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Le bonheur est-il une affaire privée ?

Publié le 15/05/2020

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« Définition des termes du sujet: BONHEUR: De bon et heur (terme dérivé du latin augurium, présage, chance).

État de complète satisfaction de tous les penchants humains. • Le bonheur se distingue du plaisir et de la joie, qui sont des émotions éphémères et toujours liées à un objet particulier.

• Dans les morales eudémonistes,le bonheur est la fin de l'action humaine.

Pour Kant, en revanche, c'est le respect de la loi morale qui doit orienter la volonté, et non la recherche du bonheur.Car cette recherche est toujours déjà intéressée, égoïste donc contraire à la morale.

[Introduction] Ne suis-je pas le seul à pouvoir dire si je suis heureux ou non ? Un jugement extérieur sur ma situation risque d'en fausser le sens, d'en méconnaîtrecertains aspects, quelle que soit la sympathie que l'on manifeste à mon égard.

Si le sentiment du bonheur relève ainsi de la subjectivité, en va-t-il de mêmelorsqu'il s'agit d'atteindre le bonheur ? Peut-être la société pourrait-elle m'aider dans ma quête, ne serait-ce qu'en me procurant des conditions favorablesau bonheur.

Mais si, allant plus loin, la société prétend définir ce que doit être tout bonheur, et donc le mien, ce dernier peut-il être authentique ? [I - Le sentiment du bonheur] [A.

Rôle de la subjectivité]Il est difficile, sinon impossible, de juger du bonheur d'autrui.

Mon voisin me paraît riche, sa maison est confortable, il dispose d'une automobile luxueuse, sasanté et celle de sa famille sont bonnes, etc.

: cela suffit-il pour que je puisse affirmer sans erreur possible qu'il jouit d'un bonheur complet ? A dmettons queles « signes extérieurs » d'après lesquels je juge sa situation aient pour lui la même signification que pour moi, peut-être est-il en fait taraudé par unmalaise invisible ; peut-être les relations qu'il a avec ses collègues de travail sont-elles très mauvaises ; peut-être son aisance financière est-elletrompeuse...

Il n'y a que lui qui puisse savoir s'il est réellement satisfait de son existence.Si le bonheur suppose un accord, une harmonie sans faille entre un individu, son mode d'existence et le monde qui est le sien, seul cet individu peutsimultanément vivre cet accord et en avoir conscience. [B.

Sentiment et conditions du bonheur]Faut-il en déduire qu'il appartient aussi à la personne, et précisément parce qu'elle est seule juge de son bonheur éventuel, d'en définir aussi les conditions? Faut-il admettre que le proverbe aurait raison, qui affirme que « chacun trouve son bonheur où il veut », ou « comme il peut » — ce qui semble assezdifférent.

Si la volonté du bonheur paraît universelle (on imagine mal un homme cherchant systématiquement à être malheureux), le pouvoir d'y accéder peutne pas être aussi bien partagé.De nombreux moralistes affirment que le bonheur ne réside ni dans la fortune ni dans ses marques extérieures, et qu'il est tout intérieur, dépendant avanttout de l'équilibre de l'esprit et de la capacité de se satisfaire de ce que l'on a, même si c'est peu.

On veut bien les croire, mais on a malgré tout du mal àconcevoir qu'un individu, par exemple d'une extrême pauvreté et souffrant d'une maladie douloureuse, ait quelque chance de se sentir heureux : la quiétudedu corps, l'assurance de pouvoir se loger et se nourrir sans trop de difficultés paraissent des conditions nécessaires à tout bonheur. [C.

Des inégalités sociales]De ce point de vue, il semble difficile de nier l'impact des conditions sociales d'existence sur la possibilité de connaître le bonheur.

Dans une sociétéfondamentalement inégalitaire, on voit mal comment le bonheur pourrait être envisagé pour les plus défavorisés.

Sans même se comparer à ceux quibénéficieraient de tous les avantages, ils vivraient dans des conditions trop pénibles ou angoissantes pour atteindre la sérénité ou la tranquillité d'esprit quisemble nécessaires au sentiment d'être heureux : qui se trouve contraint de s'inquiéter à longueur de journée pour sa simple survie ne risque guère deressentir sa propre existence comme une plénitude ! [II - Une affaire « commune » ?][A.

L'individualisme]Comme toutes les morales de l'A ntiquité, l'épicurisme considère que la vie heureuse accompagne la pratique de la vertu.

Elle serait ainsi garantie par lasatisfaction des seuls désirs « naturels et nécessaires ».

En s'éloignant de toute vie sociale, l'épicurien peut atteindre son bonheur individuel par des voiesd'une extrême simplicité : l'ascétisme est la clef de l'équilibre et del'ataraxie, qui confirme l'absence de trouble, de toute préoccupation.Une telle attitude n'est toutefois possible qu'au prix d'une sorte d'inégalité : il y a d'un côté ceux qui acquièrent leur propre bonheur en méprisant ce pourquoi tous les autres s'agitent, et en face la majorité qui continue à quêter des satisfactions peut-être futiles, mais dont l'activité est nécessaire auxpremiers ! Non universalisable, l'épicurisme est condamné par Kant comme fondé sur une subjectivité qui néglige par trop la présence des autres : il poseen fait le problème de la possibilité d'un bonheur conçu comme une affaire tellement privée qu'il devient synonyme d'un égoïsme qui nous paraît en fait peusupportable. [B.

Une affaire « humaine » ?] La position d'A ristote semble d'abord plus « noble » : la vertu consistant pour un être à réaliser pleinement ce pour quoi ilest le mieux apte, le bonheur de l'homme est à chercher dans l'activité rationnelle, dans la théorie, qui n'est toutefoispossible que lorsque les satisfactions des besoins essentiels sont garanties (par chance, il y a des esclaves pour nourrirles « théoriciens » !).

Cette fois encore le bonheur des uns s'accompagne de son absence pour les autres, mais on estau-delà de la subjectivité et de l'égoïsme strict : c'est en fonction de ce que demande la nature de l'homme en généralque la vertu est définissable en même temps que le bonheur.Cette référence aux caractères généraux de l'humanité se retrouve chez les stoïciens, et plus nettement encorepuisqu'ils sont les premiers à penser l'humanité comme une totalité.

Mais le bonheur se définit chez eux en fonction deprincipes métaphysiques (la réalité d'un Bien universel, le logos ordonnant le monde) qui nous semblent amener l'homme,même heureux, à une trop grande passivité : acquiescer à tout ce qui survient est une noble attitude, mais nous avons dumal à admettre que le bonheur puisse être atteint par un repli total sur une liberté tout intérieure, qui signifie pratiquementl'ignorance du monde. [C.

Intervention du social ?]Ce n'est qu'à partir du )V III siècle que l'éventualité du bonheur est pensée en rapport avec les conditions sociales del'existence : le bonheur n'est plus la sanction de la vertu, il se transforme en indice d'un accord entre l'individu, sesespoirs et son environnement social.

Est-ce suffisant pour le faire basculer du côté des « affaires publiques » ou «politiques » ? Qu'un État définisse ce que doit être le bonheur n'a rien d'enthousiasmant : ne risque-t-il pas de le réduireà l'équivalent de l'ancienne formule concernant « le pain et les jeux » ? De plus, un bonheurainsi officialisé dans ses formes, rendu commun et presque obligatoire, peut sembler frustrant pour l'individu, qui n'yretrouvera pas le caractère singulier qui semble nécessaire pour que naisse véritablement le sentiment du bonheur. De l'État ou du social, on ne saurait ainsi attendre qu'une chose : qu'il s'efforce de garantir des possibilités d'accès au bonheur égales pour tous.

T outetentative pour aller au-delà risque d'aboutir à une sorte de totalitarisme et de domestication évidemment excessive de l'individu.

L'histoire du XX sièclemontre amplement que le pouvoir politique le pire est aussi celui qui prétend imposer à ses sujets un bonheur qu'il a d'abord défini.. »

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