L'AMÉRICAIN ET L'AUTOMOBILE
Publié le 11/06/2020
Extrait du document
Ci-dessous un extrait traitant le sujet : L'AMÉRICAIN ET L'AUTOMOBILE. Ce document contient 1523 mots soit 3 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Histoire-géographie.
Plus que tout, l'automobile est devenue le symbole de la société d'abondance. Contrairement aux désirs de Ford, qui- voulait faire baisser les prix, la voiture bon marché n'a cessé de se rapprocher des étincelants modèles de luxe. A la General Motors, la Cadillac donne le ton. La marque la moins coûteuse, la Chevrolet, vaut beaucoup plus cher que le célèbre modèle T de Ford, qui, bien que remontant en 1908, offre avec la Cadillac un air de famille qui ne trompe pas. C'est le vieux Henry Ford, ce puritain utilitariste, qui créa malgré lui les conditions mêmes de la société d'abondance. Bouleversant la vie américaine par un flot intarissable de voitures modestes, il rendit l'engin plus facile à fabriquer qu'à vendre. La perfection mécanique devait être bientôt acquise. C'est le début d'une évolution qui conduit à la prédominance incontestable du "styliste" : dès 1927, la General Motors fait du slogan "La voiture se vend sur l'allure" le principe de sa politique. Alors commence "l'apothéose de l'automobile conçue comme un rêve échevelé de métal sculpté"... Les ailerons qui servent de- garde-boue arrière datent de 1948. La General Motors les destinait à son modèle de luxe, la Cadillac. Par un curieux mécanisme d'assimilation, qui suppose vraisemblablement un espionnage généralisé, la plupart des marques ont adopté la même coupe pendant des années : c'est l'abandon ostensible de la rigueur fonctionnelle dans la construction. Les ailerons hérissés, privés de toute signification pratique, révèlent dans quel esprit Detroit utilise son énorme puissance (c'est une industrie qui emploie directement ou indirectement dix millions d'Américains). Detroit a découvert, longtemps avant Mumford, que l'automobile a pour l'Américain une signification étrangère à la chose elle-même... Detroit est convaincue de satisfaire les désirs "secrets" du public, ce qui doit être pris au sens psychanalytique du mot. L'activité des "stylistes" coûte des millions : ils doivent incorporer à la carrosserie les prétendus mouvements intimes de la clientèle, depuis les symboles sexuels déguisés dans la forme du radiateur, jusqu'aux associations d'idées de la ménagère, respectées dans le revêtement intérieur.., L'industrie part du principe qu'à l'achat comme dans la vie le client possède une double personnalité : il voudrait beaucoup de chrome et davantage encore de chevaux, mais il aimerait aussi être sûr d'acheter une voiture pratique. La publicité de Cadillac insiste sur la consommation économique de la marque, en sachant bien que personne n'achète de Cadillac pour cette raison. Le vendeur et l'acheteur s'entendent comme larrons en foire pour apaiser les remords. Herbert von BORCH, U.S.A. société inachevée, Paris, 1962 (Seuil) p. 214-216.
«
L'AMÉRICAIN
ET L'AUTOM OB ILE
P
lus que tout, l 'auto mobile est devenue Je symbole d e la société
d'abon dan ce.
Contrairement aux désirs de Ford, qui· vo ulait faire
ba isser les pri x, l a v oiture bon marché n'a cessé d e se rapprocher
des étincelants modèles de l uxe.
A la Genera l Moto rs, la C adillac 5
donne le ton.
La marque la moins coûteuse, la Chevrolet, vaut beau
coup plus cher que le célèbre modèle T de Ford, qui, bien que remon
tant en 1908, offre avec la Cadillac un air de famille qui ne trompe
pas.
C'est Je vieux Henry Ford, ce puritain utilitariste, qui créa malgré
lui les conditions mêmes de la société d'abondance.
Bouleversant
10 la vie américaine par un flot intarissable de voitures modestes, il
rendit l'engin plus facile à fabriquer qu'à vendre.
La perfection
mécanique devait être bientôt acquise.
C'est Je début d'une évolution
qui conduit à la prédominance incontestable du "styliste" : dès
1927, la General Motors fait du slogan "La voiture se vend sur
15 l'allure" le principe de sa politique.
Alors commence "l'apothéose
de l'automobile conçue comme un rêve échevelé de métal sculpté" ...
Les ailero�p qui servent de garde-boue arrière datent de 1948.
La
General Motors les destinait à son modèle de luxe, la Cadillac.
Par un curieux mécanisme d'assimilation, qui suppose vraisembla-
20 blement un espionnage généralisé, la plup art des marques ont adopté
la même coupe pendant des années : c'est l'abandon ostensible de
la rigueur fonctionnelle dans la construction.
Les ailerons hérissés,
privés de toute signification pratique, révèlent dans quel esprit
Detroit utilise son énorme puissance (c'est une industrie qui emploie
25 directement ou indirectement dix millions d'Américains).
Detroit a
découvert, longtemps avant Mumford, que l'automobile a pour
/'Américain une signification étrangère à la chose elle-même ...
Detroit est convaincue de satisfaire les désirs "secrets" du public,
ce qui doit être pris au sens psychanalytique du mot.
L'activité des
30 "stylistes" coûte des millions : ils doivent incorporer à la carrosserie
/es prétendus mouvements intimes de la clientèle, depuis /es sym
boles sexuels déguisés dans la forme du radiateur, jusqu'aux associa
tions d'idées de la ménagère, respectées dans le revêtement inté
rieur ..• L'industrie part du principe qu'à l'achat comme dans la vie
35 Je client possède une double personnalité : il voudrait beaucoup de
chrome et davantage encore de chevaux, mais il aimerait aussi être
sûr d'acheter une voiture pratique.
La publicité de Cadillac insiste
sur la consommation économique de la marque, en sachant bien
que personne n'achète de Cadillac pour cette raison.
Le vendeur
rn et /'acheteur s'entendent comme larrons en foire pour apaiser les
remords.
Herbert von BORCH,
U.S.A.
société inachevée,
Paris, 1962 (Seuil) p.
214-216..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- grand oral physique: Peut-on voir le drapeau américain sur la Lune ?
- Grand oral "peut-on observer le drapeau américain sur la Lune avec une lunette ?"
- Différence entre les systèmes politique francais et américain
- L'automobile
- Le Fantastique, nouvel outil de dénonciation sociale du cinéma afro-américain