LA RESTAURATION

« Histoire LA 1 RESTAURATION 1 mm Avec le retour des Bourbons la France semble effacer vingt-cinq ans de son histoire ...

En fait, malgré ses fleurs de lys, les excès des ultras et les turbulences romantiques, la Restauration renforce les conquêtes de la bourgeoisie et voit naître le capitalisme libéral.

E n mars 1814, alors que la chute de Napoléon paraît certaine, les coalisés, qui mirent un terme au Premier Empire, ignorent encore quel sera son successeur.

L'Autriche réclame une régence de Marie-Louise; l'Angleterre souhaite une monarchie parlementaire; le tsar penche pour Bernadotte ...

Le comte de Provence (1755-1824), frère cadet de Louis XVI, sera finalement J'heureux bénéficiai re de ces divergences d'intérêt.

Il a d'ailleurs toujours cru en son destin et a revendiqué le titre de Louis XVIII dès la mort de Louis XVII, en 1795.

Les Bourbons doivent leur trône à Talleyrand Les royalistes émigrés, dans leur hâte à revenir au pouvoir, se font une idée fausse de la situation.

Si les Français sont las de leur empereur, ils savent à peine qui sont le comte de Provence et le comte d'Artois, son frère.

Aussi faut-il ressusciter en hâte un mouvement royaliste.

Toutefois, le comte de Pro vence a l'appui précieux de Talleyrand (1754-1838), rallié depuis peu et qui sera le véri­ table auteur de cette première restauration.

Le 31 mars 1814, les Alliés entrent à Paris et les tracta­ tions commencent.

L'empereur abdique à Fontai­ nebleau le 6 avril.

Le même jour, Talleyrand fait adopter par le Sénat impérial un projet de Consti­ tution rétablissant la monarchie et déclarant que le peuple français «appelle librement au trône Louis Stanislas Xavier de France, frère du dernier roi, et après lui les autres membres de la maison de Bourbon».

Les Français sont à peine revenus de leur surprise que Louis XVIII débarque à Calais.

Ils font plutôt bon accueil à cet homme bien en chair dont la bonhomie contraste avec l'autorité un peu raide de Napoléon.

D'autant que la propagande royaliste, orchestrée par des sociétés secrètes comme les Chevaliers de la foi et soutenue par la plume de François René de Chateaubriand (1768-1848), a été active.

Mais Louis XVIII ne revient pas seul.

Il ramène avec lui des cohortes d'émigrés: réclamant la res­ titution de leurs biens et des indemnités, ils se comportent en pays conquis et avec une morgue qui les fait haïr.

Or, ils n'ont plus affaire aux foules révolutionnaires, mais à des fermiers, des bouti­ quiers et des fournisseurs enrichis par le partage des biens nationaux et par les spéculations.

Empereur ou roi, peu importe à cette petite et moyenne bourgeoisie qui la dirige, pourvu qu'on ne touche pas à ses avantages ...

Louis XVIII doit donner des gages à ses partisans.

Le 2 mai, par la déclaration de Saint-Ouen, il annule la nouvelle Constitution, rétablit le drapeau blanc, symbole de la royauté, réintègre les émigrés dans J'armée avec Je grade qu'ils occupaient dans les troupes La Constitution p.

913 La monarchie p.

2609 Napoléon /"p.

2749 _ Les guerres napoléoniennes p.

2753 étrangères.

Personne llement partisan de la monarchie de droit divin, il a cependant assez de bon sens pour comprendre que J'évolution est irréversible, et il saura trouver d'habiles compro­ mis entre absolutisme et libéralisme.

La Charte constitutionnelle du 4 juin 1814 en est un bon exemple: elle établit le principe du régime parlementaire en laissant au roi toute latitude de fixer lui-même les limites du pouvoir exécutif.

Le pouvoir législatif est réparti entre deux chambres, la Chambre des pairs, dont les membres sont nom­ més par le roi à titre héréditaire, et une Chambre des députés, élus au suffrage censitaire (en l'occurrence par un peu plus de 100 000 électeurs payant le minimum d'impôts exigé).

Les libertés acquises sont pour l'essentiel garanties: égalité devant la loi, liberté d� culte (mais le catholicisme est déclaré religion d'Etat), droit de pétition, liber­ té de la presse (mais avec sanction des abus).

Sur­ tout, la Charte déclare inaliénables les biens natio­ naux acquis sous la Révolution.

Après la sur­ veillance policière et la censure en vigueur sous l'Empire, Je nouveau régime apparaît donc remar- .......

Le retour de Louis XVIII aux Tuileries, le 8 juillet 1815.

Après la grande peur d'une résurgence de l'Empire, la France exulte de revenir à la royauté.

Dans l'esprit du peuple, Louis XVIII bénéficie de sa parenté avec le roi martyr et sait se rallier les cœurs.

' Talleyrand (1754-1838), évêque d'Autun, fut l'un des personnages les plus controversés de ce début de X/Jf siècle.

Ardent défenseur de l'Empereur, son sens Inné de l'opportunisme le fit se tourner vers Louis XVIII dès 1814.. »