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L'attente ?

Publié le 16/05/2020

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« Introduction. J'attends quelqu'un à la gare.

Lorsque (es voyageurs débouchent des quais et commencent à se presser vers lasortie où je me tiens, il se fait une sorte d'organisation du décor qui devient un « fond » sur lequel doit se détacherla silhouette ou le visage de celui que j'attends.

En même temps, cette silhouette est donnée comme « devantbientôt paraître ».

Je n'ai pas une image exacte de l'attitude dans laquelle je le verrai, et cependant je dois savoircomment je le trouverai puisque je suis sûr de le reconnaître.

D'autre part, j'attends de lui certaines réactions à mavue et je me prépare subconsciemment aux sentiments que je manifesterai ou à l'attitude que je prendrai dès que jele verrai.

En attendant, et sans m'interroger, je cherche sur tous ces visages qui passent, le visage d'un autre; ilsémergent un instant du décor, je les tire de ce fond indistinct pour leur adresser une interrogation muette et ilsreplongent aussitôt dans l'indifférenciation et dans l'indifférence dès qu'un signe, aussi mince soit-il, m'indique qu'ilsne sont pas celui que je cherche.

Si je ne vois pas arriver ce visage attendu, je pense « il n'y a personne » alorsque la gare est grouillante de monde.

S'il paraît enfin, les esquisses de mouvement de tout à l'heure se transformenten un comportement prévisible et familier, avec des sentiments qui redonnent un cours normal à ma vie après lasuspension de tout l'être qui vidait ma conscience pendant l'attente.

Le reste des gens et le décor deviennentmaintenant le vrai fond sur lequel se détache la présence attendue.

Je n'y prête plus aucune attention. Développement. J'ai bien fait un effort d'attention pendant cette attente, avec ce qu'elle comporte de fatigue et aussi de distractionpar rapport à tout ce qui n'est pas l'objet de l'attention : les cris, les bruits, les heurts ne sont pas même parvenusà ma conscience claire, toute orientée et tendue vers son objet; mais cet objet n'était pas présent.

Dans l'attente,il semble qu'il y ait attention à une absence, ou en tout cas à un devoir-être, et non pas à une présence.

C'est cequi la distingue de l'attention vraie, ou ordinaire.

Lorsque je fais attention à une lecture, j'oriente les forces de maconscience, son savoir et ses habitudes vers un objet réel; encore faut-il noter que, au fur et à mesure que je lis,je m'attends à certaines choses, à certains mots, plutôt qu'à d'autres.

C'est dans la mesure où la suite répond àcette attente, que j'ai l'impression de « comprendre ».

La différence avec l'expérience ci-dessus décrite, reste que,dans l'attention, je pars d'un donné actuel et j'attends un certain devoir-être qui ne viendra pas forcément (attentequi constitue ma pré-perception et quelquefois mes erreurs de lecture), tandis que dans l'attente, je fais attentionactuellement à une absence et j'attends une perception.

Le rôle du « fond » et la distraction par rapport au reste,sont les mêmes dans les deux cas.

Il semble cependant que l'effort d'attention soit moins fatigant à certains égardsque l'attente, comme si l'absence d'objet crispait davantage l'attention.

On pourrait dire que l'impatience et lacrispation nerveuse sont directement proportionnelles à l'importance de la part de l'attente dans l'attention, et àl'importance de la résonance affective de la situation.« Attendre que »...

n'est pas « s'attendre à...

» Le seul souci dans le premier cas est celui du temps.

L'absence estconsidérée comme absence et la conscience se repose dans cette certitude; dans l'attente de « s'attendre à »,l'instance du devoir-être ne laisse pas ce repos à la conscience, l'absence est présente et pèse sur l'instant commeune menace ou une promesse; le comportement est esquissé, prêt à se jouer et suspendu provisoirement par uneinhibition volontaire, ce qui explique la fatigue d'une attente, qui est autant musculaire qu'intellectuelle.Il est important de noter aussi combien l'obsession d'une image dans l'attente peut provoquer de fausses alertes, deméprises, de fausses joies ou de fausses peurs, et cette « tension » de l'émotivité différencie radicalement «attendre que » et « s'attendre à ».

Le criminel qui s'attend à être arrêté mesure à chaque instant combien lecomportement qu'il prépare trouble son comportement normal.

Sa perception du monde a perdu l'objectivitémoyenne de toute perception et se trouve perturbée par la « projection » de l'objet de son « attente ».Le contraire de l'attente, comme celui de l'attention, est la conscience distraite, ou divertie, ou encore cette formede conscience spontanée et diffuse qui évite toute concentration, qui passe sans s'y attacher sur les choses et lesgens, dans la détente et la spontanéité. Conclusion : L'attente est une orientation de la conscience vers une absence et un devoir-être; cette absence obsédantesuscite de nombreuses « projections » et, comme dans l'attention, renvoie au néant le fond perceptif sur lequel ellese détache.. »

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