Canada (1993-1994): Dans l'attente du scrutin québécois
Publié le 13/09/2020
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En 1982, le Canada enleva au Parlement britannique le contrôle de la
formule d'amendement de sa
propre Constitution, tout en la bonifiant d'une Charte des droits et lib
ertés.
Cette réforme fut l'oeuvre du
Premier ministre Pierre Elliott Trudeau (1968-1979 puis 1980-1984), qu
i a profondément marqué la vie
politique du pays.
Le Québec, seule province à majorité francop
hone, n'a cependant pas signé la Loi
constitutionnelle, considérant qu'il portait atteinte à ses pouvoi
rs dans les secteurs essentiels de la langue
et de l'éducation.
Fort de l'appui de neuf provinces sur dix, soutenu
par la très grande majorité des
représentants québécois au Parlement fédéral, Trudeau ava
it obtenu la confirmation de la légalité de la
réforme par la Cour suprême en septembre 1981, mais la question de
sa légitimité demeurait beaucoup
moins claire.
De 1985 à 1992 les successeurs de P.
Trudeau et de son adversaire de
toujours René Lévesque ont
renforcé le soupçon d'illégitimité pesant sur l'opération
de 1982.
Brian Mulroney, Premier ministre de
1984 à 1993, et ses partenaires provinciaux ont consacré le meille
ur de leur énergie à des négociations
visant notamment à conférer au Québec une place satisfaisante d
ans la symbolique et les institutions de
la fédération.
Ils ont échoué à deux reprises à l'é
chelle du pays, d'abord quand l'accord du Lac Meech est
devenu caduc le 22 juin 1990, faute de ratification par les assemblée
s des provinces, puis le 26 octobre
1992, lorsqu'au référendum pour un compromis, le "non" l'a emporté
dans l'ensemble du pays et plus
particulièrement au Québec et dans les territoires autochtones; la
proposition avait pourtant été acceptée
à l'unanimité par leurs dirigeants respectifs.
Encore irrésolu, le problème constitutionnel a causé, en 1993-1
994, un profond réaménagement des
rapports entre les partis politiques.
Défaite des conservateurs et recomposition du champ politique
Le principal événement de l'année a été la tenue des é
lections fédérales, le 25 octobre 1993.
Elles ont été
emportées par le Parti libéral (176 députés à la Chambre
basse du Parlement, avec 42% des suffrages)
après neuf ans de pouvoir du Parti conservateur.
Ce dernier n'a ré
ussi à conserver que 2 circonscriptions
avec 16% des voix.
Devenue chef du parti et Premier ministre en juin 199
3, Kim Campbell, soufflée par la
tempête électorale, a cédé la direction du parti à un lea
der intérimaire, Jean Charest, son principal rival
qui, âgé de 36 ans, aura été le seul élu conservateur au
Québec.
Jean Chrétien, naguère plus fidèle lieutenant de P.
Trudeau, a
été nommé Premier ministre.
La nouvelle
administration n'a pas fait mystère de ses positions: la principale t
âche assignée au gouvernement central
est de promouvoir un sentiment d'appartenance nationale au Canada, grâ
ce à une politique des droits et
à des programmes sociaux uniformes accessibles à tous.
Le gouverne
ment Chrétien a voulu considérer
que les questions constitutionnelles devaient céder la priorité à
l'emploi eu égard au niveau du chômage
(11,1% en décembre 1993).
Dès janvier 1994, un vaste programme d
'infrastructures (routes, édifices
publics, protection de l'environnement) a ainsi été engagé.
L'ancienne coalition conservatrice s'est scindée en deux groupes.
Au
Québec, les nationalistes se sont
rassemblés sous la bannière du Bloc québécois dirigé par
Lucien Bouchard, ambassadeur du Canada à
Paris de 1984 à 1987 et figure importante de l'ère Mulroney.
Cette
formation, en faisant élire 54 députés
(50% des voix au Québec, 15% dans l'ensemble du pays), est devenue
l'opposition officielle au sein du
Parlement fédéral.
Rien ne pouvait mieux symboliser les ambiguï
tés canadiennes que cette présence des
souverainistes québécois au coeur de l'État central.
Si J.
Chré
tien a entretenu le silence sur les questions
constitutionnelles, le parti de L.
Bouchard a fait de ce dossier le menu
quotidien de son travail
parlementaire, afin de préparer le terrain à la souveraineté du
Québec.
Ce dialogue de sourds a majoritairement déplu à la part anglophone
de l'opinion publique, laquelle
attendait du principal parti d'opposition qu'il s'occupe des problème
s de tout le pays.
Les conservateurs des provinces de l'Ouest, l'autre pôle de la coalit
ion, se sont tournés vers le Reform
Party, très attaché aux valeurs traditionnelles fondé en 1987 e
t dirigé par Preston Manning (Alberta).
Vu.
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