L'art et la technique leçon+exercice philosophie

« L’art et la technique Les deux notions qu’on étudie ici sont d’abord étymologiquement confondues.

En grec le terme « technè » désigne aussi bien le produit de l’artisan que l’œuvre d’art ayant sa place dans un musée.

A partir de cette confusion on peut faire l’hypothèse suivante : le produit de l’art et l’œuvre d’art ont une origine commune : ils sont produits par l’homme à l’aide de techniques ; c'est-à-dire grâce à un ensemble de procédés définis et transmissibles, destinés à produire certains résultats jugés utiles. Problématique en terme d’utilité de la chose qu’est le produit distinct de l’œuvre.

Si l’objet produit est utile, et si c’est ce qui le définit intrinsèquement, en est-il de même pour l’œuvre d’art ? La technique détruit elle l’œuvre d’art ou lui permet-elle de progresser et de se révéler comme œuvre ? I – La différence entre le produit (de l’artisanat) et l’œuvre (d’art) : « le travail de nos corps et l’œuvre de nos mains » phrase de Locke reprise et analysée par Hannah Arendt. II – Progrès de la technique et statut de l’œuvre d’art. III – Pour une théorie de la technique au service du fonctionnement de l’œuvre d’art. I – produit et œuvre a) UTILITE : On peut voir que l’œuvre s’oppose au produit en terme d’utilité.

Ce qui est produit, fabriqué en industrie, c’est l’objet de consommation de la vie quotidienne.

Il est produit à partir de techniques fixes, de machines, la mise en œuvre des mêmes techniques entraîne les mêmes produits.

Les choses produites mécaniquement sont identiques, elles ont une valeur moindre du fait qu’elles sont produites en série.

L’objet ainsi produit a une utilité pratique direct, ce qui n’est pas le cas de l’œuvre d’art, qui n’a pas pour fonction d’être utile mais d’être belle, de provoquer une contemplation qui a pour but le plaisir. Heidegger : ce qui fait que le produit est un produit, c’est d’abord son utilité, le produit est une chose qui sert à quelque chose, c’est un moyen pour réaliser un besoin. L’œuvre d’art n’est pas un produit, c’est une œuvre, elle n’a pas pour fin d’être reproduite mais elle n’existe qu’à un seul exemplaire qu’on appelle l’original.

On peut dire qu’une œuvre a sa fin en soi, elle ne sert à rien sinon à être belle, elle existe pour elle-même et non pour autre chose. b) L’artisan et l’artiste : « Il reste à dire en quoi l'artiste diffère de l'artisan.

Toutes les fois que l'idée précède et règle l'exécution, cette industrie.

[…] La représentation d'une idée dans une chose, je dis même d'une idée bien définie comme le dessin d'une maison, est une oeuvre mécanique seulement, en ce sens qu'une machine bien réglée d'abord ferait l'oeuvre à mille exemplaires. Pensons maintenant au travail du peintre de portraits ; il est clair qu'il ne peut avoir le projet de toutes les couleurs qu'il emploiera à l'oeuvre qu'il commence ; l'idée lui vient à mesure qu'il fait ; il serait même rigoureux de dire que l'idée lui vient ensuite, comme au spectateur, et qu’il est spectateur aussi de son oeuvre en train de naître.

[…] La belle statue se montre belle au sculpteur à mesure qu'il l'a fait ; et le portrait naît sous le pinceau.

Ainsi la règle du beau n'apparaît que dans l'œuvre et y reste prise, en sorte qu'elle ne peut servir jamais, d'aucune manière, à faire une autre œuvre ». Alain, Système des Beaux Arts. L’artisan produit l’objet en ce que la forme préexiste et donne forme à une matière sélectionnée pour ce qu’elle est utile, convenable, adéquate pour l’objet crée.

Alain oppose 1. »