Le programme FreycinetUn climat de spéculation.

« 1 / 2 Le programme Freycinet Un climat de spéculation 1877-1879 Charles Louis de Saulses de Freycinet (1828-1923) mérite une place de choix parmi les grands serviteurs de l'Etat.

Il est successivement haut fonctionnaire, préfet de Tarn-et-Garonne, chef de cabi­ net, sénateur de la Seine de 1876 à 1920, ministre des Affaires étrangères et quatre fois président du Conseil.

Mais c'est surtout comme ministre de la Guerre (1888-1893 et 1898-1899), et avant cette époque, par son programme de constructions, qu'il se rend célèbre.

Freycinet est entré au Sénat dans les rangs des «opportunistes»; les républi­ cains l'ont emporté depuis peu lorsque Dufaure, en décembre 1877, lui offre le portefeuille des Travaux publics, qu'il garde jusqu'en 1879.

Mais son plan sur­ vit à cette brève activité ministérielle.

Freycinet approuve une intervention limitée de l'Etat pour relancer l'écono­ mie.

C'est dans cet esprit qu'il fait adop­ ter le plan qui porte son nom.

Ce plan est destiné à améliorer les voies de com­ munication: accroissement du réseau ferroviaire, construction de ports et per­ cement de canaux.

La facture doit atteindre 4 milliards, dont 3 pour les chemins de fer, y compris l'acquisition graduelle d'anciennes lignes; quant au développement des canaux, il est budgé­ té à 1 milliard.

Au début, Freycinet et ses collabora­ teurs ne sont pas d'accord entre eux ni avec les gros capitalistes.

Ceux-ci atten­ dent surtout de la rénovation du réseau la réduction de leurs prix de revient; ils préconisent donc de négliger les tron­ çons non rentables.

Mais le ministre dé­ fend d'autres vues; pour lui, le chemin de fer suffit à créer la richesse; de plus, il retient les capitaux qui, sans lui, seraient investis à l'étranger.

L'ensemble des dépenses doit être cou­ vert par un emprunt à 3 %.

Mais bien­ tôt, l'Etat, qui a vendu directement les titres, accepte de voir les banques servir d'intermédiaires.

Ainsi, les établissements financiers, tout comme les entreprises minières et métallurgiques, tirent de gros profits de la situation.

Le budget du plan Freycinet passe à 6, puis à 8 milliards.

Mais il y a des lendemains qui déchan­ tent.

Vers 1880, la spéculation est effré­ née; il s'y mêle un climat de crise due à certaines craintes de la haute banque: rachat par l'Etat de lignes en faillite et rumeurs de nationalisations.

La rente baisse.

En 1882 se produit Je krach de l'Union générale dont les fonds proviennent essentiellement des milieux conserva­ teurs.

Cette déconfiture va, certes, ren­ forcer la haute fmance républicaine, mais elle témoigne évidemment de la dé­ pression du marché.

De plus, Je budget est dans les chiffres rouges.

Mais il ne s'agit là que ·d'une des nom­ breuses crises cycliques qui jalonnent J'histoire de l'économie libérale.

L'important reste Je développement irremplaçable des communications que, grâce à Freycinet, Je XIX• siècle a légué au xx•.

----------- 2 / 2. »