de F. Boyer.

Les personnages principaux : - Paulette : une petite orpheline. - Michel Dollé : un petit paysan. - La famille Dollé : des fermiers. En juin 1940, sur une route de France, pendant l'exode, les parents de Paulette sont tués à proximité du village de Saint-Faix. Paulette a 8 ans, elle quitte la foule des rescapés, et marche le long d'un ruisseau en pleurant ; elle serre contre elle le cadavre de son petit chien. Michel Dollé, un petit fermier d'une dizaine d'années, garde les vaches ; il aperçoit Paulette et l'invite à venir manger et dormir à.la ferme ; elle accepte de laisser provisoirement son petit chien mort au bord du ruisseau. Le lendemain, Paulette retourne sur les lieux pour enterrer son animal ; dorénavant Paulette, hébergée par les Dollé, et Michel vont consacrer leurs loisirs à d'étranges amusements justifiés par le titre : Jeux interdits : pour les enterrer et leur faire de jolies tombes, ils ramassent les animaux et les insectes morts. (Michel en tue parfois, mais sans cruauté, ce sont de petites bêtes : des taupes, des souris, des fourmis...) Tandis que Michel fait preuve d'ingéniosité pour fabriquer des croix, décorer les tombes, et plaire ainsi à Paulette, nous assistons périodiquement.aux querelles de clocher qui opposent les deux fermes voisines : les « Ganard » et les « Dollé ». Le jour de l'enterrement de Georges Dollé, tué accidentellement par un cheval emballé, Michel, à la demande de Paulette, vole les croix du corbillard pour « leurs tombes » ; puis certaines croix du cimetière communal, à leur tour, disparaissent et provoquent une violente querelle entre les adultes. Cette quête des croix entraîne les enfants à un acte dangereux ; l'amitié entre Paulette et Michel, leurs jeux interdits se terminent tragiquement.

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5. L'exécution de R. Badinter

Les personnages principaux : - Robert Badinter : l'auteur et l'avocat de Bontemps. - Roger Bontemps - Claude Buffet les inculpés. Le 29 juin 1972, la cour d'Assises de Troyes condamne à la peine de mort Claude Buffet et Roger Bontemps, tous deux accusés du meurtre d'un gardien de prison et d'une infirmière tués au cours d'une mutinerie à la prison de Clairvaux où Bontemps et Buffet étaient incarcérés.

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6. La dentellière de P. Lainé.

Les personnages principaux : - Pomme ou la dentellière : une jeune coiffeuse. - Aimery de Béligné : son amant. La dentellière pourrait symboliser une jeune fille dont l'auteur nous dit : « Il n'y a peut-être pas d'écriture assez fine et déliée pour un être si fragile. C'est dans la transparence même de son ouvrage qu'il fallait faire apparaître « la dentellière » ; dans les jours entre les fils : elle aurait déposé son âme, quelque chose d'infiniment simple, au bout de ses doigts ; moins qu'une rosée, une pure transparence. »

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7. Lettre à un enfant jamais né d'O. Fallaci.

Le personnage principal : l’auteur : Oriana Fallaci : journaliste italienne. Oriana Fallaci est une journaliste italienne mondialement connue, et vivement appréciée pour son talent et ses compétences professionnelles. Célibataire, elle se trouve enceinte et refuse de se faire avorter : elle gardera son enfant. Le titre : Lettre à un enfant jamais né résume à lui seul le contenu du livre. Dès la confirmation de sa grossesse l’auteur s’adresse à l’enfant qu’elle porte en elle : elle imagine son développement et le « lui » décrit au rythme des jours, avec une fraîcheur toute poétique ; elle lui raconte quelques anecdotes de sa propre enfance qui pourraient être une leçon de vie ; elle le met en garde contre certains dangers, elle lui confie ses réflexions, ses peines, sa révolte, son enthousiasme, sa conception du monde, de la vie, de l’homme, de la femme...

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