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La technique peut-elle tenir lieu de sagesse ?

Publié le 15/05/2020

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« [Introduction] « Le monde est plein de merveilles, mais aucun n'est plus formidable que l'homme.

» Voilà l'avertissement que nous adressait le poètetragique grec Sophocle, il y a 2 500 ans.

La technique vise l'utile et tout homme vise au bonheur.

La question est de savoir si nouspouvons faire l'équation suivante : technique = bonheur.

Si cette équation se révélait exacte, la technique serait le souverain bien et laphilosophie, dont on annonce régulièrement la disparition, vide de sens.

Quelle est la fin suprême de toute activité humaine ? [I – La technique vise l'intérêt] La technique a indéniablement amélioré nos conditions de vie.

Grâce à elle, l'homme est passé d'une position précaire dans la nature àune position de maître.

La technique a permis de maîtriser notre environnement : nous vivons plus vieux et en meilleure santé, nousnous déplaçons plus vite grâce à l'avion, nous communiquons aux quatre coins de la planète grâce à Internet, etc.

L'homme développe deplus en plus de techniques nouvelles, en une sorte de course effrénée, mais vers quoi ?Car nous sommes, dans la logique de la technique, dans le monde du désir d'avoir, de posséder.

La sagesse peut-elle se définir par lasimple jouissance de possessions, de facilités de circulation, de communication ? Cette « ronde infernale des besoins », comme l'appelleG.

Friedmann, jamais entièrement satisfaits — on n'a jamais tout ! — ne semble pas mener à la sérénité recherchée par le sage.

Latechnique, au-delà de son efficacité, pose le problème des fins de toute activité humaine, du sens, de la valeur de cette activité.Comment s'y prendre pour être heureux ? Avoir plus ou être plus ? [II - La valeur du progrès technique] Les bienfaits de la technique pour l'humanité ne sont pas à remettre en cause.

Mais la quantité ne signifie pas la qualité.

Quel est le sensde la technique face à la philosophie ? Vaut-elle d'être universellement désirée au point que la recherche désintéressée qui caractérise laphilosophie n'ait plus d'objet ? Kant a montré que l'intérêt, l'utilité, l'efficacité, signes représentatifs de la technique, n'obligent jamaislégitimement le sujet : ils concernent la vie pratique et n'ont pas de caractère moral.

La technique n'a donc pas de valeur morale etl'humanité n'est pas meilleure parce qu'elle maîtrise de plus en plus rapidement son environnement. Les impératifs hypothétiques tiennent compte des règles de l'habileté, du savoir-faire.

Ils font dépendre le but visé, par exempleconstruire une maison, faire fortune, des moyens ou conditions les plus propres à l'atteindre.

Au contraire, affirme Kant, l'homme quis'interroge sur la valeur de son activité doit se demander s'il « traite l'humanité, en soi comme en autrui, toujours comme une fin etjamais simplement comme un moyen » : tel est l'impératif catégorique, impératif du devoir et donc de la conscience morale. Le respect dû à la raison s'étend évidemment au sujet raisonnable, c'est-à-dire à la personne humaine.II faut faire à Kant une place d'honneur à l'origine du courant personnaliste, d'abord parce qu'il insiste sur l'autonomie de la personne humaine qui ne relève que d'elle-même, ensuite parce qu'il exige lerespect de la personne humaine.

La personne raisonn able n'est pas seulement la source des valeurs, elle est aussi la valeur par excellence.

D'où la seconde maxime : «Agis toujours de telle sorte que tu traite s l'humanité en toi et chez les autres comme une fin et jamais comme un moyen » (à partir de cette maxime on condamnera aisément l'esclavage et plus généralement toute forme d'exploitation de l'homme par l'homme). La technique n'est donc pas neutre.

Si elle ne pose pas le problème des fins, elle n'en véhicule pasmoins dans ses visées, dans ses méthodes, des partis pris et des intérêts (pourquoi, par exem ple, avoirparié sur le tout-nucléaire ? pourquoi développer la recherche sur le clonage ? pourquoi continuer àutiliser des moteurs diesel si polluants ? etc.).

La technique, au service de l'homme, est aussi au servicedes idéologies dominantes.

La sagesse n'est au service de rien, elle ne s'intéresse pas à l 'efficacité matérielle. [III - La technique ne doit pas remplacer la philosophie] Nous venons de le constater : la technique ne nous garantit rien.

Freud l'avait bien deviné qui écrivaitdans Malaise dans la civilisation : « Les hommes d'aujourd'hui ont poussé si loin la maîtrise des forcesde la nature qu'avec leur aide il leur est devenu facile de s'exterminer mutuellement jusqu'au dernier.

Ilsle savent bien, et c'est ce qui explique une bonne part de leur agitation présente, de leur malheur et de leur angoisse.

» On est bien loin du bonheur. • Freud s'interrogeait aussi sur le but de la technique : « Le progrès de la civilisation saura-t-il, et dans quelle mesure, dominer lesperturbations apportées à la vie en commun par les pulsions humaines d'agression et d'autodestruction ? A ce point de vue, l'époqueactuelle mérite peut-être une attention toute particulière.

Les hommes d'aujourd'hui ont poussé si loin la maîtrise des forces de la naturequ'avec leur aide il leur est devenu facile de s' exterminer mutuellement jusqu'au dernier.

Ils le savent bien, et c'est ce qui explique une bonne part de leur agitation présente, de leur malheur et de leur angoisse.

Et maintenant, il y a lieu d'attendre que l'autre des deux"puissances célestes", l'Éros éternel, tente un effort afin de s'affirmer dans la lutte qu'il mène contre son adversaire non moins immortel.» (Malaise dans la civilisation, dernier paragraphe).

Ainsi se termine ce livre de Freud écrit en 1929.

Quelques années plus tard, Freuddevra fuir le nazisme.

Thanatos aura gagné contre Éros.

La m ort étouffa la vie. Le sage, s'il ne refuse pas le monde technique, sait que le bonheur ne s'y trouve pas : la sagesse ne doit rien à autrui et ne privepersonne.

C'est une quête intérieure, un désir d'être entièrement dégagé des attachements m atériels — encore une fois, il ne s'agit pasd'être contre le bien-être matériel mais d'y être indifférent.

Les Stoïciens affirmaient que la sagesse se trouve dans l'ataraxie, c'est-à-diredans l'absence de troubles : être imperturbable à l'égard de tout ce qui ne dépend pas de nous.Ainsi, si la technique peut tenir lieu d'idéologie, elle ne doit pas tenir lieu de sagesse — ou alors c'est le règne du profit, de l'efficacité àtout prix, c'est-à-dire même au prix de l'élimination de l'homme.

Dans un monde où la technique serait le bien suprême, l'homme neserait plus qu'un moyen, un instrument dont certains profiteraient.

C'est d'ailleurs ce que l'on reproche le plus à la mondialisation del'économie. [Conclusion] La finalité de l'humanité ne peut donc pas recevoir de réponse de la technique.

Seule la philosophie, dans sa fonction contemplative, maissurtout dans sa fonction m orale et politique, permet à l'homme de donner sens et valeur à son activité.

Et cela, malgré ceux qui « secroient capables de voir plus loin et plus sûrement avec des yeux de taupes fixés sur l'expérience qu'avec les yeux issus en partage à unêtre qui était fait pour se tenir debout et contempler le ciel », comme le dit si bien Kant.. »

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