ESPRIT DE LA LITURGIE (L’) (résumé) Romano Guardini

« ESPRIT DE LA LITURGIE (L') [Vom Geist der Liturgie].

Ouvrage du théologien allemand Romano Guardini (né en 1885), publié en 1918.

Pourquoi l'homme moderne ne comi>rend-il plus la lit ·urgie ? qu'est-ce que l'authentique esprit liturgique ? - c'est à cette double question que l'auteur entend répondre ici.

L'hom:me moderne incline à faire de l'émotion la con(lition de la prière, et si la liturgie ne peut le satisfaire, c'est qu'elle est· avant tout intellectuelle, que la pensée reste constamment le support de cette prière >.

La liturgie s'OJ)pose d'autre part à notre individualisn1e; elle est essentielle­ ment une prière collective et exige de chacun qu'il se déprenne de lui-même, qu'il s'unisse aux vœux et aux espoirs de l'humanité 1jout entière.

Enfin la liturgie scandalise beaucoup d'âmes par son faste et ses pompes; c'est que nouB méconnais­ sons le sens profond de l'hommage liturgique, qui est théocentrique et non anthropocentrique.

L'unique objet de la liturgie est de 1o11er, de glori­ fier Dieu avec le plus de magnificence ])Ossible : elle est un > devant l'Éternel, que nou-3 ne pouvons comprendre vraiment qu'en retrouvant un esprit d'enfance, celui qui habitait David lorsqu'il dansa devant l'Arche.

· Indépendante de tout souci d'utilité pratique, la liturgie n'est rien d'autre que la Vérité dans le vêtement symbolique de la prière.

Elle n'offre rien à l'homme qui puisse lui servir directement dans sa vie sociale et quc•tidienne.

La recherche d'une cornpréhension exacte de la litur­ gie aboutit ainsi à mettre en question toute l'échelle des valeurs sur laquelle le monde moderne s'est habitué à vivre : nous avons fini par juger de tout en tern1es d'action, alors que la liturgie, hom­ mage tourné vers Dieu, vers la vérité immuable, exige que soit rétabli le primat dll Logos sur l'Éthos.

Pour illustrer cette thèse, Guardini conclut son livre en brossant l'évolution de la pensée euro­ péenne au cours des derniers siècles, en montrant comment cette pensée a peu à peu out,lié le sens de l'Absolu.

Après Kant, qui a dépouillé la raison de son objet métaphysique, le mouven1e11t s'est accé­ léré de Fi ch te à Nietzsche, qui, avec sa.

théorie de la volonté de puissance, marque l'expression extrême du pragmatisme contemporain.

Face à cette erreur9 l'Église catholique n'a cessé de maintenir inflexi­ blement la primauté de la métaphysique sur la morale, du > sur le >.

Nulle part cette préséance du Logos ne s'exprime mieux que dans la litur~~ie à laq ·uelle elle donne son admirable sérénité.- T.

Jf.

Plon, 1929.. »