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HOBBES ou L'Etat représentatif par Lucien Jaume

Publié le 16/06/2020

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« L'Etat et l'obéissance Pourquoi les hommes ont-ils affaire à l'existence de l'Etat, cet organisme exerçant sur la société le pouvoir politique ? Cette question, Hobbes la reprend après d'autres parce qu'elle est dans la tradition, depuis Aristote notamment, mais aussi parce que son époque la rencontre avec acuité : époque de la première révolution en Angleterre qui voit la guerre civile menée par le Parlement contre les partisans du roi, la victoire de Cromwell, l'abolition de la monarchie, et la décapitation de Charles Ier. Affronté au déchaînement de la violence, le philosophe anglais prend ses distances : il s'agit de tenter de penser avec sérénité le problème politique. Pour ce faire, il quitte son pays pour la France où il rédige trois ouvrages successifs, dont le dernier, Léviathan (1651), assure la maîtrise de sa pensée. On peut retrouver dans cette volonté de penser le mal fondamental de l'époque, le projet par excellence du philosophe : surmonter la violence, et le non-sens, par le recul que requiert la raison ; ainsi Descartes, quittant lui la France, et gagnant la Hollande, attendant — comme il dit au début de la première des Méditations métaphysiques — de s'être « procuré un repos assuré dans une paisible solitude ». Mais, puisque pour Hobbes le fait politique contemporain est celui de la rébellion contre le roi, le grand problème qu'il lui faut examiner est, en même temps que l'existence de l'Etat, les raisons de l'obéissance : pourquoi faut-il que les hommes obéissent à l'Etat ? Et à quelles conditions peuvent-ils légitimement accepter d'obéir ? L'ordre et la sécurité Si nous réfléchissons d'abord, pour notre part, sur ces deux dernières questions concernant l'obéissance, la simple raison nous suggère des réponses. D'abord, les hommes doivent chacun obéissance pour que l'ordre soit, c'est-à-dire que chacun soit protégé, vive en sécurité. L'ordre consenti par tous garantissant la sécurité de chacun. Mais d'autre part, les hommes ne seront vraiment convaincus de la nécessité de l'obéissance que si l'Etat assure l'exercice du bien public : l'obéissance est légitime si le commandement est légitime, entendons qu'il travaille pour le bien de ceux à qui il commande. Si donc, l'Etat exerce par son gouvernement une autorité, et non une domination. Si nous admettons le bien-fondé de ces réponses, nous nous préparons à comprendre la théorie hobbienne de l'Etat : elle explique en même temps pourquoi l'Etat existe et d'où provient sa légitimité. Léviathan, c'est-à-dire l'Etat, ainsi surnommé par Hobbes, existe d'une part pour assurer la sécurité de chacun, d'autre part en tant que représentant de chacun. Résumons à grands traits cette problématique, avant d'étudier la démonstration. Une « personne artificielle » L'articulation de cette fonction (protectrice) et de cette nature (représentative) de l'Etat s'organise par la théorie du « contrat » comme créateur de la « personne artificielle » du Souverain. L'idée de contrat en politique n'était pas neuve, mais l'originalité de Hobbes sera de faire par là de l'Etat un être purement artificiel, c'est-à-dire œuvre de l'art humain, en s'opposant ainsi à la tradition aristotélicienne qui dérive le pouvoir politique de micro-communautés naturelles. Nous sommes entièrement créateurs de l'ordre civil et de l'ordre politique, et c'est cette origine purement humaine (ni naturelle, ni non plus garantie par une transcendance divine comme le pense le Moyen Age) qui peut le mieux fonder la nécessité de l'obéissance et la légitimité de l'obéissance. En effet, c'est nous qui faisons le souverain (monarque ou aussi bien assemblée, elle-même aristocratique ou démocratique) en faisant notre Représentant, et c'est donc à nous-mêmes, finalement, que nous obéissons, en lui obéissant. « Personne artificielle » et « personne représentative » du souverain se conjoignent dans cette idée : l'Etat émane des hommes, les hommes peuvent et doivent obéir à l'Etat puisqu'il les représente. Le pouvoir pur Ainsi, le grand mérite de Hobbes est d'être le premier philosophe systématique de l'Etat représentatif moderne, dont l'avènement factuel se fera en France au siècle suivant, en 1789. Hobbes ouvre ainsi la modernité, à la suite de Machiavel. Est-ce à dire pour autant que Hobbes a fondé, et cela avant Rousseau, la souveraineté populaire ? Ou encore, que la théorie hobbienne de l'Etat est celle du gouvernement démocratique tel que nous l'entendons ? Il n'en est rien. Que la souveraineté soit œuvre de l'art humain n'implique pas chez lui que le peuple soit souverain ; d'autre part, sa perspective n'est pas celle de la précellence du gouvernement démocratique, ni d'aucun gouvernement d'ailleurs (bien qu'à tout prendre, Hobbes donne au passage l'avantage au gouvernement monarchique) : sa théorie se veut celle de l'essence du pouvoir d'Etat en général, et non d'une forme de gouvernement. Le Léviathan est une théorie pure du Pouvoir, ou encore, une théorie du Pouvoir sous sa forme pure. Il nous faut donc examiner, en même temps que la démonstration opérée, les raisons de ce double refus chez lui, qui choque les idées contemporaines : refus envers la souveraineté populaire, refus envers le privilège démocratique. .. .»

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