L'attention
Publié le 16/05/2020
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L'ATTENTION
Il est naturel d'entreprendre l'étude de l'attention après celle de la volonté.
Non seulement parce que l'attention estune fonction supérieure de l'esprit — l'argument peut être tenu pour verbal — mais surtout parce que l'attention estla volonté restant sur le plan de l'esprit seul en face de lui-même, ou, si l'on préfère, une volonté dont l'efficace estmodification de l'esprit, non modification de l'objet.
I.
LE CHAMP DE CONSCIENCE
La théorie de l'attention sera plus facilement et plus rapidement comprise si l'on sait préalablement ce qu'il fautentendre par camp de conscience.
a) On appelle champ de conscience l'ensemble des contenus psychiques qui apparaissent simultanément à laconscience d'un individu quelconque.
Du champ de conscience sont donc exclus les phénomènes psychiquesinconscients ou subconscients.
Il est évident qu'on ne saurait fixer une ligne de délimitation précise isolant le champde conscience de la zone du psychisme subconscient : je regarde l'encrier qui est sur mon bureau, mais je vois aussiles livres et les papiers qui sont épars, la fenêtre qui est devant moi, mais le tonus d'ensemble de ma vie psychiqueactuelle est conditionné par un ensemble d'influences dont je ne m'aperçois pas : état de santé, humeur générale,etc.
On dira que l'objet dont je suis immédiatement et directement conscient, celui sur lequel se dirige le « regard »de ma conscience est au foyer de celle-ci ;
b) La description de la notion de « champ de conscience » nécessite les deux remarques suivantes :1) Pour un individu donné, le champ de conscience n'est pas invariable : je puis de mon balcon regarder le spectaclede la rue sans spécialement m'intéresser à tel ou tel objet ; mais je peux aussi fixer mon regard sur une personne quiapproche et que je crois reconnaître.
Il a des rétrécissements et des élargissements du champ de conscience ;2) Les individus se distinguent entre eux par la largeur moyenne du champ de conscience.
Les uns sont capables demener de front plusieurs activités pourtant très différentes, les autres ne peuvent « faire qu'une chose à la fois ».
Ily a là un facteur de description caractérologique dont nous n'avons pas à nous occuper pour l'instant.
II.
DÉFINITION DE L'ATTENTION
a) On est conduit à une définition suffisante de l'attention par l'examen de deux phénomènes morbides qui ont pourcaractéristique de la faire disparaître : ce sont le monoïdéisme et la fuite des idées.1.
Le monoïdéisme morbide est un rétrécissement involontaire du champ de conscience qui n'est plus occupé quepar une seule représentation.
La représentation s'impose ainsi au sujet qui est impuissant à la faire disparaître : ellea un caractère obsessionnel.
Tandis que la conscience normale peut porter son attention sur un représenté de sonchoix, puis sur un autre, certaines consciences morbides sont assaillies par un représenté qui s'installe au foyer dela conscience et résiste aux efforts d'expulsion.
On pourrait dire que l'attention disparaît par excès d'attention ;
2.
Dans la fuite des idées, symptôme fréquent chez les maniaques, l'attention ne peut pas se fixer : la consciencen'est plus qu'un lieu de passage où défile une suite rapide de représentations que le sujet n'a plus le pouvoird'interrompre ni de diriger.
« Le jeu enfantin qui commence par : tu m'épates, patte de mouche, mouche à miel, mielde Narbonne, bonne d'enfant, etc.
», illustre bien l'idéation du malade atteint de fuite des idées, remarque JeanFRETET (La folie, p.
74).
Dans ce cas, l'attention disparaît par défaut ;b) On voit pour quelle raison l'attention disparaît dans chacun des deux cas précédents : le sujet n'est plus maîtredu rétrécissement ou de l'élargissement de son champ de conscience, il ne dirige plus, ou tout au moins necontribue plus à la direction du cours de ses représentations.
Etre attentif, c'est rétrécir volontairement sort champde conscience et laisser volontairement au foyer de la conscience une représentation.
Sans doute cette opérationmentale ne se fait-elle pas gratuitement ; elle a une cause finale, car elle permet une analyse de la représentation,ou une construction.
Il faut être attentif pour saisir tous les détails d'un plan que l'on étudie, ou pour conduire ladémonstration d'un problème.
Cette finalité de l'attention doit faire partie intégrante de sa définition, car mettre unreprésenté au foyer de la conscience ne suffit pas pour qu'il y ait attention : c'est une condition nécessaire, nonsuffisante, car je puis regarder tel ou tel objet sans pourtant lui prêter véritablement attention.
En définitive, nousdéfinirons donc l'attention un rétrécissement du champ de conscience voulu par le sujet en vue de favoriser untravail mental d'analyse ou de construction.
III.
LES EFFETS DE L'ATTENTION
On peut n'être pas satisfait d'une telle définition : elle ne nous dit pas par quel mécanisme se fait le rétrécissementdu champ de conscience.
Il apparaît déjà qu'il sera très difficile de saisir la nature profonde de l'attention, quisemble rebelle à l'analyse.
Mais, pour la connaître mieux, nous avons une ressource : nous pouvons au moins décrireles effets de l'attention.
a) On peut comparer la conscience au faisceau lumineux d'un projecteur qui éclaire un écran : pins étroit sera lefaisceau, plus petite sera la portion éclairée de l'écran, mais plus lumineuse et plus nette sera l'image projetée.L'attention permet d'obtenir une netteté et une intensité maximum de la représentation de l'objet ;
b) De là une série de conséquences influant sur la vie de conscience :.
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