LE N?UD DE VIPÈRES (1932)? Elle appuya sa main à
Publié le 17/05/2020
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«
LE N Œ UD DE VIPÈRES (1932)
… Elle appuya sa main à mon bras.
Depuis combien d’années
n’avait-elle pas fait ce geste ? L’allée débouche devant la maison, du
côté du nord.
Isa dit :
Cazau ne range jamais les chaises du jardin.
Je regardai machinalement.
Les fauteuils vides formaient encore un
cercle étroit.
Ceux qui les avaient occupés avaient ressenti le besoin de
les rapprocher pour se parler à voix basse.
La terre était creusée par les
talons.
Partout, ces bouts de cigarette que fume Phili.
L’ennemi avait
campé là, cette nuit ; il avait tenu conseil sous les étoiles.
Il avait parlé
ici, chez moi, devant les arbres plantés par mon père, de m’interdire ou
de m’enfermer.
Dans un soir d’humilité, j’ai comparé mon c œ ur à un
nœ ud de vipères.
Non, non : le n œ ud de vipères est en dehors de moi ;
elles sont sorties de moi et elles s’enroulaient, cette nuit, elle formaient
un cercle hideux au bas du perron, et la terre porte encore leurs traces.
Tu le retrouveras ton argent, Isa, pensais-je, ton argent que j’ai fait
fructifier.
Mais rien que cela, et pas autre chose.
Et ces propriétés
mêmes, je trouverai le joint pour qu’ils ne les aient pas.
Je vendrai
Calèse ; je vendrai les landes.
Tout ce qui vient de ma famille ira à ce fils
inconnu, à ce garçon avec qui, dès demain, j’aurai une entrevue.
Quel
qu’il soit, il ne vous connaît pas ; il n’a pas pris part à vos complots, il a
été élevé loin de moi et ne peut pas me haïr ; ou s’il me hait, l’objet de sa
haine est un être abstrait, sans rapport avec moi-même.
Je me dégageai avec colère et gravis en hâte les marches de l’entrée,
oubliant mon vieux c œ ur malade.
Isa criait mon nom.
Je ne me retournai
même pas..
»
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- Te autem faciente eleemosynam, nesciat sinistra tua quid faciat dextra tua / Lorsque tu fais l'aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite
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- François Mauriac écrit dans Commencements d'une vie (1932) : « Est-ce à dire que les souvenirs d'un auteur nous égarent toujours sur son compte ? Bien loin de là : le tout est de savoir les lire. C'est ce qui y transparaît de lui-même malgré lui qui nous éclaire sur un écrivain. Les véritables visages de Rousseau, de Chateaubriand, de Gide se dessinent peu à peu dans le filigrane de leurs confessions et histoires. » Vous direz dans quelle mesure, selon vous, ce propos de François Mauri